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Publié par fxg

Sélène Saint-Aimé

Sélène Saint-Aimé s’est fait repérer avec son premier album Mare Undarum au point d’être une des révélations des Victoires du jazz 2021. Sa formation musicale réunit autour d’elle et de sa contrebasse sept artistes dont le Martiniquais Boris Reine-Adélaïde au tanbou bélé, le Guadeloupéen Sony Troupé au Ka et à la batterie, le Cubain Irving Acao au saxo, l’Américain Hermon Méhari à la trompette, Mathias Levy au violon et Guillaume Latil au violoncelle.

Actuellement artiste résidente à l’Atrium avec Boris Reine-Adélaïde, Sélène Saint-Aimé se produisait encore en Allemagne et en Autriche les 19 et 20 novembre dernier. Mais surtout, elle sera l’une des premières artistes françaises accueillies à la toute nouvelle Villa Albertine, une résidence de création artistique aux États-Unis inaugurée cet automne et qui se veut le pendant de la prestigieuse Villa Médicis à Rome. Rencontre.

« J'ai décidé d'être musicienne à 18 ans… Ce n’était pas très malin de commencer si tard ! »

D’où venez-vous ?

Mon père est né en Martinique, ma mère est franco-ivoirienne et moi je suis née à Paris. Ma famille martiniquaise est de Sainte-Marie et je passe beaucoup de temps en Martinique, d’ailleurs, je suis en résidence artistique à l'Atrium en ce moment.

Qu’est-ce qui vous a poussé vers la musique ?

J'ai grandi dans un village non loin duquel se tenait un festival de jazz, le Django Reinhardt festival à Samois-sur-Seine. J’avais un camarade de classe guitariste et fils de guitariste et ça m'a donné envie. J'ai commencé par être bénévole dans ce festival pendant à peu près dix ans. J’y ai vu des concerts qui m'ont vraiment inspirée et j'ai décidé d'être musicienne en 2012, l’année de mes 18 ans. Je n'avais jamais touché d'instrument auparavant… Ce n’était pas très malin de commencer si tard !

Pourquoi avoir choisi la contrebasse ?

J'ai toujours été attirée par le registre grave et la contrebasse est un instrument fabuleux. J’ai pu voir Avishaï Cohen en concert. Ça m'a bouleversée : on peut s'accompagner en chantant, faire plein de sons et puis la tessiture de l'instrument est extraordinaire, très proche de la voix humaine…

Et vous composez vos musiques ?

Je compose toute ma musique et je suis poète aussi, donc j'écris tous les poèmes qui figurent sur ma musique.

Quelle muse vous a touchée ?

Pour mon premier disque, j'ai fait un travail assez autobiographique. Je me suis inspirée de mon prénom tout simplement, qui signifie la déesse de la pleine lune dans la mythologie grecque. Depuis que je suis gamine, à cause de ce prénom, je me suis toujours plus ou moins intéressée à la lune, donc pour ce disque, Mare Undarum, qui est sorti l’année dernière, j'ai étudié la cartographie de la lune, ses cratères… Il y a trois poèmes sur cet album ; je les ai écrits à l'occasion d'une éclipse de lune. Chacun d'eux correspond à une partie bien précise de l'éclipse. Au point de vue du son et de la musique, mes influences viennent des musiques de la Caraïbe, d'Afrique de l’Ouest, de Cuba et des musiques afro-américaines. C'est plutôt jazz, disons de la musique improvisée… Jazz est un mot un peu désuet.

Vous semblez être plus une artiste de scène que de studio… Vous êtes un peu un show à vous seule avec votre instrument !

C’est vrai qu’avec la manière dont s'organise la musique, je suis au centre, une sorte de chef d'orchestre. Je tiens la mélodie puisque je chante et que je tiens la basse. C'est le corps même d'une musique, comme le contrepoint en musique classique, le plus important, ce qui tient toute la musique, c'est la mélodie et la basse. Après, tout ce qu'il y a entre ces deux voix, c'est du bonus en gros ! Donc l'idée c'est d'être vraiment indépendante, de pouvoir assurer le corps de la musique, du groupe. Après j’élargis en fonction des disponibilités de chacun, des festivals, des lieux de concert.

Ça vous arrive de vous produire seule en scène ?

Ça m’est arrivée. Ce n'est pas ce que je préfère, j'aime bien avoir de l'interaction avec mes camarades musiciens.

Vous a-t-on déjà demandé de composer des musiques de film ?

Oui… Non, enfin presque… Mais ça ne m’étonnerait pas qu’on m’en demande

Après l’Allemagne et Fontainebleau en novembre, quand vous entendra-t-on à nouveau en Martinique ?

Boris Reine-Adélaïde et moi venons de monter une association qui a pour but de promouvoir et développer en Martinique la musique traditionnelle et les expressions artistiques associées. Nous organisons des ateliers de transmission du patrimoine martiniquais à l'Atrium. Nous formons par ailleurs un duo ensemble et nous avons joué dans le cadre du Martinique jazz festival, le 2 décembre. Je serai aussi contrebassiste dans l’ensemble Insula II de Maher Beauroy à l’occasion du week-end Fanon à l’Atrium le 11 décembre.

Propos recueillis par FXG

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