Yves Jégo réagit aux propos de Marie-Luce Penchard
Interview d'Yves Jégo, Député maire de Montereau-Fault-Yonne en Seine-et-Marne, vice-président du Parti Radical
« Je n'ai pas vocation à être le bouc émissaire d'une ex-collaboratrice de cabinet »
Marie-Luce Penchard a déclaré, pour expliquer son échec, en Guadeloupe: « J'ai payé pour Jégo. » Qu'en dites-vous ?
Cette déclaration est parfaitement inacceptable. Quand on se targue de vouloir faire de la politique ça veut dire savoir assumer ses défaites et surtout ne pas prendre les citoyens pour des naïfs en laissant penser que l'électeur ne sait pas ce qu'il fait ou pour qui il vote. Les Guadeloupéens ont fait un choix et en toute lucidité. Il faut le respecter. Quant à moi qui ait toujours été solidaire du gouvernement et ne me suis par ailleurs jamais exprimé sur celle qui m'a succédé, je n'ai pas vocation à être le bouc émissaire d'une ex-collaboratrice de cabinet qui a manifestement bien des difficultés à endosser l'habit de ministre et qui ne semble pas supporter le jugement du suffrage universel.
Si ce n'est pas de votre faute, comment expliqueriez-vous son échec ?
Malheureusement agression rime souvent avec perdition. Mme Penchard, qui faisait déjà en Guadeloupe le petit score de 24% aux élections européennes juste avant d'entrer au gouvernement, perd 10 points dans les 9 mois qui suivent sa nomination... Si elle doit s'en prendre à quelqu'un, c'est à elle-même ! Le 14 mars, les Guadeloupéens ont jugé son action et rien d'autre. Ne pas l'admettre est une faute contre la démocratie. Tout comme ses déclarations irresponsables et démagogiques tenues pendant la campagne électorale étaient une faute contre l'esprit républicain. Quand on entend des ministres tenir de tels propos, comment s'étonner après que les Français n'aient plus envie d'aller voter !
Vous qui avez conservé une certaine popularité en Guadeloupe, avez-vous un conseil à donner à vos successeurs de la rue Oudinot ?
Je n'ai pas de leçon à donner ni à mes prédécesseurs ni à mes successeurs. A ce niveau élevé de responsabilité, chacun agit et s'exprime en toute conscience. Avoir été appelé au gouvernement par Nicolas Sarkozy pour servir l'Outre-mer restera pour moi un immense honneur. Pendant cette période, j'ai toujours eu à cœur de privilégier l'intérêt général plutôt que mes intérêts politiques propres. J'y ai consacré toute mon énergie pendant 15 mois avec des collaborateurs dévoués et efficaces et ceci, dans des conditions parfois dramatiques. J'ai mis en oeuvre en quelques mois, en particulier à travers la Loi pour le Développement Economique des Outre Mers, une grande partie du programme de Nicolas Sarkozy. C'est pourquoi, je ne laisserai personne caricaturer mon travail. Il me semble d'ailleurs que l'honneur d'un ministre en exercice est de consacrer son énergie à régler les problèmes et non pas à en créer. Si j'en juge par les innombrables témoignages que je reçois, j'ai le sentiment que les Ultramarins m'ont bien compris et je dirais même apprécié. C'est tout ce qui compte à mes yeux.
FXG (Agence de presse GHM)