Thierry Dol en Martinique fin novembre
Thierry Dol pourrait venir en Martinique dans moins d’un mois
La visite de Thierry Dol aux siens en Martinique pourrait intervenir d’ici un petit mois. Par ailleurs Serge Letchimy a invité les quatre otages à venir y passer un séjour de détente.
Thierry Dol a retrouvé son domicile de Meudon (92) en fin de soirée, hier. Un peu plus tôt, vers 16h10, il a quitté son hôtel au pied de la Tour Eiffel en voiture pour se diriger vers une destination inconnue et sous bonne escorte.
Depuis son arrivée, mercredi à Paris, c’est la première nuit qu’a passé l’ex-otage du Sahel en famille. Il a eu tant de mal à dormir sur son lit à l’hôtel, la première nuit, qu’il lui a préféré la moquette… Ça devait aller mieux cette fois.
Les choses se sont déroulées très vite pour Thierry Dol, Daniel Larribe, Pierre Legrand et Marc Féret depuis leur atterrissage à l’aéroport militaire de Villacoublay, mercredi. Au pied du Falcon, les premiers mots de Thierry à Alex, son père, apres un long regard ont été : « Lexo ! Fo ou ban mwen on cou saxo. » Maurice Antiste, le sénateur maire du François a partage ce grand moment de bonheur. « On a eu l’impression de gens présents, mais physiquement seulement… Son grand sourire cachait véritablement de la détresse. Il faut dire qu’ils se sont cherchés un moment avant de se jeter dans les bras l’un de l’autre. » Maurice Antiste a décrit un homme qui « sort de l’ombre petit à petit et qui commence à prendre ses repères ». « Aujourd’hui (vendredi), c’est tellement différent d’hier et d’avant-hier et c’est plus agréable, explique-t-il. Ils sont comme des enfants qui ont peur du monde moderne. » Cela laisse entrevoir l’étendue de l’empreinte de l’incarcération. Il faudra du temps pour surmonter cette fragilité psychologique et se reconstruire…
Dîner avec Letchimy
Thierry Dol et les siens ont partagé, jeudi soir leur premier dîner en compagnie du président de la région Martinique, Serge Letchimy. Assis côte à côte, les deux hommes ont pu échanger longuement. Thierry a évoqué ses conditions de détention et ses espoirs. L’ex-otage franciscain et ses trois compagnons d’infortune ont ete invités à venir profiter d’un séjour de détente et de dépaysement au pays. Un peu plus tard, le ministre des Outre mer, Victorin Lurel, est apparu furtivement en fin de repas pour saluer Thierry Dol. Aucune date n’est encore avancée concernant son retour au pays. Il a manifeste la volonté de venir très vite pour saluer les milliers de compatriotes qui se sont mobilisés pour lui. La ville du François se prépare à organiser un évènement de grande envergure pour le retour de l’enfant de la commune. Thierry pourrait etre en Martinique dans une bonne vingtaine de jours, selon Maurice Antiste qui a deja prevu les festivites. « Il y aura deux temps, le temps de la venue de Thierry, puis le temps de la visite des quatre. » Thierry Dol ne semblait pas encore bien comprendre l’impact que sa captivité avait eu dans la conscience collective martiniquaise. Petit à petit, c’est venu. Maurice Antiste lui a longuement expliqué que des milliers de gens parlaient de lui tous les jours. « Il a fini par comprendre qu’il faudrait qu’il s’exprime, que c’est une nécessité », indique-il avant d’ajouter : « Manifestement, ils ont des consignes, parce qu’ils agissent tous les quatre de la même manière. »
Enchaîné au pied
Les souffrances endurées pendant ces années de captivités ne s’effaceront pas de sitôt pour Thierry et ses compagnons. Aujourd’hui commence un véritable parcours de reconstruction. « Ces quatre hommes absents travaillent à se réapproprier leur milieu naturel », explique encore Maurice Antiste. Derrière sa barbe et ses lunettes qu’il garde en permanence, se cache un homme vulnérable, abattu. Il est encore sous le choc. Les mots peinent à sortir. « Il faut qu’il reconstruise sa mémoire et retrouve ses repères. Il parle très peu de sa captivité, confie une source proche de lui. On sait qu’il a erré deux jours dans le désert en cherchant à s’enfuir avec Pierre Larribe. Puis ils ont été rattrapés. » Par la suite, il y a eu un changement dans le comportement des membres du commando et chaque nuit, il était enchaîné au pied. « Il n’a rien vu d’anormal dans le comportement des ravisseurs. » Thierry a raconté qu’ils avaient eu quotidiennement de grandes discussions philosophiques avec les ravisseurs, sur la composition du monde et sur le coran. Maurice Antiste a voulu savoir si sa position d’homme Noir lui avait valu un régime particulier dans un sens ou dans l’autre. Il a répondu par la négation. Il était considéré comme les autres.
Thierry Dol a prévu de réunir toute sa famille autour de lui lors de ce week-end, dans un lieu tenu secret et éloigné de tout. Il a besoin d’exorciser ce passé et il faut maintenant absorber le choc du retour et de la liberté.
Alfred Jocksan et FXG, à Paris
Maurice Antiste : « J’ai craqué »
Quand, j’ai appris la nouvelle, j’ai essayé de jouer au gros costaud. C’était peine perdue. J’ai craqué. Je ne le cache pas parce que j’avais la gorge nouée et je me disais, mais non, notre combat est donc fini. Et puis la boule est montée et je suis resté plus d’une demi-heure comme ça. J’étais dans l’incapacité de parler, aphone. Je me suis senti dans le même état moral et psychologique que le jour du crash de Maracaibo. Ce qu’il y avait en plus dans le crash, c’est que ma chair était directement concernée. J’ai pensé à mes quatre proches. Le crash, c’était le malheur qui nous arrivait d’ailleurs. La libération des otages, c’était la fin d’une angoisse, mais une fin annoncée qui se passait aussi ailleurs. C’était le même phénomène alors que ce n’est pas de la même nature. Nous nous appliquons maintenant à préparer sa venue et nous donnons rendez-vous aux Martiniquais, d’abord à l’aéroport et ensuite au François pour venir l’accueillir et assister au décrochage de sa banderole. Et il y aura forcément un lieu de mémoire sur la commune en son nom. »
Propos recueillis par A.J.