Vergoz et la loi sucre
Michel Vergoz, sénateur PS de la Réunion
« On verra qui sont les développeurs économiques du pays »
Quand la loi sur la qualité de l’offre alimentaire sera-t-elle appliquée ?
Elle sera promulguée dans les prochaines semaines et devra trouver son application rapidement puisqu’il s’agit d’une loi de santé publique et on ne joue pas avec la santé ! S’agissant de la qualité de l’offre alimentaire dans les DOM, on était sur des démarches devenues proprement scandaleuses, au plan sanitaire, alimentaire et économique. S’il n’y avait pas eu de réponse rapide de ce nouveau gouvernement, c’eût été un scandale politique de ne rien faire.
Comment ressentirons-nous les effets de cette loi ?
Dès lors que la loi sera promulguée, les industriels auront six mois pour se mettre en conformité et nous devrions retrouver, d’ici à la fin de l’année, une régulation saine de cette situation et une égalité de traitement entre les Français de l’Hexagone et les Français des Outre-mer. C’est par rapport au taux de sucre anormalement élevé… Quand on dit obésité, il faut comprendre, derrière, tous les accidents graves que cela comporte : infarctus, cardiopathie, AVC, la cécité, les amputations… Un sujet tres grave pour lequel l’opposition d’aujourd’hui n’a fait que gérer l’immobilisme.
Est-ce que la question des dates limite de consommation n’aura pas une influence néfaste sur les prix ?
Sur ces produits, il y a : « A consommer avant le… » Ca, c’est du strict, ca touche des produits tres périssables microbiologiquement et qui peuvent porter un risque immédiat sur la santé humaine et, avec ca, on ne plaisante. Et puis, il y a les dates limites d’utilisation optimale, la fameuse mention : « A consommer de préférence avant le… » Nous avons été sensible aux préoccupations des industriels. Et puis, on peut aussi penser qu’il y a un marché pour ces produits en outre-mer : Des industriels locaux, moins concurrencés, se mettront à les produire, et ce sera ainsi tout bénéfice et pour la santé publique et le développement économique du pays.
Quel est l’apport du critère de performance ?
Il s’agit de donner la possibilité aux pouvoirs adjudicateurs (mairies, collectivités…) d’intégrer obligatoirement les produits, fruits et légumes frais locaux, et prendre en compte ce critère de performance à côté de celui du prix dans leurs appels d’offres. C’est ouvrir à nos producteurs leurs produits frais dans des circuits courts. C’est une bouffée d’oxygène qui va etre apportée à l’agriculture locale. Maintenant, il faut que cette loi vive et on verra qui sont les développeurs économiques du pays, ceux qui pondèreront plus le critère de performance ou ceux qui pondèreront plus le critère de prix ? Et là, on travaillera à visage découvert.
Propos recueillis par FXG, à Paris