Tjenbé red et le mariage de personnes de même sexe
Tjenbé Red : « Le mariage homo, une chance pour l’outre-mer »
Député de l’Isère, Erwan binet est rapporteur pour la commission des lois du projet de loi ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe. Hier, alors que l’hémicycle bruissait des vociférations des parlementaires qui devaient statuer sur la demande de l’UMP de constituer une commission spéciale pour ce projet de loi, Erwan Binet a reçu, à leur demande, Gwladys Pallas et David Auerbach-Chifrin de Tjenbé red, association de lutte contre les homophobies dont sont victimes les personnes originaires d’outre-mer. Cet entretien a eu lieu en marge des 80 auditions prévues jusqu’au 20 décembre par le rapporteur. David Auerbach-Chifrin a d’abord évoqué l’opinion dans les outre-mer, estimant que l’on est passé de 90 % de personnes défavorables à 60 à 70 %. Il a encore évoqué la réticence des parlementaires ultramarins à voter ce texte pour ne pas aller à contresens de leurs électeurs. « Seule Chantal Berthelot a fait son coming out », a précisé M. Auerbach-Chifrin avant de dénoncer anonymement le refus d’un parlementaire d’outre-mer de procéder à de tels mariages alors qu’il serait lui-même homosexuel... Après avoir expliqué au député le concept de « discriminations croisées » pour les lesbiennes, gays, bi et transsexuels issus des minorités, il a vanté le mariage de personnes de même sexe comme une « chance pour l’outre-mer ». Une chance parce qu’il croit urgent de repenser notre approche de ce que représentent une femme et un homme dans nos sociétés ultramarines où « l’homme est sur-virilisé et la femme battue ou quittée ». Enfin chance encore parce que cette loi remettrait en cause « le tabou qui existe sur le discours, la représentation » et qui fait préférer ne pas dire et ne pas savoir. Ce tabou lorsqu’il est brisé conduit souvent à des drames personnels et à « l’aller simple pour Paris ».
Gwladys Pallas est intervenue pour défendre le droit à l’adoption des couples homosexuels. « La bonne question à poser, a-t-elle dit, n’est pas de savoir pourquoi on doit ou non l’accepter. Moi, je me demande si les gens veulent leur bien-être et leur conscience tranquille ou le bien-être de l’enfant ? » Selon elle, on est dans une « hypocrisie humaine, car hétéros ou homos, les couples s’aiment à huis clos, hors du regard des enfants. « Ca leur fait mal de dire que deux personnes peuvent s’aimer, donner de l’amour à un enfant et faire parfois mieux qu’un couple hétéro. »
Le député Binet leur a proposé d’intégrer leur synthèse dans son rapport.
FXG (Agence de presse GHM)