Publié depuis Overblog et Facebook et X (Twitter) et LK
François Brichant, co-organisateur de la Journée Outre-mer développement (JOMD).
La 6e JOMD se tient samedi 18 novembre au palais Brongniart, à Paris.
"On a besoin d'exemples, besoin de montrer que c'est possible !"
Huit ans d'existence et six éditions déjà, comment expliquez-vous une telle pérennité ?
La JOMD remplit une case ! Et si les entreprises répondent de plus en plus présent — elles étaient huit en 2009 et sont à présent au dessus de 50 — c'est qu'elles y trouvent un intérêt fort ! L'intérêt de se reconnecter avec les talents diplômés qui sont partis pour les faire revenir, mais aussi l'intérêt de montrer un dynamisme et une attractivité des Outre-mer dans l'Hexagone. Et Dieu sait si ce n'est pas tous les jours faciles ! On est toujours dans un point de vue hexagonal des Outre-mer qui a toujours des tendances très caricatural et c'est toujours mieux que les gens se rendent compte par eux-mêmes, au travers d'un événement comme la JOMD, un peu mieux que ce que sont les outre-mer dans leur diversité économique, leur volonté de se développer et de représenter pour la France une extension sur la planète.
C'est donc un succès sur le plan entrepreneurial...
Mais pas seulement puisque le public est aussi au rendez-vous ! Nous recherchons des jeunes en fin de parcours qui ont été faire leur second cycle dans l'Hexagone, mais aussi des jeunes qui ont une première expérience professionnelle et qui se posent aussi la question du retour sur leur territoire d'origine. Ils sont un peu désorientés parce que ce n'est pas du tout évident d'aller à la pêche aux informations dans des lieux éloignés et éparpillés quand on est dans l'Hexagone. L'avantage, c'est que nous offrons sur un seul et même lieu, sur une journée, tous les deux ans, un grand rendez-vous.
Est-ce que vous avez établi une typologie précise de ces jeunes ?
Il y a quelque chose d'assez étonnant quand on observe cette fréquentation de jeunes, c'est que nous avons un énorme turn-over. Sur cette cible de jeunes qui sont venus à la JOMD en 2015, très peu reviennent cette année...
Vous considérez qu'ils ne cherchent plus de boulot ?
Ca veut dire oui, qu'en tout cas, ils ont trouvé une réponse à la dernière JOMD ou ailleurs entretemps et ça veut dire aussi qu'il faut faire la JOMD tous les deux ans parce que tous les deux ans, ce sont des gens d'une nouvelle génération qui viennent pour se reconnecter avec leur territoire d'origine. Ca, c'est un des grands enseignements de la JOMD en analysant les fichiers, c'est une bonne nouvelle qui nous incite à continuer !
Avez-vous estimé le nombre de recrues grâce à la JOMD ?
On pense qu'on est proche de la centaine de postes de cadre, mais on a réellement du mal à récolter les informations... Nous constatons que nous marquons de plus en plus le terrain dans l'environnement économique, mais c'est compliqué de le comptabiliser...
Quel contenu veut montrer la JOMD ?
Quand on regarde le contenu de la programmation de la JOMD cette année, on voit que nous ne sommes pas là pour faire de la communication aseptisée. Nous traitons de problèmes, nous parlons de fracture scolaire, de problèmes d'éducation, d'insécurité, de changement climatique... Nous abordons toutes les problématiques ! On ne cherche pas que des étudiants pour des postes d'encadrants, on cherche aussi des jeunes qui ont envie de revenir pour entreprendre, pour dynamiser le tissu économique et il faut qu'ils se fassent en une journée une vision réaliste des choses...
Entre les tables rondes, les mises en relations et autres ateliers de coaching, qu'est-ce qui marche le mieux ?
Ce qui marche le plus, ce sont les exemples concrets, les belles histoires. Ceux qui viennent raconter leur retour d'expérience, leur carrière... Cette année, nous allons faire un focus sur l'aventure entrepreneuriale exceptionnelle d'Air Caraïbes au niveau national et qui est d'abord une aventure ultramarine ! Nous allons aussi mettre la Réunion en exergue car c'est un département qui a montré l'exemple, notamment dans sa volonté de faire de grands travaux. La route du littoral est un chantier qui est unique au monde ! Tout ce qui montre, dans la diversité, des réussites, c'est toujours ce qui marche le mieux au niveau du public. On a besoin d'exemples, besoin de montrer que c'est possible !
Qu'en est-il du réseautage ?
Cette année, nous allons faire appel à l'association Jeunesse Outre-mer (AJOM) qui va mettre ses JOM connecteurs au-devant des quelques 2000 visiteurs attendus. Ces JOM connecteurs auront pris la mesure de tout ce qu'il y aura comme possibilités de recrutement pour lettre le plus rapidement possible les jeunes en relations avec les secteurs et les entreprises qui peuvent les intéresser. L'idée, c'est de fluidifier le plus possible ! On aura aussi un espace coaching pour aider les jeunes à gérer un entretien, un speed job dating !
Et pour le réseautage inter entreprises ?
On les fait se rencontrer la veille et c'est comme dans tous les salons, les gens s'échangent leurs cartes !
Propos recueillis par FXG, à Paris
Un prix du livre d'histoire d'outre-mer doté de 5000 euros
Cyril Conte, cofondateur de la JOMD, est un passionné d'histoire des outre-mer et a toujours voulu consacrer une table ronde à l'histoire depuis la toute première JOMD. La rencontre de ce Cyril Conte avec l'historien Frédéric Régent, spécialiste de l'histoire moderne à la Sorbonne et président du Comité national pour la mémoire et l'histoire de l'esclavage, avait conduit à un parrainage de la JOMD à un colloque historique il y a deux ans. Cette fois, est née l'idée de doter de 5000 euros un prix du livre d'histoire d'outre-mer. Le lauréat sera révélé samedi en fin de journée à l'occasion d'une table ronde consacrée aux outre-mer vus par les écrivains en présence de Jimmy Anjoure-Apourou, Frankito, Corinne Mencé-Caster et trois nominés du prix du livre d'histoire d'Outre-mer.