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Publié par fxg

Franck Le Hen, auteur de la pièce, et Laurence Joseph, comédienne

Franck Le Hen, auteur de la pièce, et Laurence Joseph, comédienne

Depuis le mois d’août, la Basse-Terrienne Laurence Joseph a repris le rôle de Wanda dans « Bonjour Ivresse », une comédie écrite et mise en scène par Franck Le Hen à l’affiche de l’Apollo Théâtre tous les samedis jusqu’au 28 décembre, puis tous les soirs jusqu’au 31. Créée en 2010, la pièce n’a cessé d’être jouée depuis huit ans, éclusant quelque quarante comédiens en deux-mille représentations, avec toujours un égal succès. Rencontre avec une actrice qui fait tout ce qu’il faut pour devenir grande !

« Il y a de bonnes choses qui n’ont jamais de fin »

Est-ce que ça a été facile de vous plonger dans un rôle qui tient l’affiche depuis dix ans ?

Je me suis dit que c’était un beau challenge parce que c’est toujours compliqué de reprendre rôle qui est important dans la pièce, mais je me suis fait plaisir à le faire car j’aime beaucoup l’humour de Franck Le Hen. La joie aidant, ça va plus vite et on sent moins l’effort !

L’auteur a eu la délicatesse d’adapter un peu votre personnage ?

Un petit clin d’œil à ma Guadeloupe natale ! Il m’a laissé mettre ma petite touche pour que le public antillais s’y reconnaisse et puisse apprécier une pièce de théâtre parisienne à succès.

Eléonore Sarrazin (Marie) et Laurence Joseph (Wanda)

Le public parisien est lui-même connaisseur…

C’est un public qui connaît et qui aime les pièces de boulevard. C’est un exercice que moi j’affectionne particulièrement et ça fait plaisir de voir que le public est touché. On n’est pas avare de rebondissements pour que le public ne s’ennuie jamais ! Il ne faut pas lui laisser de répit !

C’est une comédie qui emprunte tous les codes du théâtre de boulevard et qui est presque une parodie. C’est le mari, l’amant et la femme, mais en LGBT !

C’est beaucoup plus dans l’air du temps ! Avec tout ce qu’on sait sur la tolérance et le respect d’autrui, c’est bien que ce genre de pièce soit à l’affiche parce que ça, permet aux gens de se détendre dans l’ambiance morose que l’on connaît tout en réfléchissant à la bienveillance.

Avec le personnage de Benoît, vous êtes les piliers de la pièce…

Franck m’a appelée au pied levé et il m’a fait confiance car je n’ai eu que très peu de temps pour m’approprier le personnage de Wanda. J’ai tout de suite compris que j’avais la possibilité de l’exprimer et de m’éclater ! Pour une comédienne, c’est vraiment le rôle qui permet de lâcher sur scène et c’est ce que j’aime faire !

On vous sent très libre même quand ça cafouille avec la régie !

Le spectacle vivant est un monde où il y a encore beaucoup de liberté ! Même si le régisseur se trompe, on peut encore improviser et partager avec le public des moments uniques et imprévus et ça, ça n’a pas de prix !

Avez-vous conscience quand vous êtes à l’affiche d’une pièce qui en est à sa 2000e que vous vous mettez dans les pas des grands boulevardiers du théâtre français ?

Ca fait quelques années que je travaille et mon objectif est le même depuis toutes ces années : arriver en tant que femme noire à infiltrer des endroits comme celui-là, faire petit à petit les choses et se retrouver sur des grandes scènes. Si ça peut donner de l’espoir, de l’envie à d’autres jeunes Guadeloupéens qui parfois pourraient avoir peur de se lancer. Je peux comprendre cette peur, mais ça me fait plaisir de savoir que je peux inspirer la nouvelle génération.

Et le cinéma ?

Ma carrière est en plein virage ! J’ai commencé avec un produit que j’ai écrit, un spectacle soi-disant local mais qui a touché un plus grand nombre et maintenant, je touche du doigt le cinéma. Ce sont des successions de petits pas et plus on arrive proche du but, plus les pas deviennent grands ! J’ai joué dans le film « Envole-moi » avec un très petit rôle et là, je me retrouve dans, « A couteau tiré », un téléfilm avec Michèle Bernier dans lequel je joue le rôle d’une avocate, et « Les sandales blanches » avec Amel Bent, qui a été sélectionné au festival « L’Afrique fait son cinéma » et dans lequel je joue le rôle d’une infirmière. Ces films sont vus par des professionnels du métiers et peuvent amener à d’autres projets ! Ca fait du bien d’aller dans des choses où l’on ne nous attend pas forcément et de continuer à s’amuser.

Quand vous songez à vos débuts avec la troupe Courte ligne, vous avez le vertige ?

Oui ! Parce que je me dis qu’il faut en faire du chemin, qu’il faut de la persévérance ! C’est avec beaucoup de joie et de nostalgie que je tourne la tête sur Courte ligne parce que c’est vraiment mes premières amours. Grâce à tous les conseils que j’ai reçus de David, de José Jernidier, aujourd’hui je peux performer et être au meilleur de ma forme dans une pièce comme « Bonjour ivresse ». Je les remercie grandement parce qu’ils y sont pour quelque chose ! J’ai appris beaucoup de choses avec les années et j’apprends aussi à patienter, à moins courir. Ca fait du bien parce que c’est un plaisir de découvrir autrement notre art, de ne pas simplement courir après le succès, la notoriété, mais courir après quelque chose de plus profond pour aller chercher des choses qui peuvent faire réfléchir les gens, qui puissent les faire évoluer et nous aussi en même temps. Je sens que c’est plus plaisant de marcher que de courir !

Et en plus vous avez bon caractère !

Il paraît ! Je dois remercier mon ancien manager qui m’a appris notamment que l’humilité est la plus grande des qualités parce que si un jour on est en haut, on n’est pas sûr de pouvoir y rester ! D’abord, c’est crevant et puis il faut redescendre pour pouvoir aller chercher en nous des choses. Du coup, quand je fais mon métier, pour avoir le respect, faut que je respecte aussi les gens qui sont en face de moi, un maquilleur, un preneur de son, un régisseur ou encore celui qui ouvre le théâtre. Nous sommes tous au même niveau car sans eux, nous n’existons pas.

Ca a été difficile de tourner la page « Domino » ?

Très ! Je me souviens, il y a quelques années, nous jouions aux « Feux de la Rampe » avec Laurent. Je lui ai dit : « Tu sais là, ça me fait bizarre, mais j’en ai marre ! » Ca faisait déjà plus de deux mille fois qu’on jouait et c’est la première fois que je ressentais ça. Quelque temps après, on a arrêté. Il fallait s’arrêter mais par contre, c’est ça qui est beau, je pense qu’on va recommencer, autrement bien sûr. Il y a de bonnes choses qui ont une fin et d’autres qui n’ont jamais de fin…

Et quand vous verra-t-on avec un Molière ?

Je fais mon petit chemin ! Je suis les règles, j’avance petit à petit. Il y a des moments difficiles, mais je pense qu’il faut ça pour atteindre ce genre d’objectif, un Molière, un César… On a le petit Molière avec « Domino », c’est déjà un très beau prix ! On espère… Déjà, j’observe que le cinéma guadeloupéen fait son travail ; ils auront besoin d’acteurs !

Que faites-vous quand vous n’êtes pas Wanda à l’Apollo théâtre ?

Je tourne dans une série qui va passer sur une chaîne nationale en prime time et je prépare mon quatrième spectacle, « Caméléon », qui j’espère sortira un jour car j’ai beaucoup de boulot ! J’avoue que j’ai peur de présenter ce nouvel opus parce que j’ai toujours été bonne dans tout ce que j’ai fait et j’ai toujours peur de décevoir le public… Mais bon, je continue à bosser.

Propos recueillis par FXG

Le script :

Benoît (Franck Le Hen) retrouve dans son coffre à jouets une liste de choses qu’il s’était promis de faire avant ses 40 ans. Problème : il a 40 ans demain ! Entre Marie, sa sœur coincée (la sublime Eléonore Sarrazin), Wanda, sa meilleure amie alcoolique, mondaine assumée, et un invité surprise (Cyril Garnier), il va passer une soirée d’anniversaire explosive et pleine d’ivresse au milieu de ses secrets et souvenirs d’adolescent.

 

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