Alain Foix et le chevalier de Saint-George
Interview. Alain Foix
« Qu’est-ce qu’il y a derrière l’image d’une femme, derrière l’image d’un Noir ? »
Ecrire en alexandrin aujourd’hui, ce n’est pas banal…
J’ai d’abord écrit le texte en prose, mais je voulais quelque chose de musical, en vers en alexandrins. Mais surtout, je trouvais intéressant de resituer le chevalier Saint-George dans son temps. Je sais qu’au temps de Saint-George, à la fin du XVIIIe siècle, des gens comme Beaumarchais avaient déjà abandonné l’alexandrin, mais le propos était de créer de la distanciation, une forme de distance noble entre les deux personnages et entre les personnages et nous. Ca procure aussi un effet de distanciation théâtrale. Et puis l’alexandrin impose beaucoup de choses et c’est un jeu. A partir de cette contrainte, on peut nourrir beaucoup de choses. Je me suis rendu compte en ayant écrit le texte en prose, puis en alexandrin, que j’y découvrais du sens, des niches où je pouvais développer du sens par l’apport de l’alexandrin. Curieusement, je dis plus de choses dans l’alexandrin qu’en prose simple.
Saint-George était honoré le 10 mai dernier par le président de la République. Saint-George est à la mode ?
Vive la mode, si la mode porte Saint-George ! (rires)
L’an dernier, vous présentiez Le ciel est vide, la confrontation shakespearienne du Noir et du Juif par rapport à leur histoire, cette fois, c’est le Noir et l’homosexuel. C’est encore une question d’identité ?
Bien sûr, c’est une question d’identité, mais c’est d’abord une question de représentation. La question qui est posée est : qu’est-ce qu’il y a derrière l’image d’une femme ? Qu’est-ce qu’il y a derrière l’image d’un Noir ? Le chevalier d’Eon qui est, on le sait, un makoumè, peut très bien dire autre chose. D’ailleurs, il dit autre chose et il a l’image d’une femme. Et si on retourne la question sur l’image d’un Noir, le chevalier Saint-George répond : « Il n’y a rien, madame. Il n’y a que des idées. » C’est la question profonde du racisme. Le racisme est le fait de penser que derrière le visage de quelqu’un, il se trouve une pensée parce que son visage définit un caractère génétique et que la pensée serait inscrite dans ces gènes.
Un sujet grave et une forme légère, pleine d’humour…
Il y a des jeux de mos…. On est dans le XVIIIe siècle qui est un siècle à la fois léger et profond. Un siècle qui sait jouer de la légèreté pour renvoyer de la profondeur. Comme dit Nietzche, la surface est profonde.
La pièce sera-t-elle jouée chez Saint-George, en Guadeloupe?
Je l’espère ! En tout cas, j’ai pensé fortement à eux en écrivant cette pièce. D’aileurs, l’histoire du makoumè c’est très créole… C’est bien parce que c’est un créole qui l’a écrit !
« Qu’est-ce qu’il y a derrière l’image d’une femme, derrière l’image d’un Noir ? »
Ecrire en alexandrin aujourd’hui, ce n’est pas banal…
J’ai d’abord écrit le texte en prose, mais je voulais quelque chose de musical, en vers en alexandrins. Mais surtout, je trouvais intéressant de resituer le chevalier Saint-George dans son temps. Je sais qu’au temps de Saint-George, à la fin du XVIIIe siècle, des gens comme Beaumarchais avaient déjà abandonné l’alexandrin, mais le propos était de créer de la distanciation, une forme de distance noble entre les deux personnages et entre les personnages et nous. Ca procure aussi un effet de distanciation théâtrale. Et puis l’alexandrin impose beaucoup de choses et c’est un jeu. A partir de cette contrainte, on peut nourrir beaucoup de choses. Je me suis rendu compte en ayant écrit le texte en prose, puis en alexandrin, que j’y découvrais du sens, des niches où je pouvais développer du sens par l’apport de l’alexandrin. Curieusement, je dis plus de choses dans l’alexandrin qu’en prose simple.
Saint-George était honoré le 10 mai dernier par le président de la République. Saint-George est à la mode ?
Vive la mode, si la mode porte Saint-George ! (rires)
L’an dernier, vous présentiez Le ciel est vide, la confrontation shakespearienne du Noir et du Juif par rapport à leur histoire, cette fois, c’est le Noir et l’homosexuel. C’est encore une question d’identité ?
Bien sûr, c’est une question d’identité, mais c’est d’abord une question de représentation. La question qui est posée est : qu’est-ce qu’il y a derrière l’image d’une femme ? Qu’est-ce qu’il y a derrière l’image d’un Noir ? Le chevalier d’Eon qui est, on le sait, un makoumè, peut très bien dire autre chose. D’ailleurs, il dit autre chose et il a l’image d’une femme. Et si on retourne la question sur l’image d’un Noir, le chevalier Saint-George répond : « Il n’y a rien, madame. Il n’y a que des idées. » C’est la question profonde du racisme. Le racisme est le fait de penser que derrière le visage de quelqu’un, il se trouve une pensée parce que son visage définit un caractère génétique et que la pensée serait inscrite dans ces gènes.
Un sujet grave et une forme légère, pleine d’humour…
Il y a des jeux de mos…. On est dans le XVIIIe siècle qui est un siècle à la fois léger et profond. Un siècle qui sait jouer de la légèreté pour renvoyer de la profondeur. Comme dit Nietzche, la surface est profonde.
La pièce sera-t-elle jouée chez Saint-George, en Guadeloupe?
Je l’espère ! En tout cas, j’ai pensé fortement à eux en écrivant cette pièce. D’aileurs, l’histoire du makoumè c’est très créole… C’est bien parce que c’est un créole qui l’a écrit !