Polemiques et luttes internes au CRAN
Le CRAN fait polemique
La polémique lancée par le Conseil représentatif des associations noires (CRAN) sur les réparations liées au crime de l’esclavage et de la traite négrière, avec son assignation contre la Caisse des dépôts et consignations, l'a remis aux premières loges de l’actualité à l’occasion de la Journée de commémoration nationale du 10 mai, quand le président de la République a parlé de « réparations impossibles ». Fait étrange, Patrick Lozès, fondateur du CRAN, vient apporter son soutien à François Hollande…
C’est que la présidence de cette association fait l’objet d’une bataille judiciaire, dont une première manche (référé du 25 avril dernier) a donné raison à son président élu en 2011, l’universitaire martiniquais, Louis-Georges Tin, contre Patrick Lozès et Madeira Diallo qui revendique lui aussi la présidence.
A la fin 2011, quand le premier président du CRAN, Patrick Lozès, décide de se lancer dans la campagne présidentielle (pour laquelle, il ne parviendra pas à réunir les 500 signatures nécessaires), son poste échoit à Louis-Georges Tin. Un an plus tard, le 13 octobre 2012, le conseil d’administration de l’association remet en cause l’action de son président. Ainsi le procès-verbal de cette réunion précise : « Les formalités administratives minimum n'ont toujours pas été effectuées depuis la dernière assemblée générale. Le CRAN ne dispose d’aucun document administratif validant les changements intervenus depuis novembre 2011. » C’est ainsi que les administrateurs constatent que le CRAN n’a ni président, ni siège officiels… « Les courriers officiels y compris les relevés bancaires sont retournés aux envoyeurs ». Le CRAN n’a pas non plus de bureau : « Pas de vice-présidents, pas de porte-parole, pas de trésorier adjoint, pas de secrétaire général adjoint… » Plus grave, « la salariée du CRAN, payée sur des deniers publics, n'a plus de fiches de paie depuis novembre 2011. Sa paie de septembre 2012 n’a pas été réglée [et] les derniers comptes du CRAN n'ont pas été établis ». Enfin, « la multiplicité des casquettes [de Louis-Georges Tin] entraîne une illisibilité des actions et des déclarations du CRAN ». Une résolution adoptée à 70 % désapprouve la gestion du président Tin. C’est ainsi que lors de son assemblée générale, du 9 février 2013, il est mis fin à la présidence de Louis-Georges Tin, remplace par le secrétaire général, Madeira Diallo. Ce dernier est considéré par Louis-Georges Tin comme « l’homme de paille » de Patrick Lozès…
Les documents rassemblés par les opposants de Louis-Georges Tin révèlent que ce dernier a déposé le nom du CRAN à l’Institut national de la propriété intellectuelle (INPI) le 3 decembre 2012. Ils lui reprochent par ailleurs « d’avoir détourné les actions et subventions du CRAN » au profit d’une autre association présidée par M. Tin, République et diversité. C’est dans ce contexte, que Madeira Diallo indique dans un courrier en date du 9 mai dernier : « Une action au pénal sera lancée contre Louis-Georges Tin pour atteinte à la notoriété d'autrui, faux et usage de faux, abus de confiance et détournements. » Mais une autre enquete est en cours, selon Le Monde qui ecrit dans son édition du 12 mai : « La brigade de répression de la délinquance économique s'intéresse à des mouvements de fonds de 130 000 euros entre le compte du CRAN, le compte personnel de Patrick Lozès et celui de sa société de consulting L & Associés, fondée en 2008. »
FXG, à Paris
Histoire et composition du CRAN
Le CRAN a été créé dans la foulee des émeutes en banlieue et de la loi sur la colonisation dite « positive ». Porte sur les fonts baptismaux en novembre 2005 à l’Assemblee nationale, le Conseil représentatif des associations noires, était sensé etre un équivalent pour la diaspora noire du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF).
L'ex-porte-parole des Verts Stéphane Pocrain, l’ex-députée de Guyane Christiane Taubira, le chanteur camerounais Manu Dibango ou encore l'ancien président de SOS Racisme Fodé Sylla sont présents lors de sa constitution. En 2007, Le CRAN revendique 1 200 adhérents et, en 2009, il précise fédérer 120 associations et fédérations d'associations. Présidé jusqu’en 2011 par le Franco-beninois Patrick Lozès, le CRAN a trouvé immédiatement face à lui un certain nombre d’associations antillaises, au premier rang desquelles, le Collectifdom et le CM98. C’est la présence de son porte-parole, Louis-Georges Tin, alors président de l’association An nou allé, qui a permis au CRAN d’avoir une assise antillaise.
Aujourd’hui, le CRAN réunit, selon le procès-verbal de son conseil d’administration du 13 octobre 2012, quinze associations. Elles sont Afrique conseil (F. Ezembe), Amitié judeo-noire (Y. Kamani), Amivog (P. Mbom), An nou allé (L.-G. Tin), Capdiv (P. Lozes), les Amis du CRAN (M. Diallo), Eclectique (C. Tisserand), Enfants d’ici et d’ailleurs (K. Gnaore), Freedom (Z. Bernard), Etude et coopération (E. Mbong), Partage (M.-A. Ngoma), Azec (K. Atsu), Oxygène social (L. Thiam), Rafale (M.-D. Fall) et SAF (G.-S. Nyoumi).