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Publié par fxg

Edmond Richard est directeur général délégué d'air Caraïbes

Edmond Richard est directeur général délégué d'air Caraïbes

Edmond Richard, directeur général délégué d’Air Caraïbes, était à Top Résa. Il fait le point avec France-Antilles sur l’activité de la compagnie pendant les dernières grandes vacances, les évacuations sanitaires, la concurrence et la saison à venir. Interview.

« Ce n’est pas le touriste qui amène le Covid »

Comment s'est passé l'été 2021 ?

Il avait bien débuté c'était un été plein d'espoir, la vaccination avait bien progressé dans l'Hexagone Et on s'attendait une saison meilleure que celle de l'année précédente. Tout s'est malheureusement arrêté dès la mi-juillet avec les premières annonces de motif impérieux pour se rendre en Martinique. A ce stade là on a constaté 3 types de comportement : les gens qui n'étaient pas vaccinés ont avancé leur départ pour partir avant la date fatidique ; ceux qui ont demandé le remboursement et annulé leurs vacances ; et ceux qui ont un petit peu repoussé le temps que leur processus vaccinal soit mis en place. On s'attendait à ce qu'il se passe la même chose en Guadeloupe mais on ne s'attendait pas à un confinement. L’annonce du confinement en Martinique puis en Guadeloupe a eu encore plus de conséquence que les motifs impérieux : la demande s'est effondrée. On a eu plus de 1000 annulations par jour. Et tous les gens qui devaient rentrer fin août ont choisi de rentrer plus tôt entre les 10 et le 20… On a eu des variations de réservation énorme, on a dû adapter notre programme et ça nous a permis de libérer des avions.

C'est ainsi que vous avez pu mettre deux A-350 au service des évacuations sanitaires. Comment ça s'est présenté ?

Nous avions fait une première évasan (évacuation sanitaire ndlr) à la Réunion. Quand on a vu la situation sanitaire se dégrader aux Antilles, on a voulu être prêt car nous connaissions les limites des structures hospitalières et qu'il y avait très peu de personnes vaccinées. On a anticipé le scénario car on ne transforme pas un avion comme ça. On doit prendre en compte la quantité d'oxygène transportée à bord d'un avion car l'oxygène est très inflammable et ça passe par des approbations spéciales de la DGAC. On a validé rapidement ce process et en quinze jours on est passé D'une autorisation pour 6 civières à 8, puis 10 c'est même à 12 civières. Au-delà ça fait beaucoup d'oxygène. Autre élément prépondérant c'est l'avion qu'on a proposé. L’A 350-900 a une pressurisation cabine bien plus basse alors qu'il vol bien plus haut que les autres. Donc il y a moins de turbulences mais là pressurisation ressentie à l'intérieur c'est comme si on était à 1600 m alors que sur un Airbus A-330 ou un triple 7, c'est 2200 m. Et quand on transporte des gens en réanimation tout ce qui peut les ménager est important. Peu à peu une logistique s'est mise en place avec les équipes du samu, Au début pour charger six civières on mettait 1h30, À la fin pour en charger 12 on mettait toujours 1h30 parce qu'on a progressé. On a fait des évacuations sanitaires de Martinique et de Guadeloupe et une depuis la Polynésie, plus de 20h de vol via Pointe-à-Pitre pour recharger l'oxygène Parce que c'est en Guadeloupe qu'on avait la logistique pour le faire.

Combien de personnes avez-vous évacué depuis les Antilles ?

Nous avons fait 13 vols d'évacuation sanitaire avec plus d'une centaine de personnes évacuées. C’étaient souvent des malades jeunes et ça n'a pas été facile… Ça a libéré autant de place dans les hôpitaux où la situation était très tendue. On est très fier parce que c'est passé par du volontariat auprès des équipages. Les gens devaient être vaccinés et après les premières inquiétudes, beaucoup se sont portés volontaires pour participer à ces évacuations et nous les remercions. On est très contents que ça s'arrête mais on a été fier de le faire.

Où en est la concurrence sur le marché des Antilles ?

Nous sommes toujours trois opérateurs dont la compagnie nationale qui a eu cet été et qui va encore avoir cet hiver une politique d'offre très agressive. Ils ont ajouté 60% de sièges en plus par rapport à 2019 alors qu'on sait tous que malheureusement il n'y aura sans doute pas la même demande… Nous avons également ajouté de l'offre mais dans des proportions bien moindres. Aujourd'hui ça a un impact et très clairement ça affaiblit tous les acteurs puisque le marché des Antilles c'est haute saison où l’on gagne de l'argent et une basse saison où l'on en perd, avec pour objectif que la fin de l'année on arrive à un résultat légèrement positif. Donc c'est suroffre en haute saison déséquilibre le marché. Nous avons investi, on a reçu un A-350 000 au mois de juin, on en reçoit un autre au mois de décembre…

Quel programme prévoyez-vous pour la saison à venir ?

21 vols par semaine sur la Guadeloupe, 19 sur la Martinique. On espère remonter à 6 sur la Guyane mais ça va dépendre de l'évolution sanitaire qui est encore compliquée là-bas. On ne reprendra Saint-Martin que à Noël parce qu'on s'aperçoit que sur cette période intermédiaire, la demande limitée. On propose à nos clients une offre quotidienne via Pointe-à-Pitre, également pour Saint-Bart.

Desservez-vous toujours Port-au-Prince ?

L'été dernier sur Port-au-Prince a été chaotique du fait des événements qui s'y sont produits. Il y a eu l'assassinat du président au début du mois de juillet. Heureusement, on ne volait pas ce jour-là sinon ça aurait été compliqué, mais l'espace aérien haïtien est resté fermé plusieurs jours et l'espace aérien entre Haïti et la République dominicaine a été fermée encore beaucoup plus longtemps. Or nous desservons Haïti via Punta Cana. Il a fallu qu'on s’organise qu'on fasse passer de Port-au-Prince par Pointe-à-Pitre pendant une période… On a dû jongler ! Et puis il y a eu le tremblement de terre fin août ; il n'a pas impacté les opérations, mais on à essayer de répondre à la situation en acheminant de l'aide d'urgence. On a aussi fait un vol spécial en août pour acheminer des secouristes français et 25 tonnes de fret… Puis on a fait un vol retour en septembre pour acheminer cette aide de première urgence. C'est une ligne compliquée mais nous sommes le seul point d'entrée pour toute la communauté haïtienne d'Europe parce que les États-Unis sont toujours fermés et on se rend compte que ce lien pour Haïti est vital. On est assez fier de l'assurer et te l'avoir repris cet été.

Alors que les Antilles sortent à peine de la crise sanitaire quel est le message que vous délivrez un salon comme Top Résa ?

Nous sommes encore dans une situation incertaine donc on a adapté nos mesures commerciales jusqu'au mois de mars prochain ouù les gens peuvent annuler et se faire rembourser. On a besoin que nos prescripteurs et nos agents de voyage soient en confiance et qu'ils réservent.

La prochaine saison sera réussie si vous transportez combien de personnes ?

On considère que la saison sera réussie si l'on arrive à avoir un coefficient de remplissage d'au moins 85%. Ce que l'on constate aujourd'hui avec les premières annonces de lever de confinement c'est un frémissement des réservations mais encore à court terme, c'est à dire octobre, un peu novembre et un petit peu Noël mais la projection est difficile. Nous avons beaucoup de réservations de dernière minute. Je veux rappeler à vos lecteurs l'importance du tourisme dans l'économie locale Même si je sais que certains voient ça comme une menace, mais le touriste — regardez ce qu'il s'est passé en décembre de l'année dernière, il n'y a pas eu de reprise épidémique — il va dans son hôtel, il loue sa voiture, il fait des visites, il va au restaurant. Il est vacciné. Ce n'est pas lui qui amène le Covid. C’est important de bien les accueillir. Les Antillais ont travaillé très dur pendant vingt ans pour améliorer cette image d’accueil. Il ne faut pas casser ça parce que c’est très long à reconstruire.

Propos recueillis par FXG

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