Tourisme durable aux iles Vanille
Menaces écologiques et économiques aux îles Vanille
La Coalition pour un tourisme responsable a consacré, hier au Conseil régional d’Ile de France, la 7e édition de la Journée mondiale pour un tourisme responsable aux « îles Vanille, laboratoire du tourisme durable ». Pour poser la question de leur gouvernance et de la préservation des patrimoines insulaires, Pascal Saffache, docteur en géographie et maître de conférence à l’université Antilles-Guyane a fait le point sur les fortes pressions auxquelles sont soumises ces îles tropicales fortement urbanisées sur de petites superficies, vulnérables aux influences maritimes… « Leur vulnérabilité est économique et écologique », a déclaré l’universitaire avant de rappeler que la valeur économique des coraux et de la mangrove étaient estimées respectivement à 7 et 9 milliards d’euros. D’où la nécessite de préserver ces milieux. Or ils sont menacés du fait de l’activité humaine et touristique. Premier élément en cause : le déboisement provoque le ruissellement de boues dans la mer, des panaches - ou plumes - turbides qui nécrosent les coraux et fossilisent les fonds marins. Ainsi à la Réunion, 3000 tonnes de matériaux par kilomètre carré partent chaque année à la mer. Ca revient à enlever 1 millimètre d’épaisseur à l’île par an ! A Maurice où la couverture forestière ne represente plus que 1 % de sa superficie, on a de plus en plus de fonds vaseux… Deuxième élément en cause : l’érosion des cotes en raison de prélèvements et de constructions hôtelières. Ainsi les cotes reculent à Maurice. Pour exemple, Pascal Saffache a donné des chiffres intéressant la Polynésie ; « 5 millions de m3 de matériau ont été prélevés depuis 1968 sur 36 sites d’extraction. »
3e élément en cause : la pollution avec l’absence d’assainissement collectif, les décharges à ciel ouvert, le rejet des eaux industrielles (les vinasses, par exemple) et agricoles, la concentration de bateaux de plaisance qui, avec leur antifooling, laissent des traces de métaux lourds dans la mer… Cela crée des processus d’eutrophisation et un développement algal important.
La surexploitation des ressources marines contribue elle aussi à l’appauvrissement de l’eco-système, mais peut-être pas autant que l’exploitation touristique. Aux Seychelles, il y a 5000 lits sur la bande littorale qui posent un probleme de stabilité pour la frange côtière. A Maurice, ce sont 95 hôtels qui occupent 35 % du littoral. Ajouté à cela la hausse du niveau de la mer et l’on se retrouve avec le probleme des Maldives…
Les îles vanille qui tirent une bonne partie de leurs ressources du tourisme sont donc soumises à de fortes dégradations en raison de leur fragilité naturelle, de la pression tropicale, mais également du contexte législatif souvent permissif. La gouvernance pour sortir de cette spirale doit passer par une meilleure intégration du milieu, un principe de précaution effectif et une meilleure éducation citoyenne de l’environnement.
A Madagascar en 1950, il y avait 15 millions d’hectares de forets ; il en reste moins de 9 hectares aujourd’hui. Selon le Pr. Salomon de l’université de Bordeaux 3, si ca se poursuit, dans moins de cinquante ans, il n’y aura plus de forets à Madagascar.
FXG, à Paris