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Publié par fxg

Emmanuel-Nossin.jpgITW Emmanuel Nossin, auteur du Rêve du mansfeny (Editions Exbrayat)

« Les Martiniquais prêtaient serment au roi George. »

Pourquoi avoir choisi la période anglaise pour asseoir votre roman ?

Les livres d’histoire parlent peu de cette période qui va de 1794 a 1802, pendant laquelle quatre gouverneurs anglais, dont William Keppel, ont dirige la Martinique, a la demande des colons martiniquais. On passe vite par-dessus alors qu’à mon avis, toutes les bases de ce qui fait la Martinique d’aujourd’hui sont déjà la a cette époque. Aussi bien la musique avec la mazurka et la biguine, que la mentalité ou la structuration pyramidale de la société. Les colons ont échappé a la Révolution française ! Mais, en même temps les Anglais sont les premiers abolitionnistes et s’introduisant dans le continuum mental de la Martinique, ils introduisent le ver dans le fruit. Ça aboutira avec l’abolition de 1848.

Quelles traces les Anglais ont-ils laissées ?

Il y en a dans la langue, dans la façon de penser, d’imaginer, un certain pragmatisme, et puis, il y a des patronymes anglais ! On jouait du black pipe, au cricket… Le canal Levassor a ete construit par les Anglais. On leur doit aussi notre ouverture aux îles anglaises du Sud. Quand le roi d’Espagne a voulu se débarrasser de Trinidad, il a vendu la terre en exigeant que les acheteurs soient catholiques. Les Anglais ne sont pas tres catholiques et ils ont fait appel aux colons martiniquais et louisianais. Jusqu'à aujourd’hui, les french kreyol de Trinidad sont leurs descendants. A cette époque, Napoléon jouait aux échecs avec les Anglais et les Martiniquais prêtaient serment au roi George.

Et dans ce décor, vous plantez un thriller ?

A la façon du Nom de la rose, ce roman débouche sur un questionnement philosophique. Gonzague, un aristocrate anglais est envoyé en Martinique par le muséum de Londres, pour étudier le sérum des serpents. Si le gouverneur Keppel est son cousin, le héros appartient à la mouvance abolitionniste. Il sympathise avec son guide, un neg marron, mais aussi un voleur avec lequel il va aux alentours de Saint-Pierre, à la recherche de serpents. Et chemin faisant, ils vont tomber sur des scènes de meurtre, des crimes rituels… Il y a une partie fictive, mais un fond réel et omniprésent.

Reve-du-Manfeny-Nossin.jpgPar exemple ?

Un commando de 400 conventionnels a débarqué de Guadeloupe pour porter la révolution. Ils ont été massacrés. Les soldats trouvent dans les bateaux des marins anglais des livres de Cubuano. Il y avait une chasse à ces documents dans les cales des bateaux anglais !

Qu’en est-il de l’esclavage à l’heure anglaise ?

Le héros ne cesse de comparer ce qu’il voit en Martinique et  ce qui se pratique dans la colonisation anglaise. Il voit les nuances entre les deus systèmes, mais surtout il comprend que, quel que soit ce système, il est inique et non-rentable. Le héros n’a rien d’un humaniste, il a compris que l’esclavage n’est plus rentable.

Et le heros l’emporte à la fin ?

La moralité est sauve. Le 22 mai est annoncé des 1799. Parce que les prémices sont là, le système économique caduc… Alors qu’on a tué 1200 békés en Guadeloupe, c’est en Martinique que le 22 mai éclate en 1848. On devance une île qui a connu une révolution radicale…

Pourquoi le mansfeny ?

C’est un oiseau mythique pour les Kalinas, un oiseau d’initiation et aussi un oiseau auquel le héros s’identifie. Il est la permanence. Il faut explorer toute notre histoire. Il n’y a pas de phase géniale, héroïque ou maudite… Pendant la période de vichy, les Martiniquais se sont retrouvés dans une sorte de miroir ; ils ont du ressentir la même chose pendant la période anglaise.

Propos recueillis par FXG, à Paris

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