La Guyane aux trophées Mix'art au cirque d'Hiver-Bouglionne
Les élèves de Guyane récompensés aux trophées Mix’art à Paris
Mercredi 6 juin, le cirque d'Hiver-Bouglionne à Paris accueillait la cérémonie de remise des trophées Mix'art aux collégiens et lycéens de France. Huit Guyanais étaient présents. Reportage
La vedette, c’était Carlos Adaoudé, artiste Tembé, du Maroni. Un détenteur de l’art ancestral des bushinengués. Il trône au–dessus de la piste du cirque d’Hiver, à Paris, à côté de l’orchestre. Il réalisera durant toute la cérémonie de remise des trophées Mix’art une œuvre en direct. Dans les travées des spectateurs, des collégiens, des lycées venus de toutes les académies de France. A L’ouest de la piste, aux deux premiers rangs a pris place la délégation guyanaise. Ils sont accompagnés d’un professeur d’art plastique, Alexandre Loyau, du collège Ma Aiye d’Apatou, et de Martine Fazer, coordinatrice du projet en Guyane. M. Jasper, directeur de cabinet du recteur de Guyane, déplore l’absence de deux élèves, Anëlle et Yvon. Ce dernier est en 3e au collège d'Apatou, Surinamais sans papier... « D’autant plus qu'Yvon devait recevoir un prix spécial », regrette-t-il. Les huit adolescents qui sont là ont en commun d’avoir travaillé durant deux séances, chacun dans leur établissement, avec dix artistes itinérants. Il y a Joana Aliman He, Florès Campos du collège de Cacao, Olivier de Saint-Georges, Song du lycée de Kourou, Muriel du collège Léodat à Saint-Laurent, Jeff Bonhomme, du lycée de Balata, et les deux lauréats nationaux de ce trophée : Rayane Cardoso-Pontoja et Jean-Daniel Paul du collège Justin-Catayée à Cayenne. Sur la piste, Tano, l’animateur de Guyane 1ère, est M.Loyal. Le groupe Etnik 97 annonce à gros son de tambours antillais la première remise de récompense. C’est Jean-François Villesuzanne, chargé de mission à l’administration du ministère des Outre-mer, qui remet le trophée de la biodiversité à Rayane pour l’œuvre collective de la classe de seconde secrétariat du lycée Max-Joséphine à Cayenne. « Totem et Art mot nid symbolise l’appartenance à un groupe », déclare la jeune fille au centre de la piste aux étoiles. Elle évoque le carnaval, l’art saramaca, témbé, amérindien, la faune et la flore de Guyane… Le dessin est rétroprojeté en grand au-dessus des musiciens et de Carlos Adaoudé qui continue sa toile. Claude Esclatine, patron de France Ô appelle ensuite Jean-Daniel pour recevoir le trophée Liberté d’expression. « Laissez-moi parler », clame cette œuvre, telle une affiche placardée dans la rue. « Force ! », lance le lauréat à la foule de spectateurs. Un numéro de trampoline vient fairel’intermède avant une nouvelle série de récompense. Rayane et Jean-Daniel ne sont plus au cirque, ils répondent aux journalistes dans la salle où sont exposées les œuvres récompensées.
FXG (agence de presse GHM)
Mix'art
Le prix Mix’art existe depuis trois ans à l’initiative d’une association Ariana à laquelle collabore le ministère de l’Outre-mer. « Elle a pour vocation de mobiliser les jeunes autour de principes républicains de tolérance, d’égalité des chances et de cohésion sociale par la pratique des arts urbains et de la bande dessinée pour la promotion de la diversité culturelle. »
Interview Jean-Daniel Paul
Que ressentez-vous ?
Une grande joie. Ca arrive pas tous les jours. C’est génial, il y a eu le billet d’avion, le public… Y avait beaucoup de gens, ils sont tous venus, merci !
Comment est née votre œuvre ?
C’est moi qui ai eu l’idée de faire ce personnage muselé. Après le reste, les camarades et les artistes de passage m’ont aidé à mettre les couleurs, à rajouter deux ou trois choses. On a voulu montrer qu’il y a beaucoup de populations qui ne peuvent pas s’exprimer. Il montre que ça existe toujours, on va dire ! Je crois que ça a plu parce qu’on a mis des significations. Je n’ai pas utilisé des formes réelles, j’ai simplifié toutes mes formes et j’ai mis des couleurs comme le jaune qui montre l’espoir, le noir, le désespoir. J’ai aussi mis une personne de couleur parce que c’est plutôt chez les étrangers, les gens qu’on juge inférieurs qu’on retrouve ça. Et pour la main sur la bouche, j’ai mis une couleur qu’on n’a pas l’habitude de voir tous les jours pour pas personnaliser la chose, montrer que c’est tout le monde qui peut empêcher la liberté d’expression.
Que retenez-vous de cette aventure ?
Qui que l’on soit, on a liberté et on peut y arriver. Je n’avais jamais pensé que j’aurai pu arriver à ce voyage à Paris. Il ne faut jamais avoir peur de perdre, ni peur de s’exprimer.
Propos recueillis par FXG
ITW Rayane Cardoso-Pontoja
Que ressentez-vous ?
Je suis contente et je pense à les élèves de la seconde BS 2 de Max-Joséphine parce qu’on a travaillé ensemble. Je suis contente aussi parce que j’ai pu connaître Paris. Je n’étais jamais venue ! C’est grâce à nos professeurs que nous avons participé.
Quelle est la particularité de votre œuvre ?
On voulait montrer que la Guyane avait des richesses et on a travaillé sur l’esprit de l’homme et la nature. Ainsi vous voyez un être mi-homme, mi-papillon. On a voulu aussi rappeler qu’il y a des arts divers en Guyane, l’art tembé, saramaca, amérindien, noir marron. Ce n’est pas parce que la Guyane est éloignée qu’on ne doit pas en parler.
Que retenez-vous de cette aventure ?
J’étais coincée dans un endroit éloigné de tout ça et là, je me sens comme une star. Je vis un rêve en ce moment ! Il y a des endroits à visiter, le château de Versailles. Et après on reprend l’école et on va faire partager à nos camarades tout ce qu’on a vécu pendant ce séjour à Paris.
Propos recueillis par FXG