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Publié par fxg

Carenco, ministre délégué auprès de Darmanin

Darmanin installe Carenco

Gérald Darmanin a été reconduit au ministère de l’Intérieur qui gagne dans son périmètre le ministère des Outre-mer. Jean-François Carenco a été désigné pour être son ministre délégué en charge des Outre-mer.

Les deux ministres sont arrivés ensemble, lundi en début d’après-midi, pour une « prise de fonction » qui s’est déroulée dans le parc de l’hôtel Montmorin, rue Oudinot, dans le 7e arrondissement de Paris. Gérald Darmanin a dit en préalable qu’il y avait désormais « deux ministres pour s’occuper des ultramarins, de leurs magnifiques richesses », et pour « les aider à se faire entendre à Paris ». Il a précisé que s’il y a bien « un intérêt à ce que l’Outre-mer soit rattaché au ministère de l’Intérieur, avec son autonomie et son indépendance propres, c’est que Jean-François (Carenco) et tous autour de lui, trouveront toujours auprès du ministre de l’Intérieur et de son cabinet, un poids politique, j’espère même un poids budgétaire pour vous défendre, défendre le ministère et chacun des territoires ultramarins ». Le ministre de l’Intérieur a même prié le nouveau ministre délégué de le considérer comme un « grand frère » pour défendre dans les réunions interministérielles auprès de la Première ministre et du président de la République « l’incroyable besoin qu’ont les territoires ultramarins ». Gérald Darmanin a aussitôt évoqué les « questions institutionnelles » notamment avec la Nouvelle-Calédonie, mais aussi des « questions de sécurité et d’immigration »… Rappelant qu’il avait parcouru tous les territoires d’Outre-mer depuis qu’il est ministre, il a rappelé à son ministre délégué qu’il était chez lui, place Beauvau, pour disposer de l’ensemble des moyens dont dispose le ministère pour faire que, dans « chaque endroit des terres de la République, il y ait la même égalité des chances et donc la même sécurité ».

Réparer la relation

Si la nomination de Jean-François Carenco a été assez bien accueillie par l’opposition (notamment socialiste) du fait que l’homme est connu pour avoir une bonne expertise, de la technicité et une bonne qualité d’écoute, tout comme par Hervé Mariton, président de la FEDOM qui a salué « un homme de qualité, passionné par les Outre-mer, le fait que son portefeuille passe du rang de ministère de plein exercice à celui de ministère délégué n’a pas eu l’heur de plaire. Ainsi, l’ancien ministre PS Victorin Lurel a parlé de « relégation » tandis que la députée réunionnaise Nathalie Bassire n’a pas hésité à parler du ministère des Outre-mer comme d’« une annexe, un appendice du ministère de l’Intérieur ». « Nos territoires ultramarins méritent tellement mieux, écrit-elle dans un communiqué de presse, que d’être considérés comme une France de seconde zone, des territoires secondaires sous tutelle ! »

Pourtant, Emmanuel Macron et Elisabeth Borne semblent avoir bien mesuré ce choix. En choisissant le profil de l’ancien préfet Jean-François Carenco qui a été tour à tour en poste en Nouvelle-Calédonie, à Saint-Pierre et Miquelon et en Guadeloupe, ils ont voulu donner aux outre-mer un signe d’écoute et d’affection. Le président de la République a prié son ministre délégué de « réparer » la relation avec les Outre-mer, de réussir ce qu’il avait échoué durant son premier quinquennat. Cette relation qui depuis Jacques Chirac doit être si forte entre les territoires et le président, s’est brisée pendant le précédant quinquennat et a laissé au président un goût amer, un goût d’échec. L’action du nouveau ministre délégué sera de rétablir ce lien, de remettre du social et d’entendre la voix des Outre-mer.

FXG

L’émotion et la mission du nouveau ministre

Les premiers mots de Jean-François Carencco ont été « honneur, émotion, humilité, mais aussi détermination et fraternité » pour dire les sentiments qui le submergeaient à l’heure de sa prise de fonction. « Comment ne pas répondre à cet appel de M. le président de la République ? » Jean-François Carenco qui a d’abord égrené le nom de ses amis d’Outre-mer : Simone Schwarz-Bart, Maryse Condé, Jean-Marie Tjibaou, Yeweiné Yweiné, « l’incroyable » André Schwarz-Bart… Le chef de l’Etat et la cheffe du gouvernement l’ont sollicité, a-t-il révélé « pour faire progresser les territoires français de l’Atlantique, du Pacifique, de l’océan Indien et mener, derrière le ministre de l’Intérieur, mais avec eux, une politique de consensus, de dialogue, d’action au service d’une prospérité économique durable, d’un rayonnement culturel essentiel et surtout d’une cohésion sociale réelle et retrouvée ». A partir de ce jour, le ministre délégué en charge des Outre-mer se sent « redevable devant chacun de nos compatriotes ultramarins ». Au menu de sa feuille de route : pouvoir d’achat, l’égalité des droits, la défense absolue de l’environnement, le service public, l’immigration, les questions institutionnelles et les enjeux sanitaires, développement, sécurité… « Toutes ces questions doivent désormais être traitées dans un échange nourri avec les élus, les syndicats, les associations, l’ensemble des corps intermédiaires et des citoyens. »

Les Outre-mer ne sont pas une charge

Reprenant cette antienne : « Les territoires sont une chance pour notre pays », il a ajouté : « Ce n’est pas une charge. Ça suffit de dire que c’est une charge ! Ils sont le rayonnement de la France dans le monde, ils sont le creuset d’une fierté culturelle ! Ils sont là où les défis du XXIe siècle se concentrent. Ils sont là où s’inventent l’avenir de notre pays. » Jean-François Carenco a dit son engagement d’être aux côtés de ses compatriotes d’Outre-mer pour « les aider à faire émerger les réponses à ces défis ». Il a aussi pris soin de dire qu’il avait « bien entendu » l’Appel de Fort-de-France signé conjointement par les sept présidents des collectivités d’Outre-mer le 17 mai dernier « en faveur d’une politique renouvelée qui, sans trahir le secret de nos discussions, ne nous émeut pas, bien au contraire ! » Carenco a cité Césaire, Derek Walcott, Léon Gontran-Damas, Glissant pour dire de « regarder l’avenir avec sérénité et résolution, détermination », il a cité Abd Al Malik qui disait : « République, Ô République, pourquoi donc ne m’as-tu pas dit que tu m’aimais ? » Puis Grand Corps malade : « La France est belle, car elle continuera de faire briller la France de toutes ses couleurs, toutes ses différences et ses incohérences ! » Achevant son discours par un « j’ai besoin de vous tous », il a eu cette in jonction : « Ne disons plus de bêtise sur l’Outre-mer, ce sont nos frères et c’est notre avenir. »

FXG

Interview de Jean-François Carenco, ministre délégué en charge des Outre-mer

« La feuille de route c'est la République c'est merveilleux ! »

Comment percevez-vous vos nouvelles fonctions ?

Je perçois tellement d'opportunités ! J'ai même vu des présidents, des ministres qui disaient : nous on veut être Français ! Et nous, on n'est pas capables de faire connaître la République suffisamment. C'est incroyable la République en outre-mer. Donc on va le faire !

Quelles seront vos priorités ?

Ensemble ! Il y a le niveau de vie d'abord, il faut répondre à ça ! Sur certains territoires, il y a l'immigration. Il y a la culture ! C'est impensable que la France ne soit pas subjuguée, ahurie d'une telle richesse culturelle… C'est ça les priorités ! Après il faut descendre dans la vie des gens, le prix de machin, le prix de ceci, le gaz, l'électricité, l'essence, les transports… Tout ça n'a de sens que si on a une vision que l'outre-mer c'est fabuleux pour la France ! Il faut que les ultramarins en aient conscience. Ce sont eux qui inventent la France pour partie.

Qu'est-ce qui vous a demandé le Président en vous appelant ici ?

Il m'a dit : aime-les ! Il savait que c'était fait…

L'Appel de Fort-de-France, vous l'avez évoqué dans votre discours…

Oui je l'ai lu. Je n'ai rien à dire. J'en ai parlé avec Gérald Darmanin, on va travailler.

Une ouverture est possible ?

Je ne suis pas dans le détail des choses. Ce qui est possible, c'est le travailler ensemble, ensemble et ensemble !

Vous avez cité Léon Gontran Damas…

Nous les peu, nous les gueux, vous !

Damas dit que l’assimilation est une voie sans issue…

Eh bien, il a tort ! Si vous voulez, moi je suis daltonien dans la République !

D’aucuns regrettent que votre ministère ne soit plus de plein exercice…

Gérald Darmanin va donner à ce ministère la force, la force dans les arbitrages, la force dans les discussions. C'est ça qui compte ! Il nous faut de la force.

Avez-vous une feuille de route ?

La feuille de route, elle se construit avec Gérald Darmanin, avec le président de la République, avec Élisabeth Borne que j'ai vue hier soir. La feuille de route c'est la République c'est merveilleux !

Propos recueillis par FXG

Un cabinet en formation

Jean-François Carenco est en train de composer son cabinet. Aucun nom n’a encore filtré si ce n’est celui qui est annoncé comme son conseiller politique, quatrième protocolairement. Il s’agit du Guyanais Déobal Gobin (photo ci-contre), jusqu’alors responsable Outre-mer à LREM et, de 2014 à 2019, conseiller parlementaire du sénateur Georges Patient. A priori les membres du cabinet Braun-Pivet précédemment nommés ne devraient pas être reconduits dans leurs actuelles fonctions.

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