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Publié par fxg

Le dernier livre de Jenny Hippocrate

Le dernier livre de Jenny Hippocrate

L’inceste au féminin

« Parler d’inceste quand il s’agit de la mère, c’est le pire, l’inconcevable, écrit Jenny Hippocrate dans son dernier livre que publie l’éditeur Jets d’encre. Pourtant, ce drame se déroule sous nos yeux. L’omerta s’est progressivement installée autour de ce genre d’inceste. » A l’origine de Arrête de toujours accuser les pères, ma mère me viole !, Jenny raconte qu’au cours d’une de ses séances de promotion de son autre livre Papa aimait trop son bébé, aux éditions Delma en 2005, elle avait été ainsi interpellé par un mystérieux jeune homme issu du nord de la Martinique. Il faudra plus de quinze ans à Jenny Hippocrate pour avoir le courage de revenir sur cette histoire. « Je ne supporte plus que l’on parle des petites filles violées par leur père, alors que des garçons le sont par leur mère. Pourquoi n’en parle-t-on jamais ? » « Est-il normal de mettre son sexe dans celui qui vous a mis au monde ? Que le vagin qui vous a expulsé vous donne l’autorisation de... » Celui qui dit ça s’appelle Karl et il s’automutile. « Je me taillade. Là au moins, c’est moi, et moi seul, qui me fais mal, pas elle. » Karl se se sert de la douleur physique qu’il s’inflige lui-même comme une diversion à sa souffrance émotionnelle sur laquelle il n’a aucune prise. Le professeur Louis Jehel qui dirige le service de psychatrie au CHUM, qui a préfacé cet ouvrage analyse : « Le corps du jeune garçon, devenu adulte, ne lui appartient plus, il est tout entier immergé dans le psychotraumatisme. Impossible de s’en dépêtrer. »

Deni familial et social vis-à-vis de l'inceste

L’auteur nous renseigne sur le « nursing pathologique » : quand l’agresseur assouvit ses pulsions en pratiquant des toilettes vulvaires trop fréquentes à son enfant, des décalottages à répétition, des prises de température inutiles plusieurs fois par jour, des lavements et ce, jusqu’à un âge avancé de l’enfant, tout cela sous couvert de soins ou d’hygiène. « Une relation très fusionnelle s’instaure dans laquelle l’enfant est un objet sexuel. » Et en face, le « déni familial et social de l’inceste ».

Et pourtant, ne peut s’empêcher de relever Jenny qui cite la Bible, chapitre 18 du Lévitique : « Nul homme ne doit s’approcher de la chair de son corps, tu ne dois pas découvrir sa nudité. » Ce tabou des tabous engendre, selon le Pr Jehel, un « aveuglement sociétal qui constitue un obstacle majeur pour la victime, la privant d’une ouverture vers un espace de sécurité. » Jenny Hippocrate veut conduire son lecteur à savoir quoi faire s’il est confronté à ce phénomène : « Les contes de fées ne révèlent pas aux enfants l’existence des dragons, mais plutôt comment les tuer. » Alors, elle pose la question : Qu’est-ce que l’inceste exactement ? est-ce un père, une mère ou quelqu’un de la famille qui a des rapports sexuels avec un autre membre ? La réponse est plus vaste que l’on ne voudrait le penser : « L’inceste c’est aussi tout ce qui concerne l’exhibition sexuelle, l’inceste moral ou inceste sans contact physique. Le fait de faire l’amour devant son enfant, s’exposer nu, tenir des propos à caractère sexuel, visionner des films pornographiques avec son enfant, utiliser son enfant comme confident de ses aventures sexuelles, le photographier nu ou dans des situations érotiques... Tout ceci relève également de l’inceste. »

On ne se construit pas dans la honte

Dans le récit de Jenny, la victime parvient peu à peu à mettre des mots sur l’indicible, « ce n’est que le début d’une longue route, et il est terriblement difficile de la prendre ». La victime se sent coupable d’être victime, coupable de ne rien dire, coupable de dire, coupable d’avoir provoqué la situation, coupable et honteux… « On peut se construire dans la peine, la peur, la colère, mais pas dans la honte. » Seule la conscientisation des faits va permettre au jeune adulte d’envisager une poursuite judiciaire. En psychologue aguerrie, poursuit le Pr Jehel, Jenny Hippocrate incite le jeune homme à réfléchir à une prise en charge psychothérapeutique, auprès de professionnels formés à la psychotraumatologie. Elle sait que les structures locales pourront prendre le relais, poursuivre l’accompagnement, car la Martinique est dotée d’un centre régional du psychotraumatisme et d’associations d’aide aux victimes d’inceste. Karl n’est pas seul, il n’est plus seul. » 80 % des abus sexuels sur enfants sont commis au sein de la cellule familiale par l’un de ses membres.

FXG

Arrête de toujours accuser les pères, ma mère me viole ! Jets d’encre, 19,80 euros

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