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Publié par fxg

Victorin Lurel et Michel Magras au palais du Luxembourg le 5 octobre

Victorin Lurel et Michel Magras au palais du Luxembourg le 5 octobre

Victorin Lurel et sa seconde liste Victoire Jasmin ont intégré le groupe socialiste du Sénat. Si la seconde a intégré la commission des affaires sociales, le premier est devenu secrétaire du bureau du Sénat et siège à la commission des finances. Interview.

" La difficulté, c'est que le Sénat est à droite"

Après quinze ans à l'Assemblée, ça fait quoi d'entrer au Sénat ?

J'ai été ministre et j'allais régulièrement au palais du Luxembourg. Je ne peux pas dire que je suis un apprenti. Evidemment, je connais moins les arcanes, les rites et rituels du Sénat, je ne dis pas les secrets... Mais il y a du non-dit dans toute assemblée, il y a une culture au Sénat qu'il faut comprendre... Je dis simplement qu'on a à travailler, élucider tout ça pour être le plus efficace possible.

Comment allez-vous vous positionner vis-à-vis de ce gouvernement et du groupe LREM où siègent beaucoup de vos anciens collègues ?

J'aurai pu faire comme eux et aller ailleurs, aller à la soupe...

Vous ne pouviez pas, Ary Chalus avait déjà occupé la place...

Non, non, j'aurai pu... Puisque sollicité par les uns et les autres, j'aurais pu aller ailleurs ! Je suis socialiste depuis toujours et je n'ai jamais changé de parti. Kothy Jasmin et moi-même, nous restons bienveillants à l'égard de la majorité du président Macron et de son gouvernement, mais nous restons libres, avec la philosophie qui est la nôtre, la justice, la lutte contre les inégalités, la meilleure prise en compte des outre-mer. La difficulté, c'est que le Sénat est à droite, ça veut dire que tous les textes qui arrivent sont revus par cette majorité libérale. Comment allons-nous pouvoir voter ces textes ? Déjà que nous avons quelque distance sur les textes de Macron même lorsque nous reconnaissons quand ils sont bons... Ils vont être renforcés sur leur aspect ultra-libéral... C'est toute la difficulté !

L'un des premiers textes que le Sénat va examiner, ce sera le budget... Serez-vous bienveillant ?

Le texte présenté par le gouvernement dérange sur un certain nombre de points, notamment sur le traitement infligé aux collectivités... Il faudra amender très sérieusement ces textes... Nous allons faire des propositions, mais si on ne nous entend pas, nous pourrons voter contre. Sur les Outre-mer par exemple, le budget est d'à peu près 2 milliards et je ne vois pas d'augmentation. Je demanderai à Annick Girardin qui a été ma collègue pendant dix ans à l'Assemblée nationale, si elle veut améliorer le texte, si Bercy peut lâcher, si on peut avoir une vraie augmentation... Le président de la République s'est engagé sur 3 milliards pour les Outre-mer, plus la dotation de la Guyane, à 1,08 milliard, ça fait 4 milliards ! Sans compter les conséquences des cyclones Irma et Maria... Entre 4 et 5 milliards sur cinq ans ! Regardez le budget... Non, le compte n'y est pas. Et même si vous examinez les autres missions budgétaires, on ne trouve pas...

Comment ça, le compte n'y est pas ?

Lorsqu'on nous dit que les assises de l'Outre-mer vont s'étendre jusqu'à octobre 2018, on perd deux lois de finances initiales sur les engagements que le président a pris ! Il doit respecter la parole donnée sur le plan Guyane, sur les plans et les contrats de convergence, ne pas supprimer l'agence de promotion et de diffusion des cultures d'Outre-mer, ni la Cité des Outre-mer, ne pas diminuer l'enveloppe de continuité territoriale, respecter le financement de construction d'écoles, de collèges et de lycées, ne pas diminuer le plan séisme Antilles, ni la Ligne budgétaire unique qui avait pourtant été sanctuarisée ! Est-ce que le dire est une déclaration d'hostilité ? Dire la vérité doit-il être le fait de l'opposition ?

A l'Assemblée comme au Sénat, vous êtes trois anciens ministres des Outre-mer dans un groupe d'opposition face à une ministre qui a été dans votre majorité quand vous étiez aux affaires. N'est-ce pas schizophrénique comme exercice ?

Je ne sais pas comment l'actuelle ministre des Outre-mer vivra cela, mais il est certain qu'avec elle, nous serons bienveillants. Nous n'allons pas faire mal pour faire mal, ni s'opposer pour s'opposer. Si elle peut vraiment améliorer les choses, pourquoi pas ! Mais on ne va pas nous raconter d'histoire. Nous sommes trois anciens ministres des Outre-mer et quand vous avez compris les arcanes budgétaires, on ne peut pas vous raconter d'histoire. Il faudra bien qu'il y ait en amont une explication, je ne dirai pas franche comme disent les diplomates, mais vraie.

Propos recueillis par FXG, à Paris

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