"Petit pays", le film en avant première mondiale en Polynésie
Heremoana Maamaatuaiahutapu, ministre de la Culture de la Polynésie française et Xallès Kotra, directeur général de Nouvelle-Calédonie la 1ère, les deux fondateurs du FIFO, entourent le président du jury, le réalisateur Eric Barbier
Eric Barbier laisse sa trace à Tahiti
Le réalisateur du film "Petit pays" est le président du jury du festival international du film documentaire océanien (FIFO).
Eric Barbier a présenté lundi 3 février à Papeete, Tahiti, son film "Petit Pays", une chronique décentrée du génocide des Tutsis, adaptée du roman de Gaël Faye, et qui sort le 18 mars prochain dans l'Hexagone.
Le réalisateur français préside actuellement le jury du 17e FIFO. Et c'est depuis Tahiti qu'il évoque son film sous un angle étonnamment documentaire : "Ce n'est pas un film sur le génocide rwandais. Cet écho vient du fait que la mère de l'enfant, dans le film, est une Rwandaise réfugiée au Burundi. Il était très difficile pour moi de trouver une trace documentaire sur cette période. Le seul documentaire dont je disposais, c'était une fiction, "Gito, l'ingrat", un film burundais réalisé par Léonce Ngabo et sorti en 1992. C'est le seul film burundais qui existe à cette époque. Il m'a servi de référence documentaire parce que je pouvais voir Bujumbura, les gens, leurs vêtement, C'est ça le paradoxe !"
Aujourd'hui et depuis la Polynésie qu'il découvre, Eric Barbier invoque le "Tabou" de Murnau tourné ici, en Polynésie en 1931. Il l'a revu avant de partir sur le "continent bleu", ainsi que l'appelle l'un des deux pères du FIFO, Heremoana Maamaatuaiahutapu. "Même si à l'origine de cette fiction, il y a Flaherty, poursuit Eric Barbier, c'est un documentaire ! Je suis sidéré de voir le jeu des Tahitiens. On ne leur a pas appris leur rôle !" C'est cette trace qui l'intéresse, trace d'une manière de vivre, d'aimer, souffrir, être heureux. "Changer le monde, ça me paraît très compliqué, avoue-t-il, par contre je pense que c'est très important pour les générations futures qu'il y ait des traces, partout dans monde entier, des gens... Ca fait partie de la responsabilité de ce genre de festival."
Eric Barbier fait du cinéma, il a fait de la pub, mais il n'a jamais tourné de documentaire. Aujourd'hui il a bien une envie, mais il craint que sa "thématique sociétale ne soit pas vraiment tendance, ce qui ne facilite guère le financement..." Son sujet est clivant puisque c'est l'histoire de Nimeno 2, le torero... Eric Barbier ne veut pas faire une apologie de la tauromachie mais, dit-il, "quand on aura oublié ce que c'est la tauromachie, ce rituel du sacrifice de la mort, nous pourrons regarder ses traces documentaires."
Le jury du FIFO décernera son grand prix vendredi 7 février. 13 films sont en compétition.
FXG, à Papeete