Egyptologie : Jean Yoyotte dénonce l'imposture de Cheik Anta Diop
INTERVIEW. Jean Yoyotte, Egyptologue, professeur au collège de France
Martiniquais par son père, Jean Yoyotte est un égyptologue émérite qui a été responsable du site de Tanis. Il enseigne au collège de France.
Cheikh Anta Diop (1923-1986), s'est appuyé sur des citations d'auteurs anciens comme Hérodote et Strabon pour démontrer que les Égyptiens anciens présentaient les mêmes traits physiques que les Africains noirs d'aujourd'hui. Sur le plan linguistique, il considère en particulier que le wolof, parlé aujourd'hui en Afrique occidentale, présente de nombreuses similarités avec la langue égyptienne antique.
« Cheik Anta Diop était un imposteur »
Comment êtes-vous venus à l’égyptologie ?
Quel regard portez-vous sur les intellectuels Antillais ?
A l’âge de l’enseignement supérieur, comme beaucoup d’étudiants à l’âme à gauche, j’ai lu Franz Fanon. Je connaissais Aimé Césaire comme un écrivain français. Dans les anthologies de poésie française, les Antillais et les Africains doivent avoir leur place, comme les Bretons ou les Provençaux. La francophonie est quelque chose d’admirable… Mon père était un parfait produit de la colonisation par ses bons aspects. J’avais le même talent que lui.
Egyptologue vous-même, vous avez-pu confronter vos idées à celles de Cheik Anta Diop ?
Cheik Anta Diop était un imposteur. Un égyptologue incapable de lire le moindre hiéroglyphe. Dire qu’une partie de l’Egypte… Comme si quelqu’un avait civilisé le monde ! La vision la plus bête d’un instituteur colonialiste et inculte, il l’a retournée ! Les Egyptiens représentaient les hommes en ocre rouge et les femmes en ocre jaune. Cheik Anta Diop n’y voyait qu’une convention esthétique et refuser de voir des Noirs dans les esclaves marrons. Oui, c’étaient des conventions, mais ils représentaient rouge et jaune ! D’autres représentations montrent les Egyptiens rouges, les Canaanéens jaunes, les Lybiens roses et les Nubiens noirs…
Vous l’avez rencontré comment ?
Il était employé à la bibliothèque du Collège de France et il habitait en bas, dans la rue, entre la Bibliothèque et Présence africaine. D’un point de vue scientifique, son œuvre est nulle, c’est une série d’erreurs. Moralement, on peut déplorer que cet homme pacifique ait des successeurs tels que la tribu Ka qui s’appuient sur son ignorance des sciences humaines. Il ignorait qu’il y a des langues sémitiques et non pas des peuples sémitiques. Les Soudanais parlent une langue sémitique… Je lui ai dit : « Assez de ce classement avec pigmentation. Je suis Blanc et mes sœurs sont noires ! » Il acquiesce. « Tu insultes ma mère ! », lui ai-je dit en le prenant par le col. Il sous-entendait que ma mère se serait mal conduite…
Que représente pour vous le devoir de mémoire ?
Il ne se pose pas pour moi et je ne comprends pas très bien. Je connais ma mémoire, celle de mes maîtres, de mon père et de ma tante, celle des grands égyptologues. Revendiquer que l’histoire mondiale ne soit pas toujours exposée du point de vue du pouvoir central français est une protestation légitime. Un historien a le devoir de reconstituer des faits du passé mais pas d’opter sur une version ou une autre. On retrouve cela chez Glissant : pas de jugement qualitatif, a fortiori sur les histoires nationales. Il y a du beau et de l’affreux, il faut l’admettre.
Les lobbyings afro-français et Antillais ont inquiété les historiens. Qu’en pensez-vous ?
Que veulent le CRAN ou le Collectifdom ? Que l’on tienne compte de l’enseignement de Pétré-Grenouilleau dans l’enseignement scolaire ? Mais nous allons nous mettre les Arabo-musulmans à dos car ils ont été plus esclavagistes en données numériques.