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Publié par fxg

Olivier Serva

Olivier Serva

Une proposition de loi contre la « discrimination capillaire »

Le député de Guadeloupe, Olivier Serva, a organisé à l'Assemblée le 16 novembre un colloque autour de sa proposition de loi « contre la discrimination capillaire ». L'occasion de libérer la parole autour des cheveux dits « texturés », « afro » ou « naturels », c'est-à-dire crépus, et surtout des discriminations raciales qui y sont toujours liées.

Avec sa proposition de loi, « visant à reconnaître et à sanctionner la discrimination capillaire », le député (LIOT) de Guadeloupe, Olivier Serva, a touché un point sensible. Il reconnaît lui-même que « l'idée de cette proposition de loi s'est imposée à la suite d'une décision de justice concernant un steward d'Air France qui a remporté une victoire après dix ans de lutte. »

Assez fortement médiatisée, cette affaire récente a vu la compagnie nationale être condamnée pour discrimination envers un salarié qui portait des « tresses africaines nouées en chignon », des locks, et lui refusait d'embarquer pour exercer son métier. À l'époque, ce travailleur était contraint de porter une perruque lors de ses activités professionnelles.

« Une étude statistique Outre-Atlantique précise que deux femmes noires sur trois disent qu'elles doivent changer de coiffure pour aller postuler dans une entreprise, ajoute le député Olivier Serva. Cela pose même un problème sanitaire : les femmes qui utilisent des produits pour défriser leur cheveux ont trois fois plus de risque d'avoir un cancer de l'utérus et trois fois plus de risque d'avoir un fibrome qu'une femme qui n'en utilise pas. »

Voilà pourquoi la proposition de loi portée par le député Serva et son groupe politique suggère de modifier le code pénal et le code du travail. Il s'agit de préciser dans la loi le critère « physique » de discrimination, en y ajoutant « notamment la coupe, la couleur, la longueur ou la texture [des] cheveux ».

Des élèves exclus pour cause de locks

Dans la loi actuelle, les motifs de discrimination sont déjà nombreux. « Il y en a trente-cinq dans le code du travail et c'est un record », soulignait, à la tribune, un participant au colloque sur la « discrimination capillaire ». Dans sa description des motifs potentiels de la discrimination, le code pénal décrit déjà « l'appartenance ou la sa non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation, une prétendue race ou une religion déterminée ».

Quoi qu'il en soit, le député Olivier Serva a touché un point sensible : le colloque était complet, le public au rendez-vous. Des voix se sont élevées pour décrire l'oppression quotidienne et exaspérante subie par les porteurs et les porteuses de chevelures crépues. « Étant originaire de la Guadeloupe, je suis moi-même touchée par ce sujet et d'ailleurs je porte mes cheveux naturels après les avoir défrisés pendant des années, raconte Alexandra Albérie, communicante à Paris. Je me suis dit, pourquoi ne pas garder mes cheveux d'origine pour garder mon identité guadeloupéenne ? C'est un sujet qui m'est cher. »

Plus tard lors du colloque, animé par le journaliste Claudy Siar, une autre parole a été libérée, sur le racisme. Plusieurs témoignages de violences très contemporaines se sont succédé. Comme les brutalités dont elles faisaient le récit, ces histoires portaient sur les cheveux mais elles évoquaient bien autre chose. « Il y a encore beaucoup de chemin à parcourir : ces discriminations continuent. En Belgique, la semaine dernière, deux élèves ont exclus à cause de leur locks, s'indignait Juliette Esmeralda, enseignante, chercheure et consultant à Fort-de-France. Les personnes qui subissent des discriminations n'arrivent pas à trouver une issue favorable à ces situations. Ils subissent des violences symboliques et elles sont souvent vécues d'une façon exceptionnelle, enkystée dans le regard social. » La proposition de loi visant à lutter contre la « discrimination capillaire » devrait être examinée par le Parlement au début de l'année prochaine.

FA Paris

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