Yves Jego vient monter l'UDI aux Antilles
Yves Jégo arrive en Guadeloupe ce mercredi et ce vendredi en Martinique. L’ancien secrétaire d’Etat à l’Outre-mer vient structurer son parti l’Union des Démocrates Iindépendants (UDI), aux Antilles. Interview
« Victorin Lurel s’est inscrit dans le modèle de Marie-Luce Penchard »
Vous venez implanter l’UDI, le parti de Jean-Louis Borloo…
Je viens installer les coordinations provisoires de l’UDI qui seront composées d’élus, de personnalités qu’on va mettre autour d’une table. A charge pour eux de construire l’UDI dans chacun de leur departement. Et puis, c’est un bonheur ! Voilà quatre ans que je n’étais pas venu. Je suis parti dans les conditions que chacun connaît. C’est aussi pour moi un voyage d’émotion même si je viens avec une casquette politique parler aux Guadeloupéens et aux Martiniquais de leur avenir. Je viens leur faire une offre politique.
Qui sont les personnalités locales sur lesquelles vous allez vous appuyer ?
On veut s’appuyer sur des personnalités diverses qui s’inscrivent dans notre logique politique, c’est à dire une claire opposition au gouvernement actuel, mais une opposition modérée. Une opposition qui veut faire de l’Outre-mer un des enjeux d’avenir. A l’Assemblée nationale, nous sommes le 3e groupe et nous avons les députés d’outre-mer de l’opposition avec les élus de Polynésie et de Nouvelle-Calédonie. Je lance un appel aux uns et aux autres pour construire autour de l’UDI un nouveau modèle pour l’Outre-mer.
L’UDI n’a pas de grande tradition politique aux Antilles… Vous êtes connu, mais est-ce suffisant ?
Nous venons de l’UDF qui, quand elle était majoritaire en France, l’était aussi dans nos départements d’outre-mer. La filiation existe. Nous construisons du neuf et nos compatriotes aspirent à une nouvelle offre politique. Après avoir essayé l’UMP et le PS, avec combien de déception, les Français et nos compatriotes d’Outre-mer aspireront peut-être à une nouvelle offre politique et qu’on peut l’organiser. C’est difficile de rassembler des hommes et des femmes qui n’ont pas forcément une culture politique commune, mais il y a un enjeu majeur et si ce n’est pas nous qui offrons ces nouvelles perspectives, qui le fera ?
Le ministre des Outre-mer va présenter son budget 2014 en hausse de 1 % demain. Quel regard critique portez-vous sur son action ?
A priori j’étais plutôt favorable… Connaissant Victorin Lurel, je pensais qu’il pouvait, compte tenu de sa proximité avec le président de la République, faire bouger les lignes. J’ai été surpris sur la faiblesse du texte de loi qu’il a proposé sur la vie chère. Je l’ai voté, mais j’ai considéré que c’était une réformette qui n’a pas porté les fruits escomptés. Le rideau de fumée budgétaire dissimule en fait des coups de canif qui sont en train d’etre portés sur les mesures de défiscalisation. Victorin Lurel ne s’est pas révélé celui qui aurait pu faire la transition économique et sociale qui est attendue par ces territoires. Il s’est inscrit dans le modèle de Marie-Luce Penchard en essayant de faire un tout petit peu différemment. Je pense que, profondément, nos outre-mer méritent un nouveau modèle économique, un nouveau modèle social. Je suis tres déçu de l’action de Victorin Lurel qui manie toujours le verbe avec talent, mais qui, dans les actes, est bien impuissant.
Comment trouvez-vous qu’il a défendu la défisc ?
Les risques qui pèsent sur les mesures accordées aux entreprises sont puissants. Victorin Lurel ne gagne pas ses arbitrages avec Bercy et si on garde le modèle défiscalisation et fonction publique à outrance, on n’arrivera jamais à inverser les tendances. En admirateur d’Hugo Chavez, Victorin Lurel est un révolutionnaire au petit pied alors qu’on aurait besoin pour les Outre-mer d’une vraie révolution institutionnelle pour prendre le virage du XXIe siècle.
Vous ne regrettez pas d’avoir fait partie des parlementaires qui ont déféré la défiscalisation devant le Conseil constitutionnel ?
Je ne regrette rien. Le modèle de la défiscalisation trouve ses limites. Les besoins de financement gigantesques du pays feront que, peu ou prou, ce modèle sera raboté d’année en année. Nous avions commencé avec l’UMP. Ça se poursuit avec le PS. Le courage politique exige un travail de fond pour une nouvelle organisation économique et sociale. Cela se fonde sur une stratégie fiscale totalement différente de celle d’aujourd’hui et une vision de l’Outre-mer. On ne peut pas continuer à gérer des dispositifs de plus en plus miséreux, à faire croire par des lois gadgets qu’on va changer la donne. J’ai beaucoup espère des états généraux de l’Outre-mer, ca n’a pas ete le cas. J’ai espéré de Victorin Lurel… C’est au tour de l’UDI de proposer un nouveau modèle pour que les générations futures ne vivent pas les mêmes affres que les générations actuelles.
Propos recueillis par FXG, à Paris