La Négritude sur la scène des Feux de la rampe, le 28 février
Césaire, Damas et Senghor réunis au théâtre
Jean-Michel Martial et Nathalie Coualy lancent sur la scène parisienne « Causerie imaginée », une conversation à deux faite d’extraits des trois pères de la Négritude. Une production de Jadoretoi compagnie, à consommer sur place où à importer aux Antilles-Guyane.
« Il se dit que le Blanc aura toujours le negre à l’œil… » Mais « aucune race n’a le monopole de la beauté, de l’intelligence et de la force… », car « elle est debout la Négraille, debout dans les cannes, debout sous le soleil, debout dans le sang, debout mais libre ! » Jean-Michel Martial, sobrement vêtu, texte en main ouvre cette « Causerie imaginée », sorte de dialogue littéraire assis sur des textes de Gontran Damas, Senghor et Césaire, avec sa partenaire de scène, Nathalie Coualy qui sait dire simplement, sans surjeu : « Femme nue, femme noire… » de Senghor. « Je fais l’apologie systématique des sociétés détruites par l’impérialisme, poursuit Martial-Césaire. Elles n’étaient pas anté-capitalistes mais anticapitalistes… » « Chaque peuple a une civilisation, une culture, une histoire… L’humanisme, c’est le respect dû à l’homme » et même si « l’aigle blanc a glapi », il faut en revenir à « la culture universelle »… Les deux comédiens se promènent dans Black label, Pigments – Névralgies, Le cahier d’un retour au pays natal, le Discours sur le colonialisme, Les armes miraculeuses, Nègre je suis, et l’œuvre poétique de Léopold Sédar Senghor. « Ca fait trois ans que j’ai l’habitude de lire ces auteurs et ces textes, témoigne Jean-Michel Martial. Avec Nathalie, j’ai eu envie de travailler avec l’émotion d’une femme que je ne connaissais pas. » Il l’avait vue dire un texte lors de la cérémonie du 10 mai 2008 au Luxembourg, mais il ne la connaissait pas. Il l’a revue avant un hommage à Césaire, avant une lecture. Elle lui a parlé, lui a demandé deux conseils pour lire un texte à haute voix. Il lui a parlée mais ne la connaissait toujours pas. C’est après qu’ils se sont retrouvés sur ces auteurs. « Le texte avait déjà une colonne vertébrale, un dessin, souligne Jean-Michel Martial, mais avec Nathalie, on a tout mis à plat et il en est sorti cette dramaturgie. »
« Le théâtre du Rond-Point par exemple ! »
« Nous n’étions pas partis sur un dialogue, raconte Nathalie Coualy, mais quand on l’a fait, c’était devenu une conversation, une causerie. » « On a envie de le chanter ce texte, dit Jean-Michel Martial. J’ai envie de partir en rap, de faire du slam, de la cadence au rythme de son drame et de son verbe ! » Alors, ces deux comédiens nous offrent-ils un simple parcours allant du passif de l’esclavage à l’ouverture à l’universel ? « Tout ne vient pas de l’esclavage, rectifie Jean-Michel Martial, mais notre histoire passe par là ! » Le spectacle existe désormais et les deux acteurs aimeraient qu’il vive et soit entendu. « C’est étonnant que le président de la République se soit mis dans l’état où il s’est mis avec les obsèques nationales d’Aimé Césaire et qu’à Paris, il n’y ait pratiquement que nous qui le jouions, Césaire ! »
Jean-Michel Martial sait toutefois qu’il a pu bénéficier de quelques soutiens. Cela rend audacieux : « La puissance de ces auteurs là supporte une salle bien plus grande que celle où nous jouons actuellement. » « Le théâtre du Rond-Point par exemple, s’enflamme Nathalie Coualy ! Jusqu’où va la volonté de faire connaître ces auteurs ?! » Pour l’heure, c’est à Paris le 28 février à 17 heures, au théâtre des feux de la rampe, rue Saulnier, dans le 9e arrondissement. En attendant une programmation aux Antilles et en Guyane.
FXG, (Agence de presse GHM)