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Publié par fxg

Christine Ourmières-Widener a succédé à Marc Rochet

Christine Ourmières-Widener a succédé à Marc Rochet

« Les prix des billets d'avion ne devraient plus augmenter »

Présente au salon parisien des professionnels du tourisme, le grand rendez-vous annuel du secteur Top Résa, la nouvelle directrice générale d'Air Caraïbes (groupe Dubreuil Aéro) a accordé un entretien à France-Antilles. Elle n'exclut aucune coopération et aucun développement de sa compagnie sur les marchés laissés en souffrance par la liquidation d'Air Guyane.

Vous avez pris la tête d'Air Caraïbes à la fin du mois de juin dernier et promis une « accélération » du développement de la compagnie aérienne. Qu'en est-il ?

« Nous avons eu un été très accéléré puisque nous avions l'ensemble de nos capacités en ligne. D'un côté opérationnel je peux vous dire que l'été fut haut en couleurs avec des challenges opérationnels au niveau des infrastructures et des ressources. Ces premiers mois m'ont permis de comprendre comment construire le futur puisque j'ai du plonger très tôt dans tous les sujets. Nous sommes en train de boucler notre budget pour l'année prochaine. Nous avons publié l'ensemble de nos routes pour l'été 2024 et nous travaillons sur la finalisation de nos routes pour 2025 et 2026. »

Comment avez-vous vécu la grève qui a secoué la compagnie aux Antilles il y a deux mois et la climat social tendu qui l'a accompagné ?

« Cela a été très rapide après ma prise de fonctions. Cela m'a permis de rencontrer de façon très régulière les partenaires sociaux. J'ai travaillé avec eux pour tenter de comprendre les raisons de la crise et comment rétablir le dialogue social. Nous sommes en train d'y travailler. Il y aura des élections à la fin de l'année. Nous allons aussi commencer bientôt toutes les négociations salariales, en début d'année prochaine pour les négociations annuelles obligatoires (NAO). Cela m'a permis de comprendre rapidement certaines frustrations, certains sujets sur lesquels il faut beaucoup plus travailler ensemble. »

Faut-il s'attendre à de nouvelles turbulences ou bien le climat social est-il apaisé dans votre entreprise ?

« Notre société est une entreprise très stable. Le précédent mouvement social datait d'il y a plus de dix ans. Il y a eu un mouvement chez French Bee à la fin de l'année dernière mais c'était un contexte très différent. Le climat social d'Air Caraïbes est stable. Notre compagnie ne cherche pas autre chose. Nous ferons tout ce qu'il faut avec les partenaires sociaux pour rétablir les conditions du dialogue social. »

Vous évoquez de nouvelles routes pour Air Caraïbes. Quelles sont les perspectives de développement de la compagnie à cet égard ?

« La nouveauté c'est notre focus sur Saint-Domingue et Punta Cana. Certains acteurs se sont retirés de ce marché. C'est vrai que pour nous être le transporteur au départ de la métropole pour cette destination est vraiment une priorité. D'une part pour le faire savoir et d'autre part pour faire en sorte que ce soit un succès. Il y a d'autre part toutes nos routes stratégiques : que ce soit la Martinique, la Guadeloupe, Cayenne mais aussi des partenariats avec le Club Med sur les Bahamas ou sur le stop à Haïti avant d'arriver sur Saint-Domingue. Il faut aussi consolider la route sur le Mexique, à Cancun. Il faut consolider nos succès : ce sera une bonne année pour Air Caraïbes ! »

Vous êtes désormais les seuls à rallier Haïti depuis la métropole ?

« Oui. Notre motivation principale est de desservir l'arc antillais dans son ensemble. C'est dans l'ADN de notre compagnie. Que ce soit avec nos ressources dans l'Hexagone mais aussi nos ressources basées aux Antilles. Air Caraïbes, en tant que société est basée à Pointe-à-Pitre. Nous avons des employés bien sûr à Pointe-à-Pitre mais aussi à Fort-de-France et à Cayenne pour desservir ces destinations. »

Vous ne vous êtes pas positionnés pour la reprise d'Air Guyane et d'Air Antilles ?

« Cela a été officiel : nous n'étions absolument pas dans cette reprise. En revanche, nous avons toujours dit que nous avons notre compagnie régionale basée à Pointe-à-Pitre et qui dessert l'arc antillais. Nous serons tout à fait disponibles pour être les partenaires de nouveaux acteurs et voir comment nous pouvons travailler à la bonne desserte de l'arc antillais. Nous avons toujours eu cette approche, avec notre flotte d'ATR. Nous allons regarder attentivement comment va se cristalliser ce projet. Il reste encore des questions sur le timing, le programme. Nous serons disposés à voir comment nous pourrons coopérer. L'arc antillais a besoin d'acteurs forts au niveau régional. »

Et en ce qui concerne la Guyane ? Vous avez des employés à Cayenne mais vous n'êtes pas positionnés sur ce marché ?

« Nous n'avons jamais opéré Air Guyane. Nos employés à Cayenne travaillent sur la desserte Air Caraïbes long courrier. Je pense que tout s'étudie mais nous n'avons pris aucun engagement. Cela dit, dans l'aérien nous avons tous des problèmes pour recruter des personnels qualifiés. Évidemment, si nous avons des opportunités, nous étudierons des candidatures qualifiées, c'est évident ! »

Où en est votre procédure judiciaire contre l'État et contre le fournisseur pétrolier Sara ? Avec d'autres compagnies aériennes, vous avez assigné ces deux acteurs pour l'augmentation du prix du kérosène il y a plusieurs mois.

« Je préfère parler de discussions que de procédure. Nous parlons avec les autorités. Notre objectif c'est d'avoir une équité de traitement. Et que toutes les approches ne soient pas réservées à un type d'acteurs. Que rien ne contribue à une distorsion de concurrence. Air Caraïbes et French Bee sont des compagnies bien gérées dont le but des actionnaires est de dégager des marges opérationnelles. Nous le faisons grâce à la qualité de nos employés et à la rigueur de nos organisations. »

La cherté des billets d'avions (+55% en un an) a été abondamment documentée, y compris par les services de l'État. Faut-il s'attendre à du mieux ou bien pas du tout ?

« Dans ce ce que nous voyons sur le marché, nous avons certains signes sur certaines routes qui donneraient à penser que nous allons rentrer dans un cycle qui sera plutôt à la stabilisation voire à une baisse sur certaines destinations. On voit un ralentissement de la demande sur certains axes. Mais ce ne sont que de premiers signes. Est-ce que cela va se confirmer ? En tout cas, c'est la tendance. On a atteint un certain niveau qui ne va pas continuer à augmenter. Cela pourrait même baisser sur certains prix. »

À quelle échéance ?

« On le voit déjà sur certaines routes à partir de cet hiver, novembre, décembre. Il est encore un peu tôt pour parler de ce qui va se passer l'année prochaine. Nos projections nous incitent à la prudence sur les niveaux de prix. »

Les acteurs antillais du tourisme, réunis à Top Résa, essaient de « casser la saisonnalité » des flux de voyageurs vers les îles. Cela vous paraît une piste intéressante ?

« Bien sûr ! La saisonnalité stretche les organisations, c'est-à-dire qu'elle les étire et les relâche ! Cela compte aussi pour la gestion de la masse salariale, pour l'ensemble de nos employés. Pour l'instant, nous sommes vraiment dans des tensions énormes l'été et aussi autour de la période de Noël. Si on pouvait avoir une saisonnalité moins marquée cela serait extraordinaire pour le secteur aérien. Il faut reconnaître que c'est un objectif compliqué à atteindre : toute la chaîne doit être adaptée à ce type de changements. Toutes les initiatives qui vont dans ce sens sont bonnes à prendre. Une saisonnalité moins marquée serait bonne pour le pays, pour les départements, et pour tous les fournisseurs autour de cette chaîne. »

Parmi tous les facteurs mis en avant par les compagnies aériennes pour expliquer la cherté des billets d'avion (jetfuel, fiscalité, salaires...) quelle part attribuez-vous à la fixation des prix par algorithme, le « yield management » ?

« C'est le cœur de notre métier. Toute compagnie aérienne commence à créer un programme qui est intimement liée à une prédiction de niveau de recettes par route. Le « yield management » c'est travailler à l'optimisation. Quand un avion part nous n'avons pas de stock. Tout ce qui se passe en amont du départ de l'avion, c'est une gestion basée sur des logiciels, des algorithmes qui permettent d'optimiser la recette qui va partir avec ce vol-là. Ces méthodes ont été utilisées après l'aérien dans l'hôtellerie par exemple. Sans « yield management » vous n'avez pas de compagnie aérienne. »

Propos recueillis par FA Paris

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