Max Diakok danse le ka
« Pawol a ko Pawol a Ka » ou le dialogue dansé de Max Diakok
Max Diakok, danseur et chorégraphe guadeloupéen, développe une esthétique chorégraphique singulière à partir du gwoka. Il est en spectacle à Paris.
S’il est des artistes qui savent explorer la tradition pour la projeter dans une forme contemporaine vivante, Max Diakok est de ceux-là. Le gwoka est la source d’inspiration de ce chorégraphe Guadeloupéen. Il revisite cet ensemble percussions chant danse avec sa propre identité depuis une bonne vingtaine d’années. L’ouverture du spectacle se fait sur des gestes tout petits et très prés du corps, dans un espace minimaliste, sur une musique enregistrée. Puis entrent en scène les deux percussionnistes. La danse devient déséquilibre, l’espace s’agrandit, le regard se met à jouer avec le spectateur. Le dialogue entre le corps et le ka commence, se développe. Le corps s’allonge et le mouvement devient fluide. Une catharsis s’opère entre le corps du danseur et l’espace projetant le spectateur dans des états sensibles qui viennent de très loin et dont il devine le contour des significations possibles. La danse de Max Diakok est profonde mais sa surface, claire, met en scène son propos dans un monde contemporain.
RDG
Auditorium de l'Hôtel de ville de Paris : 23, 24 et 25 avril 2012 à 15h (public scolaire)
Mairie du 10ème arrondissement de Paris (Salle des fêtes): 10 mai 2012 à 20h
Petit-Bain (75013) : 13 mai 2012 à 18h30, 6 octobre 2012 à 18h30 /Nuit du Gwoka/
ITW Max Diakok
« J’ai fait ce spectacle avec mon identité et mes expérience »
Max Diakok quel est votre parcours ?
Je suis né à Pointe-à-Pitre le 16 septembre 1959, je suis principalement danseur chorégraphe et pédagogue. J’ai d’abord commencé par le gwoka que j’ai découvert dans les soirée traditionnelles léwoz. Cela à été un choc et j’ai appris le ka par mimétisme et après la danse est venue. Par la suite j’ai osé danser seul dans une léwoz. Puis j’ai approfondi, j’ai travaillé, et j’ai décidé de venir dans l’Hexagone en 1990. A Paris je me suis formé dans une école de jazz, celle de Rick Odums, parallèlement j’ai continué à jouer du gwoka notamment avec le groupe Balkouta de Dominique Toliaut. Je me suis professionnalisé, j’ai travaillé pour plusieurs compagnies, la télévision, j’ai rencontré des chorégraphes, Germaine Acogny, Norma Claire, Christian Bourrigot, Jean François Duroure… J’ai continué à approfondir mon travail sur le gwoka, dans une dimension contemporaine mais connectée avec sa force initiale intérieure que j’ai redécouverte. Je suis également auteur compositeur.
Comment s’est construit votre spectacle « Pawol a Ko Pawol a Ka » ?
Le gwoka est le résultat d’un apport des esclaves de différentes ethnies africaines au temps de l’esclavage. Le mot gwoka est apparu au début du 20eme siècle. C’est une musique qui était liée a la vie économique essentiellement agricole. Ce sont les traces de nos ancêtres et une célébration du mystère de l’origine. Dans le gwoka traditionnel, les Boulas donnent la rythmique continue, le Makè, tambour soliste plus aigu, dialogue avec le danseur et le chanteur. Ce spectacle est une peinture symbolique de mon chemin initiatique, de l’ombre vers la lumières. Le début est dans un espace très restreint avec des gestes noués. Je l’ai fait a partir d’un solo « Kabouya » qui veut dire noeud végétal en créole. J’ai fait ce spectacle avec mon identité et mes expérience. « Pawol a ka » symbolise l’identité de la Guadeloupe et « Pawol a ko » symbolise mon expérience, ce que je suis et ce dont j’ai hérité. Puis le spectacle s’élargit et prend tout l’espace, symboliquement celui de l’exil et de l’espace urbain, le choc des cultures. La fin redevient plus apaisée, une sorte de retour à la terre et aux valeurs des anciens pour prendre le temps de s’écouter et de regarder devant soi. C’est un spectacle autobiographique, je ne l’ai pas décidé, cela s’est imposé a moi. Le tambour parle et je dialogue avec lui en redécouvrant tout mon héritage dont ma gestuelle témoigne
Etes-vous partagé entre la métropole et les Antilles ?
La France, c’est les réseaux économiques pour moi. Il y a un public large, et je cherche aussi à toucher ici le public antillais. Le public guadeloupéen connaît les codes et la lecture du spectacle est plus facile, mais j’ai eu le plaisir de voir que des gens qui n’ont aucun rapport avec cette culture sont touchés. Je cherche quelque chose de non figuratif mais avec des emprunts à la réalité que je transforme sur scène. Notre actualité est assez chargées, je travaille aussi sur un conte dansé théâtral et musical « Waka Douwan Jou » (chant pour hâter la venue de l’aube. Pour 2013 une tournée en Guadeloupe se dessine avec « Pawol a Ko Pawol a Ka ».
Photos et propos recueillis par RDG
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