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Publié par fxg

cover-Vicror-O.jpgVictor O sort chez Aztec Musique, Diasporas, son deuxième album, qu’il présente le 8 mars au New Morning avant d’entamer une tournée en province, en outre-mer et à l’étranger. Pour l’accompagner sur scène, Joël Jaccoulet (chef d’orchestre), Julien Belloir (guitare), Jean-Philippe Fanfant (batterie), Stéphane Castry (basse), Eric Gautier du groupe de reggae Fire Dub (saxo), Bouglie (percu) et Georges Granville (clavier). Interview.

« Il y a d’autres publics à conquérir »

Après votre dernier disque, Revolucion Caribeana, vous vous décentrez avec Diasporas…

Victor-O-1.jpgOu alors je me recentre ! J’ai fait le voyage de retour vers les Antilles, il y a dix ans… Je suis issu de la diaspora antillaise parisienne. Ce n’est pas tant l’album du retour à la diaspora, c’est qu’il y a une histoire autour des migrations et des cultures qui y sont liées que j’avais envie de raconter à travers ma propre histoire. Il y a une chanson éponyme qui n’est qu’un léger fil conducteur parce que cet album n’est pas que des histoires de diaspora. Je voulais mettre en exergue le fait qu’il y a encore un imaginaire négatif autour des histoires de diaspora. Or les diasporas sont les histoires de personnes qui construisent un monde nouveau, aux Etats-Unis, en Amérique du Sud… Et l’Europe moderne aussi est une histoire de diasporas… J’ai donc voulu mettre en lumière, de manière positive à travers mon histoire, les diasporas.

Les morceaux font-ils référence à chacune de vos racines-rhizomes pour être glissantien ?

Ils font plutôt référence à mes expériences. La petite histoire est que les suites de l’album Revolucion Caribeana ont été beaucoup de voyages. J’ai eu la chance d’aller dans toute la Caraïbe donner des concerts, j’ai fait une magnifique tournée au Brésil et le Brésil est une terre de diasporas en action… Tout ça est allé dans le sens de cet imaginaire que j’ai voulu pour ce nouvel album. Je l’avais en tête depuis un moment et ces voyages l’ont affirmé. On reste dans la même diversité de style que le précédent album, mais c’est un peu plus ouvert, plus world music.

Dans Diasporas, vous faites une référence à Trust…

Quand je suis arrivé, à 11 ans, en France, j’ai fréquenté les MJC et ma première soirée, c’est super comique pour un Antillais, c’était sur Antisocial de Trust ! Et tout était résumé a ça. Ça n’était pas compartimenté dans la jeunesse alors entre les communautés.

Cinq ans entre les deux albums… Comment avez-vous travaillé ?

Je travaille toujours avec Joël Jaccoulet. Disons que je me suis plus impliqué en matière de réalisation et d’arrangements. J’ai travaillé aussi avec le groupe belge Joshua qui vient d’un univers plus pop avec une vision du mix différente. Djoum, leur mixeur a travaillé avec Bashung et a une approche différente de la nôtre, plus proche de la grande et belle variété. C’était ma volonté qu’on soit un peu dans des voies différentes des nôtres même si moi aussi je fais de la pop.

Vous renouez avec vos débuts quand vous avez composé pour Clémentine Célarié ?

Oui, ça ne m’est pas étranger. Mais dans ma musique actuelle qui est une musique créole, c’était bien d’avoir cet apport pop. C’est aussi une manière de donner du sens au sous-titre de l’album qui est In tempore conquestus parce que la base est antillaise et j’y tiens, mais il y a d’autres publics à conquérir et c’est pourquoi je propose mon nouvel espace.

Comment écrivez-vous ?

Victor-O-3.jpgJe suis un auteur d’accumulation et d’humeurs. Comme l’écriture est toujours laborieuse, il a fallu agglomérer pas mal de choses pour arriver au moment explosif. Cinq ans d’accumulation et six mois d’écriture… Le titre Diasporas raconte mon arrivée en France en 1979 avec mes parents. La chanson Tabenka, un terme trinidadien et capverdien, raconte les limbés, les peines d’amour masculines. Tabenka, c’est la folie liée à la peine d’amour. J’ai enregistré Alma Negra à Salvador de Bahia, une chanson sur Salvador de Bahia. On a enregistré les percussions avec un percu brésilien, Paulo Giron, dans une chambre d’hôtel… J’ai aussi écrit une chanson qui s’appelle Marianne. La chute du refrain est : «  Marianne est un peu noire. » Quatre couplets pour faire écho au mal qu’a la France à exprimer qu’elle est aussi un peu métissée, une réalité implacable, incontournable et irrépressible. Et puis je fais quelques clins d’œil, je parle des macaques, une référence qui n’est pas innocente. Je prends comme point de départ la phrase de Sarkozy : « La France, tu l’aimes ou tu la quittes. » Et je la reprends en faisant comme si c’était une femme. Il y a un couplet à propos des rhums ou des Roms qu’on se prend cul sec ! Les Roms sont l’alibi à toutes les peurs alors qu’en termes de société, ils sont un micro-souci en France. C’est assez inacceptable pour peu qu’on ait de l’affection pour son pays de le laisser partir dans toutes ces considérations ethnocentrées…

Vous ne le revendiquez pas, mais c’est un album engagé. Etes-vous d’accord avec ce terme ?

Disons que ca se veut paisible, mais je ne peux pas passer à côté du fait de dire des choses un peu politiques. C’est le cas avec la chanson composée avec Mike Ibrahim, No Crisis. On l’a écrite vers 2010 quand on nous serinait pour nous dire que le quidam est en crise. Une crise bancaire du fait de manipulations, de mauvaise gestion que les Etats ont essayé de rattraper après. On fait des gens les victimes d’une crise dont ils ne sont pas responsables. Plutôt que de tourner ça de manière directe, on a fait une chanson métaphorique, mais sur ce thème. Ça a failli être le titre de l’album.

Propos recueillis par FXG, à Paris


Danssi Mang, un titre en bushinengué

Victor-O-2.jpgJ’ai été en résidence à Mana avec Jeff Joseph et j’ai rencontré le groupe bushinengué, New combinati. On a fait ensemble un morceau tres festif, une road song qui raconte l’arrivée d’un Martiniquais à Cayenne et qui va jusqu'à Mana. La Guyane est une terre d’espaces, d’espaces naturels, d’espace tout court, à Kourou avec Ariane, puis a Sinnamary avec Soyouz… Puis c’est Iracoubo avec son poste de douane où l’on vous dit : « Gendarmerie nationale, vos papiers ! » Le truc vraiment incongru…Et puis, il y a Mana qui est une petite ville très créole… Et nous voilà encore dans des histoires de diasporas ! On est arrivé un matin avec Joël Jaccoulet pour enregistrer dans une maison au bord du fleuve et c’était le jour du versement de la CAF. Il y avait devant la Poste une file de gens aussi divers les uns des autres… Incroyable, on aurait dit le Mexique ! On est allé au village Charvin, la section bushinenguée de Mana et là, on était en Afrique !

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