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Publié par fxg

Victor O fait son retour en Banlieues

Victor-O-photo-Alfred-Jocksan-4.jpg« Je suis un chansonnier concerné par le monde qui m’entoure »

Ce samedi, Victor O,  le chanteur martiniquais se produira sur la scène   Lino-Ventura à Athis-Mons dans le cadre du festival Banlieie tropicale. Avant de faire son retour à Créteil, un lieu qu’il affectionne particulièrement, il nous fait découvrir son univers, sa passion et ce qui l’anime.

Vous revoilà  sur scène à quelques pas  de  Créteil, était- ce une attente ?

Je suis très content de revenir jouer tout prêt de ma ville d’adoption,  Créteil. Un de mes objectifs est d’aller au plus près des Antillais. Et il y a beaucoup d’Antillais en banlieue. Toutes ces villes sont les villes de mon adolescence. En allant jouer à Athis-Mons, je sais que ça parle à mes enfants qui sont ici. Je suis passé très souvent devant le MAC de Créteil, étant jeune, en rêvant un jour de jouer dans la grande salle.

Quels souvenirs gardez-vous de cette banlieue ?

La banlieue, c’est mon adolescence. Mon arrivée en France à l’âge de onze ans. C’est la découverte que j’étais Noir. C’est aussi la découverte de la société multiraciale vivant en harmonie. Il faut savoir que je suis un enfant des MJC des années 1980. A cette période, les choses étaient moins cloisonnées, moins ethniques que maintenant. Aujourd’hui, il me semble qu’on a perdu quelque chose...  

Victor-O--photo-A--Jocksan-3.jpgOn a perdu quoi ?

On  a perdu le sens de vivre ensemble, le sens de l’homme avant l’origine, le sens de vivre en communauté. Ce sont des choses qui me tracassent beaucoup. Je vois des bandes ethniques, ce n’est pas une anomalie en soi que les gens se réunissent entre eux parce qu’ils ont des affinités, mais ça ne peuvent pas être un modèle définitif.  On est dans un pays qui brasse beaucoup de cultures. Je trouve qu’il faut apprendre aux autres à se mélanger. Il ne faut pas avoir peur de l’autre. C’est essentiel.

La musique est toute votre vie. Y a-t-il de la place pour autre chose ?

Il y a d’abord de la place pour l’amour. L’amour pour ma compagne, l’amour pour mes enfants, pour ma famille en général et pour ma passion. J’ai une grande passion pour l’art et la photographie contemporaine, ainsi que l’art  afro-caribéen qui malheureusement n’est pas  bien représenté au niveau mondial. Il y a des peintres, mais ils sont hors circuit. C’est la même problématique que pour les musiciens antillais. C’est une  problématique d’où il faut qu’on sorte vainqueur mais d’abord, on doit être conquérant. Mon leitmotiv numéro 1, c’est la conquête, en tant que peuple du mélange… On a déjà beaucoup fait, on a beaucoup à donner et à apprendre aux autres.

Victor-O-photo-A--Jocksan-25.jpgComment avez-vous imaginé votre carrière ?

J’ai du mal  à prendre en compte ce qui se passe depuis deux ans et demi après la sortie de l’album « Révolucion karibéana ». J’ai eu la chance d’être aimé chez moi. Ce qui n’est pas donné à tous les artistes d’être apprécié chez soi.  Je ne cherche pas à être maitre chez moi, mais, je suis apprécié par les gens de la Guadeloupe, de la Martinique et de la Guyane. Je veux que ce public partage avec moi mon ambition d’amener mon antillanité vers l’ailleurs.

Si je vous demande de faire votre portrait. Est-ce celui d’un militant ou d’un homme en colère que vous allez peindre ?

Je ne suis pas un militant engagé. J’écris souvent les textes que me dicte mon humeur ou ma conscience.  Je dirais que je suis plutôt un homme de dialogue. Mais je suis d’abord un artiste, un chansonnier, concerné par le monde qui m’entoure.  En ce sens peut être,  c’est un acte militant. 

Quel homme êtes-vous au quotidien ?

Je suis un homme passionné d’une manière général au quotidien. Quand il faut savoir parler de ses défauts, je suis très  lent, tandis que je suis curieux et amoureux de la vie.

Victor-O-photo-Alfred-Jocksan-2.jpgQuel est la dernière fois  que vous  vous êtes fâché  et pourquoi ?

Mon dernier coup de colère  était  contre quelqu’un qui m’avait engagé, un ami, à qui j’avais donné un accord amical et qui m’a fait attendre plusieurs mois pour me verser mon argent. Je n’ai pas apprécié que cette personne me fasse courir et n’ait pas pris en compte mon attitude amicale. La manière n’y était pas et c’était très énervant.  Pour moi, il faut  le respect de la parole donnée et le respect de la personne. Il faut savoir parler et expliquer. Une bonne explication, ça dénoue tous les conflits.

Qu’est ce qui vous rend heureux ?

Vivre premièrement et savoir que ceux que j’aime sont heureux. Ça me remplit  et peut me nourrir toute une vie.

La Martinique, votre pays, comment la regardez-vous ?

La Martinique m’a ramené à l’envie de musique, à  une autre vie, à ma caribéanité. Moi qui étais un enfant de la  banlieue et qui suis revenu au bercail, la Martinique m’a accueilli. Je ne peux plus l’imaginer comme elle n’est pas. Tous nos territoires sont des endroits accueillants et chaleureux pour ceux qui savent  prendre ces pays dans le bon sens. Je dis souvent aux gens de la diaspora de ne pas oublier que le pays est quelque chose qui bouge. Il ne faut pas rester dans des images figées. Car souvent  la vision qu’on a de la Guadeloupe et de la Martinique depuis l’Hexagone est beaucoup plus dynamique que ce qu’on imagine.

Victor-O--photo-A-Jocksan-11.jpgÊtes-vous un homme à femme ?

Non. J’aime ma femme. La gente féminine est une vraie source d’inspiration. Mais, on ne peut pas me définir comme un homme à femme.  Mon tempérament musical fait qu’une grande partie de mon public est féminin. Et je garde un part de mystère…

Entre le plaisir de la table et le plaisir de la chair. Que sera votre choix ?

(Rire..) C’est une question cruelle. Je ne saurai pas choisir, je suis pour la gourmandise.

Quel sera votre coup de gueule ?

Je parle à destination de tous ceux qui vivent dans les départements et territoires d’outre-mer qui sont aussi une part notable de la  France, une part qui fait la force et le rayonnement de cette France dans le monde.  Je dis à tous ces gens en cette période d’élection présidentielle  qu’ils votent avec leur cœur. Mais qu’ils  participent à élection présidentielle, car notre  voix compte, il faut qu’on l’entende ; il faut qu’elle soit entendue au sein des partis. Il y a trop souvent des choses faites pour nous sans qu’on soit impliqués. Le destin de la France est aussi notre destin. Pour faire bouger la ligne il faut participer  grandement à cette élection. Je suis de ceux qui ne dévalorisent pas la fonction des politiques. Il ne faut pas  laisser le destin s’écrire sans y avoir pris une part active. Il ne faut pas attendre et regretter après. Je veux dire aux Antillais qu’il ne faut pas avoir peur d’avoir de l’ambition. Nous sommes de petites îles, la conquête doit être le leitmotiv de tous. Nous sommes dans  des espaces clos qui ne sont pas extensibles.

Victor-O-photo-Alfred-Jocksan.jpgA quand le prochain album de Victor O dans les bacs ?

Ca fait partie des mes projets. Je travaille  dessus. Mais, je ne donne pas de date de sortie. Je suis dedans, j’ai commencé à écrire. Je ne suis pas quelqu’un qui fait les choses planifiées. Il faut que je sois dans une urgence et ça va très vite. Moi, j’ai envie de donner aux gens une suite à moudre dans leur tête.  J’ai hâte de rentrer en studio.

Comment pensez-vous traverser le temps ? Avez-vous une vision de vous  dans 50 ans ?

Dans  50 ans, j’aurai 93 ans. Si Dieu me prête vie jusque là, je trouverai ça exceptionnel. Sans savoir si je veux vivre aussi vieux, il faut savoir que la vie reste toujours quelque chose d’appréciable. J’espère que mes enfants auront des bonnes bases et que je serai propriétaire de la maison dans la quelle je serai. Et que je ne serai dans un hospice et que ma compagne sera toujours à mes cotés et que j’aurai toujours l’envie de m’intéresser aux choses de la vie.  D’être présent dans 50 ans, je trouverai ça exceptionnel.

Alfred  Jocksan (agence de presse GHM)

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