Vaccin contre la dengue
Un vaccin contre la dengue d’ici 2015-2016
Le docteur Jean Lang, chercheur chez Sanofi Pasteur, annonce un vaccin contre la dengue pour 2015-2016. Une nouvelle qui va rassurer l’outre-mer, régulièrement touchée par le virus, et le sud de la France qui commence à être sous la menace de l’aedes aegypti. Interview.
Depuis quand cherchez-vous un vaccin contre la dengue ?
La recherche dans le monde entier a commencé il y a 80 ans avec l’armée américaine. Sanofi Pasteur a débuté en 1992 une collaboration avec une université thaïlandaise qui avait développé un vaccin de façon empirique. Nous avons essayé de le développer jusqu’en 2001, mais au niveau du développement et de l’industrialisation le vaccin n’était pas adapté. Nous sommes en train de mettre au point un autre vaccin combinant les quatre sérotypes de virus.
A quelle phase de vos recherches en êtes-vous ?
Nous en sommes aux essais cliniques. Nous avons à ce jour traité plus de 5 000 enfants, adolescents et adultes en Amérique Latine, du Nord et Asie Pacifique. La tolérance est prometteuse. Nous espérons que cela se va traduire par une protection. Nous sommes dans la phase finale de l’étude du vaccin.
Vous venez de démarrer des études cliniques au Brésil. Pourquoi ce choix ? Avez-vous des projets en outre-mer ?
Au Brésil, la dengue est un problème de santé publique. Elle est la première maladie tropicale en Asie Pacifique et en Amérique latine. Elle devance désormais le paludisme. En Europe, elle se développe. Le moustique Tigre, vecteur de la dengue, est maintenant dans le sud de la France jusqu’à Lyon. En outre-mer nous allons mettre en place une étude clinique. Elle pourrait débuter l’année prochaine dans les départements français d’Amérique.
Quand pensez-vous pouvoir mettre un vaccin sur le marché ?
Au deuxième semestre 2012, nous aurons les résultats majeurs sur la tolérance et la réponse immunitaire. Nous espérons une première mise à disposition du vaccin, dans les pays où la dengue est une priorité de santé publique, à l’horizon 2015-2016.
Pensez-vous qu’il y aura une vaccination universelle ?
La vaccination sera plutôt donnée à titre préventif à des tranches d’âge allant du nourrisson jusqu’à l’adulte. La vaccination nécessitera deux ou trois doses, selon l’état immunitaire.
Pourra-t-il être utilisé en curatif ?
Ce ne sera pas un vaccin thérapeutique.
Y aura-t-il des adjuvants ? Ces substances chimiques utilisées pour rendre un vaccin plus efficace ont été mises en cause dans le vaccin contre le virus H1N1.
Notre vaccin est dit « vivant atténué ». Il est fait sur le modèle de celui contre la fièvre jaune. Il n’y aura pas besoin d’adjuvants.
Les populations des pays du sud auront-elles facilement accès au vaccin ?
Nous sommes en discussion avec des organismes de finance internationale, comme la fondation Bill Gates, qui pourront contribuer à l’accès. Nous avons déjà pris le risque de construire une usine à Neuville-sur-Saône. Elle nous permettra de produire près de 100 millions de doses. Sanofi Pasteur a une politique de prix différenciée qui tient compte du volume et du contexte économique.
Propos recueillis par David Martin (Agence de presse GHM)