Y a bon banania et le suicide d'un CRS guadeloupéen
Le CRS guadeloupéen traité de « banania » par son capitaine s’est donné la mort
Jean-Marc Niçoise, 36 ans, est mort le 15 février dernier à son domicile en région parisienne. Ce natif de Saint-Claude, CRS de profession, fait partie de ces trois policiers que le capitaine Spina, leur supérieur, avait salué, un matin à l’heure du petit-déjeuner, alors qu’ils étaient en mission en Corse, par un « ça va les bananias ? » Des faits qui remontent à 2009. Choqués par l’adresse vexatoire et raciste de leur chef, les trois hommes (tous Guadeloupéens) avaient porté plainte. Malheureusement le parquet de Meaux avait laissé passer la prescription. Pour pallier ce manquement du parquet, leur avocat avait attaqué l’Etat pour déni de justice. Les trois fonctionnaires avaient obtenu, le 2 mai 2011, gain de cause et se voyaient attribuer chacun 5 500 € en réparation. Pour autant, l’affaire ne s’est pas arrêtée là. Car si les deux collègues de Jean-Marc Niçoise ont obtenu leur mutation, l’un en Guadeloupe et l’autre à Strasbourg, M. Niçoise était resté sous les ordres de son capitaine, dans la même caserne. Et ce dernier aurait poursuivi de ses invectives à caractère raciste son subordonné. Le 8 ou le 9 février, Jean-Marc Niçoise est retourné voir Me Ursulet pour lui demander de déposer une nouvelle plainte, pour harcèlement et injures racistes contre son capitaine. Nous étions alors en pleine affaire Guéant, ce qui a pu laisser penser au capitaine Spina qu’il était en droit de se sentir supérieur, d’autant plus que la justice ne l’a jamais poursuivi eu égard à la déficience du parquet… Quand Jean-Marc Niçoise est allé voir l’avocat, il était un homme en plein désarroi, et extrêmement touché psychologiquement selon Me Ursulet. Celui-ci lui a conseillé de prendre un peu de repos, de voir un médecin afin de préparer au mieux cette nouvelle plainte. Las, il n’aura pas tenu le coup.
Mais un nouveau fait troublant vient compliquer ce drame. La famille a d’abord été avertie par la police que Jean-Marc était mort d’un œdème pulmonaire et le parquet a donné le permis d’inhumer. Il aura fallu attendre plus de dix jours et avec beaucoup d’insistance pour que le parquet de Meaux fasse part des conclusions de l’autopsie. Elles s’orientent vers un suicide par absorption médicamenteuse. La police a saisi des documents et des boîtes de médicament au domicile du fonctionnaire. Dans ces circonstances, Me Ursulet envisage de porter plainte pour homicide involontaire. « Il ressort que, depuis la condamnation de l’Etat, M. Niçoise a continué de faire l’objet de harcèlement. Son suicide est lié à cela », estime Me Ursulet.
FXG (agence de presse GHM)