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Publié par fxg

Antoine Karam, lors de la présentation du rapport au Sénat, le 15 septembre 2020

Antoine Karam, lors de la présentation du rapport au Sénat, le 15 septembre 2020

Le Sénat se penche sur le trafic de coke en Guyane

Le rapport de la mission sénatoriale sur le phénomène des mules entre Cayenne et Orly a été adopté mardi matin à l’unanimité. Il préconise que l’autorité régalienne prenne des mesures ambitieuses avant que les dérives maffieuses ne prennent le dessus.

C’est la première fois qu’un travail parlementaire fait un point précis sur le trafic de cocaïne entre la Guyane et l’Hexagone. Le flux représente tout de même 15 à 20 % du marché hexagonal dont on estime à 600 000 le nombre de consommateurs réguliers. La Guyane, à l’intersection stratégique des zones de production et de celles de consommation, connaît de tels déséquilibres économiques et sociaux, que le trafic de cocaïne est devenu une opportunité à laquelle ne résistent pas non seulement une jeunesse défavorisée socialement, mais également des adultes plus âgés et des mères de famille. C’est que la rémunération des mules se situe entre 2 000 et 10 000 euros. « On estime, indique le rapporteur Antoine Karam, qu’en temps normal, entre 20 et 30 passeurs de cocaïne souhaiteraient prendre chaque vol au départ de Cayenne en direction d’Orly et que 8 à 10 y parviendraient. » Ce ne sont pas les deux scanners installés à Félix-Eboué, ni les 25 douaniers sur l’ensemble du territoire qui dissuadent les passeurs, ni les investisseurs. Le trafic est rentable puisque le kilo de cocaïne se négocie à 3500 euros pour être revendu au moins dix fois plus. Certes, un protocole interministériel de lutte contre ce trafic a été signé en 2019, mais les trafiquants adoptent une stratégie de saturation en envoyant des mules en nombre !

Pour prévenir ce phénomène, fait-on tout ce qu’il faut ? Ce n’est pas l’avis des sénateurs qui regrettent l’absence d’un acteur institutionnel désigné, d’une communication adaptée et plus globalement d’une banalisation de ce trafic. Ils proposent donc une réponse articulée en trois axes. Le premier est répressif. Il consiste à traiter la masse des passeurs et à démanteler les réseaux avec des peines « exemplaires et dissuasives ». Pour autant, ils souhaitent une politique de réinsertion efficace. Ainsi, ils recommandent de donner au Service de probation et d’insertion pénitentiaire de la Guyane un rôle de maître d’œuvre, y compris dans l’Hexagone.

Mais surtout, les sénateurs plaident pour un « volet social ambitieux » dans une politique de prévention coordonnée par le préfet et la Collectivité territoriale. Il s’agirait de cibler es familles et leur entourage, les collèges et de l’environnement extra-scolaire et de recourir à la langue bushinengé. Mais encore d’augmenter les crédits de la prévention concernant la formation des jeunes et leur accompagnement socio-professionnel. « Il faut une réponse qui offre un avenir à la jeunesse », a lancé M. Karam.

Enfin, le rapport sénatorial estime que la coopération internationale doit être au cœur du combat en faisant adhérer la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane à la CARICOM et en renforçant la coopération bilatérale avec le Suriname et le Brésil. « Nous sommes à deux heures de vol de la Colombie, poursuit le sénateur Karam. C’est l’image de la France qui est jeu. La solution est entre les mains de ceux qui détiennent le pouvoir régalien ! »

FXG

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