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Publié par fxg

Interview Roseline Bachelot, ministre de la solidarité

La ministre de la Solidarité arrive ce samedi en Martinique. Elle présidait lundi à Schoelcher, mardi à Baie-mahault (Guadeloupe) et ce mercredi à la CCI de Cayenne, un débat citoyen sur la dépendance.

bachelot-3--fxg-GHM-.jpg« le socle de solidarité nationale doit rester massif »

Vous organisez un peu partout en France des débats sur la dépendance. Cette fois, c’est aux Antilles Guyane. Qu’attendez-vous de ces débats ?

Il y a un débat par région et il était évidemment impensable que les débats n’aient pas lieu en outre-mer. C’est un débat citoyen et je donne la parole à tous les Français. Et le débat sur l’ensemble du territoire a des spécificités locales. En Guyane, par exemple le département le plus jeune de France, il y a des contraintes très fortes imposées par la géographie, et une pénurie importante des professionnels de santé. En Martinique et en Guadeloupe, on a une sorte de tension puisque nous avons des départements très jeunes mais qui deviendront en 2040 les départements les plus âgés juste derrière la Corse. On voit que l’équité nationale doit tenir compte des spécificités territoriales.

Est-ce qu’on sait déjà quelle matrice de système on envisage pour assurer le risque de la dépendance ?

Nous avons un socle de principe qui guide le débat sur la dépendance. Il y a d’abord, au niveau de la prise en charge, la coordination des parcours et des intervenants autour des personnes âgées. Les gens ne veulent plus devoir emprunter un véritable parcours du combattant. Le deuxième principe, c’est vraiment de mettre l’accent sur la prévention. Enfin, il s’agit de l’importance des aidants, familiaux ou familiers. Les familles ne veulent pas abandonner ce rôle auprès des leurs – et Dieu sait combien les solidarités familiales sont importantes en outre-mer -, mais elles ne veulent pas seulement être cantonnées dans ce rôle d’aidant familial. Elles veulent rester un conjoint, un enfant ou un petit-fils… Ca, c’est évidemment très important. Et puis, le 4e élément est que nous avons besoin d’imaginer d’autres moyens pour prendre en charge la dépendance, et ces débats doivent être aussi un laboratoire de l’innovation sociale.

Est-ce qu’on a évalué le coût qu’il en reviendra aux Français, individuellement et collectivement ?

bachelot-4--fxg-GHM-.jpgLe principe est que le socle de solidarité nationale qui est le nôtre actuellement, doit rester massif et doit être conforté. La dépendance repose d’abord et principalement sur la solidarité nationale. Sur les 30 à 32 milliards d’euros mobilisés pour la dépendance, 24 ressortent de la solidarité nationale (80 % par l’Etat, 20 % par les départements). Le deuxième principe est de ne pas faire payer notre dépendance par les générations futures. C’est-à-dire qu’on ne fasse pas ce qui a été fait dans certains autres secteurs de la protection sociale, qu’on paie la dépendance par la dette. Enfin, nous sortons d’une période de crise financière et économique très grave, et il ne faut pas non plus faire peser sur le travail le coût de la dépendance. Voilà les trois principes fondamentaux de la réforme. Ce cadre étant fixé, toutes les pistes sont ouvertes. L’un des objets du débat est de dresser l’acceptabilité et la pertinence des pistes financières. Les arbitrages seront rendus par le Président de la République à l’issue des débats, au cours du mois de juillet.

Quelles autres pistes sont possibles ?

Bien sûr, nous savons qu’il faudra mettre plus d’argent dans la prise en charge de la dépendance mais il faut aussi réfléchir aux moyens existants. Peut-on faire mieux avec les sommes considérables que nous mettons déjà dans le secteur ? Je suis persuadé qu’il y a des gains d’efficience à réaliser, une réflexion à avoir sur des structures plus adaptées… On a par exemple bipolarisé notre système avec des services à domicile d’un coté et des maisons de retraites très médicalisées de l’autre. N’y a-t-il pas la place pour des structures intermédiaires ?

Quelle sera la marge de manœuvre du gouvernement par rapport à ce qui ressortira de ces débats ?

Ces débats constituent la base de notre réflexion. Je ne fais pas un débat de façade où les solutions sont préemptées. Et l’information du public est tout à fait importante pour que les citoyens soient dans une démarche de responsabilité. Je veux tenir compte de ce que veulent les Français. Massivement, ils se déclarent pour le maintien à domicile mais il s’agit que ce maintien ne soit pas source de confinement, d’isolement, et pour les personnes qui les aident, synonyme d’épuisement. Il faudra donc développer les structures de répit, ainsi que le suivi de la santé des aidants qui sont souvent en burn out. Il faudra aussi s’occuper de leur formation. Mais nous avons déjà des pistes. Je vais ouvrir dans chacun des trois départements des Antilles et de la Guyane des maisons pour l’autonomie et l’intégration des malades d’Alzheimer. Et ça, c’est un bon exemple de ce qu’il faudrait étendre et généraliser pour coordonner le parcours de prise en charge des malades et mieux accompagner les aidants.

Comment va s’ordonner le calendrier après l’arbitrage présidentiel du mois de juillet ?

Il y aura des mesures de financement qui seront contenues dans les lois de finances et de financement de la Sécurité sociale examinées en fin d’année. Nous sommes en train d’étudier l’opportunité d’un texte législatif dont le cadre n’est pas encore fixé. Il n’est donc pas exclu que plusieurs textes soient examinés.

Propos recueillis par FXG (agence de presse GHM)

 

 

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