Procès Rachid Ramda
Attentats de 1995 : procès d’assises en appel
Le procès de Rachid Ramda a débuté hier, devant la cour d’assises d’appel de Paris. Parmi les victimes de l’attentat de Saint-Michel, une Martiniquaise…
Le 17 octobre 1995, peu après 7 heures, une bombe artisanale explosait dans la deuxième voiture du RER C, entre les stations Musée d’Orsay et Saint-Michel. 26 personnes étaient blessées dont cinq très gravement. Parmi celles-ci, se trouvaient une jeune Martiniquaise, Monique Fresino. Hier à Paris, a débuté le procès d’assises en appel d’un des présumés organisateurs de cet attentat (et de ceux perpétrés entre juillet et octobre 1995 : Saint-Michel, Maison blanche…), un militant du GIA, Rachid Ramda, aujourd’hui âgé de 40 ans. Condamné par un tribunal correctionnelle en 1999 à 10 ans de prison pour la préparation d’un attentat déjoué à Lille (Nord), il a écopé d’une peine de réclusion criminelle à perpétuité pour cette série d’attentat mais il a fait appel de l’arrêt criminel, d’où ce deuxième procès. Avec 200 victimes, 17 000 pages de procédure, des témoins comme Paul Marion, ancien patron de l’antiterrorisme, Jean-Louis Debré (ancien ministre de l’Intérieur, mais le président du Conseil constitutionnel s’est excusé), Alain Marsault, le général Philippe Rondot (celui du dossier Clearstream !) ou encore Jacques Toubon, il faudra un mois à la cour et ses jurés pour aboutir au terme de ce procès.
Touchée par un précédent attentat
Monique Fresino, accompagnée de Me Boulogne Yanting du barreau de Martinique (et Me Ursulet du barreau de Paris), a fait le voyage exprès depuis Fort-de-France pour assister à ce procès aux côtés des autres victimes. Ce 17 octobre 1995, la jeune Martiniquaise se rendait à son travail, au ministère des Transports. « J’avais été mutée le 1er juillet à Paris… » Elle est retournée vivre en Martinique juste après l’attentat. Ancienne hôtesse de l’air chez UTA, elle avait déjà perdu un collègue martiniquais lors de l’attentat contre un DC10 à N’Jamena (Tchad), le 19 septembre 1989. Très affectée par la mort de ce collègue (il était le pilote), Monique avait choisi de quitter UTA et le monde aérien pour devenir fonctionnaire, un monde qui lui semblait moins dangereux. Mais ce 17 octobre 1995, la folie humaine la rattrapait…
FXG, agence de presse GHM
Trois questions à Alex Ursulet, avocat de Monique Fresino
« Face à face entre le bourreau et la victime »
Vous accompagnez Monique Fresino, venue exprès de Martinique, pour assister à ce procès, quinze ans après les faits. Est-ce important pour votre cliente d’être là ?
Bien sûr ! C’est la première fois qu’elle sera confrontée au regard de celui qui a tout organisé, qui a tout financé. C’est d’autant plus pénible pour elle que nous sommes au palais de justice de Paris qui est à Saint-Michel, sur les lieux mêmes de cet attentat qui a bousillé sa vie.
Elle était dans le RER, ce 17 octobre 1995. Elle fait partie des 26 victimes. A-t-elle été gravement touchée ?
Elle a été touchée et elle entend demander réparation de cet acte de barbarie. Pendant un mois, nous aurons à être confronté à ses dénégations puisqu’il nie les faits.
Pour votre cliente, est-ce une étape nécessaire pour dépasser le souvenir de l’attentat ?
Le face à face entre le bourreau et la victime est capital…
Propos recueillis par FXG, agence de presse GHM