Pierre-Edouard Décimus
ITW Pierre-Edouard Décimus
« J’ai pensé à Goldorak »
Vous avez eu l’idée du nom du groupe, Kassav. Comment cela est venu ?
Ce qu’on voit aujourd’hui, c’est une quête, une affirmation identitaire. Je jouais dans un groupe qui s’appelait les Vikings… Je sais pas si vous voyez le rapport : Viking et… Quand on prend conscience, il faut se recaler. J’ai voulu trouver un autre nom. J’ai pensé à Goldorak. J’avais lu que le nom avait trouvé par un ordinateur. Je croyais que c’était Américain, et en fait c’étaient les Japonais qui avaient entré dans un ordinateur tous les ingrédients qui font un nom à succès. Il fallait des V, des S… Et l ‘ordinateur a donné Goldorak. Ils ont fait confiance à ce nom et ça m’a passionné ! Je me suis en tête de la même démarche pour contrebalancer ce Viking qui me pesait… Mais après on se disait qu’il fallait avoir vécu une histoire pathétique à côté. Et je me suis souvenu, quand j’étais petit, de ma voisine qui faisait, des kassaves, la farine de manioc… J’allais jouer avec l’eau et elle s’affolait, me disait de ne pas jouer avec l’eau, que c’est dangereux, ça tue ! L’enfant que j’étais ne pouvait pas comprendre comment on peut manger le manioc et que leur eau peut tuer. C’est resté très longtemps très mystérieux. Ca me tracassait l’esprit. Bien après, vers 17 ans, j’ai appris que c’était de l’arsenic et que ça s’en allait à la cuisson. Avec Freddy Marshall, on a mis plein de mots. Freddy voulait faire quelque chose avec moi. Il aimait ma musique, ma façon de composer. J’étais le bassiste d’Ophélia et lui, il distribuait ses disques. Il me disait souvent : « Si tu fais quelque chose, je suis là. » Je vais pas tout dire, parce que tout ce que je dis là, c’est dans mon livre ! Je revenais de Guadeloupe, puisque j’avais fait avec Jacob et les Vikings un album pour changer le nom. Viking était devenu Kazo, pour Camille Soprane. On avait pas assez d’argent pour le terminer. Il y avait Véoka, Vélo,un certain nombre de morceaux qu’on ne pouvait mettre sur le disque Kazo, faute d’argent. Freddy Marshall m’a alors dit : « Est-ce que ça te dirait que je distribue un album que tu coproduis… » Et on a sorti Kassav. C’est fortuit...
Mais ça dure !
Ca dure parce que l’ordinateur avait raison, les Japonais avaient raison !
Pourquoi restez-vous dans l’ombre, vous le cerveau de Kassav ?
Depuis toujours, je ne me vois pas artiste. Je compose. Mais pour moi, il y une différence entre composer et être artiste sur scène. Je ne me reconnais pas comme un artiste, mais pas celui de musique. J’ai mis deux ans à convaincre Camille et Guy Jacquet qu’il fallait changer de nom et autant pour leur dire qu’on devait tous se mettre derrière l’artiste qui était alors Soprane.
« J’ai pensé à Goldorak »
Vous avez eu l’idée du nom du groupe, Kassav. Comment cela est venu ?
Ce qu’on voit aujourd’hui, c’est une quête, une affirmation identitaire. Je jouais dans un groupe qui s’appelait les Vikings… Je sais pas si vous voyez le rapport : Viking et… Quand on prend conscience, il faut se recaler. J’ai voulu trouver un autre nom. J’ai pensé à Goldorak. J’avais lu que le nom avait trouvé par un ordinateur. Je croyais que c’était Américain, et en fait c’étaient les Japonais qui avaient entré dans un ordinateur tous les ingrédients qui font un nom à succès. Il fallait des V, des S… Et l ‘ordinateur a donné Goldorak. Ils ont fait confiance à ce nom et ça m’a passionné ! Je me suis en tête de la même démarche pour contrebalancer ce Viking qui me pesait… Mais après on se disait qu’il fallait avoir vécu une histoire pathétique à côté. Et je me suis souvenu, quand j’étais petit, de ma voisine qui faisait, des kassaves, la farine de manioc… J’allais jouer avec l’eau et elle s’affolait, me disait de ne pas jouer avec l’eau, que c’est dangereux, ça tue ! L’enfant que j’étais ne pouvait pas comprendre comment on peut manger le manioc et que leur eau peut tuer. C’est resté très longtemps très mystérieux. Ca me tracassait l’esprit. Bien après, vers 17 ans, j’ai appris que c’était de l’arsenic et que ça s’en allait à la cuisson. Avec Freddy Marshall, on a mis plein de mots. Freddy voulait faire quelque chose avec moi. Il aimait ma musique, ma façon de composer. J’étais le bassiste d’Ophélia et lui, il distribuait ses disques. Il me disait souvent : « Si tu fais quelque chose, je suis là. » Je vais pas tout dire, parce que tout ce que je dis là, c’est dans mon livre ! Je revenais de Guadeloupe, puisque j’avais fait avec Jacob et les Vikings un album pour changer le nom. Viking était devenu Kazo, pour Camille Soprane. On avait pas assez d’argent pour le terminer. Il y avait Véoka, Vélo,un certain nombre de morceaux qu’on ne pouvait mettre sur le disque Kazo, faute d’argent. Freddy Marshall m’a alors dit : « Est-ce que ça te dirait que je distribue un album que tu coproduis… » Et on a sorti Kassav. C’est fortuit...
Mais ça dure !
Ca dure parce que l’ordinateur avait raison, les Japonais avaient raison !
Pourquoi restez-vous dans l’ombre, vous le cerveau de Kassav ?
Depuis toujours, je ne me vois pas artiste. Je compose. Mais pour moi, il y une différence entre composer et être artiste sur scène. Je ne me reconnais pas comme un artiste, mais pas celui de musique. J’ai mis deux ans à convaincre Camille et Guy Jacquet qu’il fallait changer de nom et autant pour leur dire qu’on devait tous se mettre derrière l’artiste qui était alors Soprane.
Son des silences du café créole bluesPierre-Edouard Décimus prépare un livre à paraître en octobre chez Actes Sud. Le titre est évocateur : « Son des silences au café créole blues ». « C’est, confie l’auteur, le témoignage d’un fils de la classe ouvrière, populaire, rurale, créolophone afro-guadeloupéenne » sur l’histoire du quartier de l’Assainissement, à Pointe-à-Pitre. C’est là qu’il est né, rue Anatole Léger en 1947. Puis, en 1950, ses parents ont déménagé, non loin... Témoin de l’assainissement et l’urbanisation de la ville dans les années 1960, de l’évolution de ce quartier, il essaie de « prendre à parti les paradoxes pour comprendre et résoudre des problèmes récurrents, démythifier les mots… Ce n’est pas un problème d’esclavage, mais un problème d’homme ». Il raconte aussi cette histoire de musique, le zouk.