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Publié par fxg

Ti Malo, auteur, slameur guadeloupéen, publie Dé moun en auto-édition. Présent au salon du livre de Paris, il parle de ce recueil de textes poétiques enrichi d’une nouvelle, Rébélot. Un ouvrage entièrement en créole. Interview

ti-malo.jpg« Il nous faut trouver une façon de dialoguer »

Entre ces poèmes et la nouvelle, il y a un fil rouge. Quel était votre idée au départ ?

A travers une histoire d’amour, cette belotte que je raconte dans une nouvelle, je voulais évoquer les événements qui ont marqué la Guadeloupe en 2009, c’est-à-dire la mobilisation liée au LKP et les 44 jours de grève. L’histoire d’amour, c’est une fille qui vit à Paris et qui rentre en Guadeloupe pour vivre son histoire avec son gars quand surviennent les événements. Comment leurs deux regards se confrontent ? Ils vont évoquer des choses auxquelles ils n’avaient pas pensé avant. Et comment vont-ils réagir par rapport à ça.

La grève va-t-elle influer sur leur histoire d’amour ?

En tout cas, elle les questionne violemment. L’idée, derrière ça, est de montrer qu’il peut y avoir plusieurs regards sur ces événements là et qu’il est important de discuter ce qui s’est passé pour en tirer quelque chose parce que, à mon avis, on a tendance en Guadeloupe, à mettre le couvercle sur les choses qui nous ont déplu, à ne pas regarder notre histoire et, du coup, on n’en tire pas les enseignements. J’ai donc revisité ça mais d’un point de vue artistique, c’est plus digeste qu’une étude ou une analyse pure.

Ce couvercle dont vous parlez, n’est-ce pas parce que, comme le disait Edouard Glissant, les Antillais sont imprévisibles mais ne vont pas jusqu’au bout ?

Il faudrait déjà qu’on se mette d’accord sur quel bout. Faut-il faire une révolution ? Plus investir la démocratie ? Est-ce que la République fonctionne ? Toutes ces questions ne sont pas résolues. Garder les points de repère du passé, je ne suis pas sûr que ce soit ça qu’il nous faille pour l’avenir…

L’auteur Ti Malo, qu’a-t-il retenu de ces 44 jours ?

C’est difficile pour un groupe tel que le LKP de pouvoir réunir tout le monde et discuter. Forcément, au bout d’un moment, ça stigmatise ; au bout d’un moment, il y a clivage entre les pro LKP d’un côté et les anti de l’autre. Du coup, plutôt que de rassembler les Guadeloupéens, il manque un espace où pro, anti et hésitants pourraient discuter des voies et des moyens employés par chacun. Il nous faut trouver une façon de dialoguer.

Dans l’amour, il y a l’espoir, alors dans ce livre, ce regard sur les événements, y a-t-il de l’espoir ?

Il y a de l’espoir mais aussi le travail sur la langue, une tentative de faire des poèmes à forme fixe. Le dernier poème, Finalman, est un texte qui se lit de haut en bas et de bas en haut. Et puis, pour situer dans le contexte, il y a aussi une chronologie des événements avec mon regard.

Propos recueillis par FXG

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