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Publié par fxg

The Voice 2020 : Abi Bernadoth de Saint-Gratien (95), né à Mirogoâne (Haïti)

ITW Abi Bernadoth, vainqueur de « The Voice » 2020

« Derrière sa silhouette délicate et son sourire timide, se cache une grande puissance d’interprétation et de partage. Une pureté vocale qui donne le frisson… » Ainsi était décrit Abi Bernadoth avant même qu’il ne soit sacré gagnant de l’édition 2020 de « The Voice » sur le site de TF1. France-Antilles est allé à la rencontre de ce jeune homme de 22 ans natif de Miragoâne en Haïti et installé en région parisienne avec ses parents depuis ses 3 ans.

« Chanter, c’est se mettre à nu »

Comment avez-vous démarré l’aventure de The Voice ?

Je chantais sur la scène ouverte de la Barba Negra du côté d’Austerlitz à Paris et Aurélie Konaté qui est passée par la Star Ac avant de devenir comédienne, m’a entendu. Elle connaît le directeur de casting de The Voice, elle lui a envoyé des vidéos de moi… J’étais au bon endroit au bon moment ! De fil en aiguille, je me suis retrouvé sur le plateau.

La saison a démarré en septembre 2019 pour finir en juin avec le confinement au milieu, comment ça s’est passé ?

Il y a eu énormément d’étapes avec des séances de coaching, des répétitions et à chaque fois, ça écrémait ! J’ai gagné face à Gustine et sa harpe, Antoine Delie et Tom Rochet. C’était intense, tout en émotion… Musicalement, on a eu de bons challenges mais à chaque fois, je pensais que j’allais sortir… Il y a eu les auditions à l’aveugle, puis les battles, les KO et enfin les phases finales. Avec le confinement, ça a failli ne pas se faire, mais ils se sont débrouillés et j’ai gagné !

Qu’est-ce qui a fait la différence ?

La personnalité je pense, car techniquement tout le monde était bon. Je ne pense pas avoir une technique incroyable, mais la personnalité fait la différence quand on chante, qui fait qu’on habite ou pas une chanson. Le chant, c’est l’expression de choses qu’on garde d’ordinaire pour soi, qu’on a du mal à dire autrement… Chanter, c’est se mettre à nu.

Que faisiez-vous avant The Voice ?

Je faisais un master d’anglais à l’université Paris Diderot. J’ai laissé tomber pour devenir professeur remplaçant dans un collège et en même temps je travaillais comme éducateur spécialisé pour des adultes en situation de handicap dans un foyer. Je les accompagnais, pourvoyais à leurs besoins… Et pour me changer les idées, je chantais seul ou avec un groupe, « No Square ». Ce groupe était un peu rock et moi, je suis plutôt pop, R’n’B… On faisait des scènes ouvertes, des restaurants. On a même tenu un stand à la fête de l’Humanité !

Vous êtes chanteur, mais aussi musicien…

Quand je chantais en solo, je m’accompagnais avec des boucles que je préparais à la guitare, au piano, au saxophone. Mon répertoire, c’est la pop rock anglo-saxonne comme John Legend, Alicia Keys, Sam Smith ou Ed Sheeran.

Vous composiez déjà ?

Ma première composition était en anglais. Elle s’intitulait « I Need You”. J’avais 18 ans, j’étais au lycée Gustave-Moreau à Enghien-les-Bains… Depuis The Voice, je compose aussi en français. Aujourd’hui, je travaille avec celui qui a été mon coach pendant l’émission, Pascal Obispo. Il m’aide pour l’écriture et il m’apprend le métier en express !

Avez-vous gardé des influences antillaises ?

J’ai grandi avec le kompa, mais ce n’est pas facile de l’intégrer dans la musique française. Je fais en sorte de mettre un maximum de moi et de ce avec quoi j’ai grandi dans mes chansons.

Que représente Haïti aujourd’hui pour vous ?

Ça reste ma patrie, mon pays… On a gardé cette culture à la maison, on parle le créole et on retourne régulièrement à Miragoâne où vivent encore mes oncles, mes tantes et mes cousins.

Et que se passe-t-il depuis votre victoire à The Voice ?

The Voice, ce n’est pas la fin de quelque chose, juste le début ! Je prépare un single pour la fin de ce mois qui va sortir chez Mercury (Universal). Ça s’appelle « Viens ». C’est une histoire d’amour courte, éphémère. Je la vis come une version moderne de « C’est un beau roman » de Michel Fugain. En novembre, nous sortirons l’EP avec cinq titres dont une reprise de « Lovely » de Billy Eilish que j’avais chantée lors des auditions à l’aveugle. Le reste sera de l’inédit, mes compositions.

Avec des titres en créole ?

Il n’y aura pas de chanson en créole dans l’EP, mais sur l’album qui devrait sortir en janvier, il y aura quelques mots de créole. Je pense chanter un duo avec un ou une artiste haïtienne. Je pense à T-Vice, Alan Cavé ou quelqu’un de ma génération comme le chanteur et clavier Joey Dwetfilé.

Dans quel état d’esprit êtes-vous aujourd’hui ?

J’appréhende beaucoup la médiatisation et les retours du public même s’ils sont bons jusqu’à présent. J’ai bénéficié de beaucoup de bienveillance et d’indulgence mais j’appréhende car dans la création, on n’a pas d’autres avis que de ceux qui nous accompagnent, d’où mon attente de l’avis du public. Ça fait limite peur ! Mais j’ai toujours rêvé de faire ça. Je pensais que c’était un rêve chimérique et plus on avance, plus ça devient palpable. Je crois que qu’on peut y arriver si in ne s’écoute pas trop. Ton pire ennemi, c’est toi-même ! entre les phases de doute et de confiance, on peut dire que j’ai jonglé !

Envisagez-vous de venir chanter aux Antilles ou en Guyane ?

J’en serais très honoré ! En juillet dernier, la commune de Miragoâne a organisé un événement pour fêter ma victoire : « Ochan pou Abi ». C’était sur la place de l’hôtel de ville mais je n’ai pu m’y rendre en raison de la crise sanitaire… Sinon, les Antilles, la Guyane, je répète que ce serait un honneur de pouvoir y chanter et, qui sait, peut-être que ça arrivera.

Propos recueillis par FXG

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