Wilhem Latchoumia
Wilhem Latchoumia et ses drôles de pianos
Wilhem Latchoumia est un pianiste particulier. Particulier car c’est un virtuose qui a enregistré plusieurs disques de musique contemporaine repérés par France Musiques et la presse spécialisée, qui passe son temps à interpréter les plus grands compositeurs contemporains sur les scènes du monde (Italie, Corée, Japon, Espagne, Suisse, USA, Chine, Argentine, Liban, Estonnie, Bielorussie, Pologne…) et qui joue sur de drôles de pianos : des jouets ou alors des pianos préparés ! « J’aime beaucoup John Cage et j’ai vu qu’il avait écrit une pièce pour piano jouet… » Il achète la partition et fait les brocantes. « J’en ai trouvé une quinzaine. Ce n’est pas très demandé mais c’est très rare et ça peut être cher ! » Il en a un tout petit avec quatre touches, presque désaccordé, et les plus grands (il en a trois) qu’il a trouvés ont trois octaves (une trentaine de touches). Il joue souvent avec un vrai piano et un jouet, voire avec deux pianos jouets qu’il place à 45 °. « On peut jouer chaque main sur la même tessiture. Ca fait un peu l’effet d’un xylophone balinais…» Mais le plus surprenant reste le piano préparé. C’est un piano arrangé selon la notice du compositeur. Il faut glisser des gommes, des boulons et des écrous entre certaines cordes. « On a l’impression d’avoir une centaine de percus sous les doigts ! » Wilhem est donc bien loin de la musique classique… « C’est assez ludique et ce n’est pas la même difficulté que jouer du Debussy ! » Aujourd’hui, ses parents qui se préparent à rentrer au pays pour y prendre leur retraite, ont digéré leur déception (Wilhem a préféré faire le conservatoire supérieur de musique plutôt que math sup !) mais ils ont compris aujourd’hui que leur fils est devenu un grand pianiste même s’ils ne l’ont pas encore vu jouer du piano jouet. « Ils m’ont vu avec l’orchestre d’Orléans jouer du Bernstein. » Wilhem Latchoumia a joué en soliste, avec l’orchestre symphonique de Rostov, avec les orchestres philarmoniques de Séoul et de Daejean en Corée. Il a été invité par plusieurs orchestres régionaux tels que l’orchestre national de Lille, avec lequel il créera le concerto pour piano et orchestre d’Anthony Girard en septembre 2010. Il se produira également avec l'orchestre du Teatro Colon en Argentine en octobre 2010. En septembre 2011, il sera l’interprète d’une création autour de Daughters of the lonesome Isle de John Cage dans le cadre d’une résidence à la Fondation Royaumont.
Un parcours brillant
Ce jeune Martiniquais (il a 36 ans) dont les parents viennent de Saint-Pierre, Basse-Pointe et Morne rouge, a décroché une médaille d’or et un diplôme de professeur de piano spécialisé dans la musique du XXe siècle au conservatoire de Lyon. En 2006, il est lauréat d’un concours qui lui permet de réaliser son premier disque. Il enregistre des pièces pour piano et electronic sounds (ex-bandes magnétiques) de compositeurs postérieurs à 1945 (John Cage, Ferrari, Luigi Nono, Jodlowski, Harvey). En tout 7 titres. Le Monde de la musique le repère et en fait son « choc du mois ». Fin 2008, le deuxième album sort chez Sony music, Impressoes. Il enregistre des compositeurs sud-américains, les Brésiliens Villa Lobos et son élève Guarnieri, les Argentins Ginasterra et Guastavino. Il reçoit un nouveau « choc de la musique », un « diapasion d’or » et le journal madrilène Audio classica le décrète « meilleur enregistrement ». Depuis Wilhem Latchoumia s’est produit au Musée d’Orsay et à la Cité de la Musique à Paris, et dans de nombreux festivals. Le public martiniquais a même pu l’entendre jouer du Haydn, Albeniz, Debussy et Ravel au festival « Retour au Pays Natal » à l’Atrium.