Miguel Marajo expose des oeuvres collectives
ITW Miguel Marajo, plasticien, participe jusqu'au au 15 mai au bar de Molitor, 8 avenue de la Porte Molitor à Paris à l'exposition d'oeuvres collectives réalisées à trois ou quatre mains par Alexandra Noat Dumeste, Alice Lothon, Anna Marie Wright, Arnaud Denis, Aude Dortho, Axel Pahlavi, Béatrice Julien Labruyère, Cadija Costa, Camille Bonaldi, Caroline Cassel, Céline Orsingher, Eugénie Bachelot Prévert, Evanson Mbugua, Florence Obrecht, Hervé Ic, Jérôme Barbe, Jérôme Gallet, Laurent Bailly, Laurence Egloff, Laurence Meillinger, Maho Nakamura, Marie Cerise, Nathalie Piernaz, Paëlla, Paula Valero, Parme Baratier, Raphaël Renaud, Ruben Fuentes et Thomas lvernel.
"La question post-coloniale me stimule"
Pourquoi avoir choisi ces oeuvres spécifiquement ?
Contrairement à la tradition du cadavre exquis, ces dessins sont faits à découvert afin de privilégier une prise en compte plus fine et en synergie, donc moins aléatoire. De façon générale, j'aime la confrontation des différences, elle est à la fois une façon de se confronter à nos singularités et paradoxalement, nous ouvre aux différents points de connexion qui existent avec l'autre. En d'autres termes, si les connexions sont possibles, c'est que j'ai la certitude qu'elles existent déjà en nous, d'où la possibilité d'un écho. L'exposition à laquelle j'ai participé cet automne chez Maïa Muller, relevait d'une sélection tenant à un propos curaté par Myriam Mihindou. Le texte critique qu'a fait Simon Njami (rédacteur en chef de la Revue noire, ndlr) à cette occasion nous a qualifié de guérisseurs, car nous avions pour point commun de susciter une réponse apaisante à une base névralgique.
Ressentez-vous une spécificité caribéenne de votre travail ?
Il existe un tempérament particulier dans ma façon de m'exprimer en général. Je n'ai rien fait pour garder un accent régional et malgré de nombreuses années, des inconnus me devinent caribéen alors qu’au fil du temps, il s’est modifié, il reste toujours un timbre particulier. C’est la même démarche qui se poursuit dans mon travail plastique, je ne cherche pas à conserver à tout prix un aspect désigné comme étant le bon, au contraire, au risque de me perdre, je poursuis une démarche d’authenticité. En effet, je constate que quelque chose est bien ancré en moi. Les sujets qui me préoccupent, l’énergie qui m’anime, les rapports colorés, etc. J’aurai pu hériter d’une partie de cela en l’obtenant de mes parents dans un autre contexte, je crois que le bain culturel a beaucoup fait. De la même façon qu’il est prouvé qu’il y a une prépondérance du rythme dans certaines cultures mais que ce rythme n’est pas inné.
Qu'est-ce qu'un artiste caribéen ?
Il l’est malgré lui parce qu’il évolue ou a été fortement baigné dans un environnement géographique et culturel spécifique, et cette vibration peut plus ou moins transparaître à travers sa création.
Ces derniers temps, vous nous proposez des expositions collectives. Peut-on voir dans ces collectifs d'artistes des mouvements, des écoles de pensée ?
Je constate aujourd’hui que les artistes que je fréquentent sont très divers, tant sur le plan générationnel que sur le plan des sensibilités.
La question post-coloniale me stimule, donc effectivement, je pourrais recenser quelques expositions qui touchent à ce registre. Cela ne relève pas d’une démarche contrainte ; l’artiste peut se nourrir par curiosité, il peut s’imprégner mais il me semble difficile de créer un aggloméré de signes qui deviendraient artificiels sans expression artistique.
Ce sont peut-être aussi simplement des nécessités économiques voire mercantiles ?
Il est bien plus prudent de chercher des activités mercantiles s’il y a nécessité économique loin de la création artistique, car si cette démarche prend le dessus, elle assujettirait l’artiste qui aurait simplement perdu sa liberté de création.
Cela renvoie à la question : qu'est-ce qu'un artiste ?
L’artiste est un réceptacle, il est dans un subtil équilibre que lui-même ne peut figer dans une définition car elle serait sans cesse en marche et si toutefois il y arrivait, il serait contraint de décloisonner cette gaine pour exister en tant que tel.
Propos recueillis par FXG, à Paris