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Publié par fxg

Hommage parisien à la mulâtresse Solitude 

La ministre des Outre-mer a convié, mardi rue Oudinot, Simone Schwarz-Bart et Marie-Noëlle Euzèbe pour un hommage à la mulâtresse Solitude.Simone-Schwarz-bart-GPL-Salle-Solitude.JPG

Si en 2002, la rue du général Richepance à Paris a bien été débaptisée, elle n'a pu prendre le nom de la mulâtresse Solitude pour laquelle militait alors l'actuelle ministre des Outre-mer, George Pau-Langevin (c'est le chevalier de Saint-Georges qui a décroché la timbale). Hier, GPL a rendu justice à Solitude en lui consacrant une salle au ministère des Outre-mer. C'est une petite salle de réunion au troisième étage du bâtiment qui abrite déjà la salle Félix-Eboué, au fond du ministère. Cette salle a un lourd passé puisqu'elle fut le bureau du Martiniquais Alcide Delmont puis du Guadeloupéen Gratien Candace, tous deux sous-secrétaires d'Etat aux colonies respectivement des gouvernements d'André Tardieu (1929-1930) et d'Edouard Herriot (1932), celui de Georges Mandel (1938-1940) et même, après guerre, celui de François Mitterrand, alors ministre de la France d'Outre-mer (1950-1951)... Plus récemment, elle accueillit l'actuel conseiller outre-mer de François Hollande, Marc Vizy quand il était directeur des affaires économiques, sociales et culturelles du ministère sous le gouvernement Jospin, et Philippe Leyssene, lorsqu'il était ambassadeur délégué à la coopération régionale dans la zone de l'océan Indien, et sa fameuse collection de whiskies pure single malt !

L'exposition

Mulatresse-Solitude.JPGLa salle (dont le prestigieux mobilier ministériel a été vidé) accueille depuis hier une exposition consacrée à la mulâtresse Solitude, exposition qui jusqu'alors n'a été montrée qu'aux Abymes et à Belle-Île en mer. Pour l'inauguration de la nouvelle salle, la ministre a invité l'écrivain Simone Schwarz-Bart dont le mari, André, a été le premier à ressusciter les mannes de cette héroïne mythique de la révolution guadeloupéenne (1795-1802) en lui consacrant dès 1972 un roman publié au Seuil. Marie-Noelle-Euzebe.JPGAutre invitée, la comédienne Marie-Noëlle Euzèbe qui a fait une lecture d'extraits du roman d'André Schwarz-Bart. En quelques minutes, la comédienne a rappelé les grands moments de la vie de l'héroïne, fruit du viol de sa mère lors de sa transportation vers les Antilles. Née vers 1772, Rosalie est abandonnée par sa mère qui rejette cette enfant "jaune" pour rejoindre les marons. La mulâtresse se rebaptise elle-même Solitude... Elle participe à partir de 1795 à la révolution française en Guadeloupe marquée par la première abolition de l'esclavage. Elle rejoint en 1802 les troupes de Delgrès jusqu'à l'habitation d'Anglemont à Matouba où les révoltés se font sauter avec la réserve de poudre. Solitude, blessée à la tempe et enceinte, est arrêtée. Elle est condamnée à mort et exécutée le 29 novembre 1802, après son accouchement, pour restituer à ses anciens maîtres leur "bien".

Le mythe

plaque-solitude.JPGL'histoire de Solitude est mentionnée brièvement par un seul auteur, Auguste Lacour (1805 - 1869). "Le reste, a indiqué Simone Schwarz-Bart, provient de la tradition pure, de l'auteur André Schwarz-Bart qui acte ainsi son nom, qui suscite la résurrection d'une histoire et qui a voulu transmettre à ses fils et à moi-même en mal d'ancêtre... J'avais besoin du début; je voulais un ancêtre de chair et de sang, pas un manuel d'histoire qui, du reste, n'existe pas."

Solitude a-t-elle réellement existé ? Elie Duprey, historien de formation et secrétaire particulier de Simone Schwarz-Bart a su résoudre cette question récurrente : "Ce ne sont pas les peuples qui créent, mais les mythes qui créent leurs peuples. Les rares mentions d'Auguste Lacour n'auraient pas suffi à faire de la Mulâtresse un mythe. La littérature s'est chargée d'en faire un symbole, mais surtout de lui donner chair et vie..."

FXG, à Paris

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