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Publié par fxg

Lire les morts, Jacob Ross, 358 pages, 21 euros, Sonatine

Lire les morts, Jacob Ross, 358 pages, 21 euros, Sonatine

Personne ne peut empêcher les morts de parler

The bone readers, le roman policier de Jacob Ross est sorti à Londres en 2017. Il a fallu attendre le mois d’octobre 2020 pour que Lire les morts paraisse en français. Enfin en français… L’action de ce polar caribéen se déroule sur l’île de Camaho, une île imaginaire des Caraïbes, « 500 km2 couverts de vallées, de montagnes et de forêt tropicale, un sacré territoire. Assez pour que les européens s’entretuent pendant deux cents ans et pour foutre une trouille bleue à Ronald Reagan (…) ; assez pour qu’il ait posté un porte-avion sur notre horizon et lancé des hélicoptères de combat Blackhawks et des bombardiers F16 afin de nous enfoncer dans la mer. Petite île, mon cul ! » Vous l’aurez deviné, il s’agit de la Grenade, l’île dont l’auteur est originaire. Et là-bas aussi, on parle un créole, de base lexicale anglaise mais un créole. Pour préserver le travail de l’auteur en « matière de rythme, de style, de registres de langue et de construction subtile d’un cadre sociolinguistique propre à son roman », l’éditeur a demandé à Fabrice Pointeau, le traducteur, de restituer la fluidité, l’oralité et la musicalité des dialogues « grâce à des procédés de condensation et d’ellipse » auxquels se sont ajoutés des locutions empruntées aux créoles martiniquais et guadeloupéen.

Camaho, ici et maintenant...

Bienvenu dans ce grand polar caribéen ! Michael Digson, un jènn’ boug survit tant bien que mal dans la kaz héritée de sa grand-mère… Jusqu’au jour où il croise la route du vieux Chilman, un vieux flic non-conformiste qui l’embauche dans sa brigade criminelle. On ne va pas spoiler l’intrigue, mais elle plonge le lecteur dans les luttes de pouvoir entre communautés, sectes religieuses, tensions sociétales et raciales, poids de l’histoire et de la mémoire… Mais, qu’on ne s’y méprenne pas, l’île de Camaho pourrait tout aussi bien être ici et maintenant, comme une référence au grand Jim Thompson ! Car si ce polar est bien un thriller, « ses fulgurances, écrit The Guardian, et la qualité de son écriture, en font un roman véritablement littéraire, qui impressionne par sa profondeur et sa finesse ».

FXG

Jacob Ross, le poète

Jacob Ross est un poète, dramaturge, journaliste, romancier et professeur d'écriture créative, né à la Grenade où il a fréquenté l'école secondaire avant d’étudier à l'Université de Grenoble. Il vit au Royaume-Uni depuis 1984. Son premier recueil de nouvelles, Song for Simone, a été publié en 1986, et a été salué comme « l'une des cristallisations les plus puissantes de l'enfance caribéenne depuis In the Castle of My Skin de George Lamming. » Il faut attendre 1999 pour son deuxième recueil, A Way to Catch the Dust and Other Stories. Ses histoires raffinées, intemporelles et d'une beauté saisissante l’ont fait comparer à Dereck Walcott… Son premier roman, Pynter Bender, a été publié en 2008. The Bone Readers est son deuxième roman et sa première œuvre traduite en français.

 

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