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Publié par fxg

les dépoutés Serville et Adam lors de la création de la commission d'enquêt en mars dernier

les dépoutés Serville et Adam lors de la création de la commission d'enquêt en mars dernier

44 propositions contre l’orpaillage illégal

Le rapport de la commission d’enquête parlementaire sur la lutte contre l’orpaillage illégal propose de changer de doctrine en confiant au chef de l’Etat ou au Premier ministre son pilotage.

La commission d’enquête parlementaire sur la lutte contre l’orpaillage illégal en Guyane a adopté à l’unanimité de ses membres mercredi 21 juillet le rapport établi par le futur ex-député Gabriel Serville. Les 44 propositions qui composent la deuxième partie de ce rapport seront très prochainement soumises au gouvernement pour améliorer la lutte contre ce fléau. La première partie est un état des lieux qui rappelle qu’il peut y avoir 1000 sites clandestins exploités par moment, qu’une commune comme Papaïchton a pu connaître en un an une hausse de 90 % du nombre de sites illégaux, que 10 tonnes d’or sont volées chaque année à la Guyane moyennant quoi des dizaines de kilos de mercure y sont répandus dans la nature et sa chaîne alimentaire… « Une situation, selon Gabriel Serville, inquiétante pour les habitants du haut Maroni dont beaucoup sont infectés au méthyl-mercure. » L’orpaillage illégal, c’est encore l’équivalent de 1000 terrains de foot déforestés par an, 500 à 750 millions d’euros de manque à gagner et encore une dépense supplémentaire de 70 millions d’euros pour l’Etat avec 500 militaires engagés dont 300 sur le terrain en permanence…

La deuxième partie du rapport détaille à travers ses 44 propositions les moyens de contenir le phénomène et à terme de l’éradiquer. Sans pour autant renoncer au concept d’éradication, le rapporteur Serville indique que les moyens humains, matériels et financiers ne pourront être mobilisés d’un seul coup eu égard au caractère « colossal », « monumental » du travail à accomplir. Pour commencer, trois propositions priorisent la lutte et la positionnent comme une « priorité nationale ». Ainsi la proposition numéro 2 vise à confier le pilotage de la lutte à l’Elysée ou à Matignon avec la création d’un poste de conseiller dédié. La n°3 vise à transformer l’état-major de la lutte contre l’orpaillage et la pêche illégale en une force d’intervention intégrée afin de bénéficier pleinement des complémentarités et des synergies de l’ensemble de ses acteurs. La proposition n°5 vise à transformer l’observatoire de l’activité minière en une autorité administrative indépendante basée à Cayenne. « Cela renforcerait la transparence de ses actions et sa crédibilité », explique le rapporteur.

Contenir avant d’éradiquer

Il s’agit donc d’un changement de doctrine avec cette idée d’un pilotage national et non plus guyano-guyanais. « Ce que l’Etat a fait à Notre Dame des Landes, a indiqué Gabriel Serville, en envoyant 2000 gendarmes contre 2 ou 300 zadistes pacifiques, il doit savoir le faire sur le sol guyanais. »

Reste que ce rapport n’est qu’un rapport et que d’ici que loi vienne traduire concrètement ces propositions, le temps risque de passer au moins jusqu’aux prochaines élections présidentielles et législatives. « Les propositions les plus importantes, précise le rapporteur, doivent d’abord être mises en œuvre à savoir le renforcement des effectifs, le remplacement des appareils militaires vétustes, l’intégration des chefs coutumiers dans le maillage entre les populations locales et les forces armées, le démantèlement des bases logistiques, un  travail de diplomatie avec la Chine pour enrayer les filières d’approvisionnement de matériels d’extraction ou avec le Suriname auquel le rapport propose à ce qu’il s’engage à interdire la vente de mercure. Une des propositions concerne la traçabilité de l’or intégrée dans la loi française mais pas encore au niveau international (dès lors que le BRGM sera parvenu à mettre au point le procédé qui permet de repérer si l’or a été extrait avec du mercure et son origine géographique… Le rapport préconise encore d’améliorer le renseignement et la couverture numérique du territoire. Sur la santé, il propose de modifier la nomenclature de l’Assurance maladie et de créer un centre de recherche sur les intoxications au mercure.

Ce rapport sera rendu public mercredi 28 juillet.

FXG

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