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Publié par fxg

Deux parlementaires s'intéressent aux suicides des jeunes Amérindiens en Guyane

Marie-Anne Chapdelaine et Aline Archimbaud, parlementaires en mission auprès de la ministre des Outre-mer, ont rendu hier leur rapport sur le suicide des jeunes Amérindiens en Guyane. Depuis leur nomination fin mai et une mission sur le haut Maroni, et le haut Oyapock, les deux élues préconisent quelque 37 propositions pour enrayer ces drames humains et créer les conditions d'un mieux être. Car le constat est tétanisant puisque les deux parlementaires n'hésitent pas à parler d'"épidémie de suicides" chez les Wayampis, les Wayanas et les Tékos avec des taux 8 à 10 fois supérieurs à sa moyenne guyanaise. Un "plan suicide" a bien été mis en place depuis 2011, mais sans résultats probants. Présent lors de la remise du rapport, Serge Anelli, le maire de Maripasoula, a concédé qu'il avait à déplorer deux à trois morts par an chez les jeunes dans sa commune.

Le rapport évalue les causes de ces suicides, multifactorielles : l'isolement géographique, le désoeuvrement, les violences intrafamiliales, l'alcoolisme, les grossesses précoces, mais aussi le rôle des églises ou de la colonisation, bref des causes économiques, sociales, sanitaires, culturelles, identitaires... A cela s'ajoutent un sentiment d'humiliation lié au jugement stigmatisant et aux commentaires désobligeants dont sont victimes les Amérindiens, et un sentiment de frustration et d'abandon lié aux conditions très dégradées de l'accès au droit et aux services publics les plus élémentaires. "Là où on l'on tire des fusées Ariane et Soyouz, a regretté Aline Archimbaud, il n'y a pas d'accès permanent à l'électricité et aux télécommunications."

A partir de là, les parlementaires ont établi des propositions prioritaires : renforcer la prise en charge psychiatriques des personnes en crise et de leurs proches, élaborer un programme de santé communautaire avec une équipe pluridisciplinaires incluant des ethnopsychiatres, un soutien à la parentalité, lutter contre les addictions, réaliser des travaux d'infrastructure urgents (eau, électricité, téléphone, Internet), généraliser l'accès pour tous les élèves à une collation, ouvrir les internats le week-end pour régler le problème de logement des lycéens amérindiens en études sur le littoral, sensibiliser et former des familles d'accueil, reconnaître les langues et coutumes, créer un fonds de soutien public - privé pour développer des activités pour les jeunes, garantir une offre régulière et abordable de transport sur les fleuves, former des cadres amérindiens, mobiliser les compétences et connaissances des Amérindiens pour la forêt, transformer le CCPAB en Grand conseil coutumier... D'un point de vue institutionnel, le rapport propose même la création d'une commune indépendante de Maripasoula sur le haut Maroni.

Ce rapport doit être désormais partagé avec les élus mais surtout intégré dans le Pacte pour la Guyane que doit proposer gouvernement à la nouvelle collectivité territoriale au mois de janvier.

FXG, à Paris

Du concret

Très concrètement, le rapport propose de médicaliser le poste de Talhuen, de reconstruire le centre de santé de Camopi, rouvrir la mission locale pour l'emploi de Maripasoula, y créer une maison des services publics, affecter des assistantes sociales dans les centres de santé, mutualiser et coordonner l'offre de soins avec les acteurs brésiliens et surinamais de la santé, créer un lycée à Maripasoula, un "mini-collège" en pays wayana, et une "solution supplémentaire" pour Trois-Sauts, en pays wayampi,

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