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Publié par fxg

Carlton Rara et Fred Deshayes, un esprit caraïbe au New Morning

Eric-Dubosc-Carlton-Rara-Serge-Balson-Ametys-Jakany-et-Cla.jpgCarlton Rara d’Haïti et Fred Deshayes de Guadeloupe, deux musiciens, deux identités, deux musiques, mais  un espace commun, une passion commune : la musique des Antilles.

De la transe pour Carlton, de la réflexion pour Fred, c’etait samedi au New Morning, a Paris

La salle etait comble quand Carlton Rara a entonne ses premières notes, la voix emplie de nostalgie, rendant un vibrant hommage à Toto Bissainthe, la grande comédienne de son pays. Entouré de musiciens de talents, il a donne toute sa dimension a sa mélodie du bonheur empreinte de la musique racine d’Haïti. Les paroles sortent de ses tripes. C’est un blues réinventé  et à sa mesure qu’il délivre passionnément et à sa juste mesure, construit autour des percus (Claude Saturne) et des guitares (Jahary Rakotondramasy et Serge Balsamo aux rythmiques et Eric Dubosq a la basse). La belle voix d’Amétys assure les chœurs.

CARLTON-RARA-et-Guitariste--ph-A--JOCKSAN--4-.jpgAvec son physique de basketteur et ses pas trébuchants, Carlton impose sa présence sur scène. Sa voix souffle la grâce et envoute. Le public decouvre son dernier opus  « Home ».

En deuxième parti de soirée, l’artiste guadeloupéen, Fred Deshayes et ses musiciens, avec à la contrebasse, le Cubain Damiam Nueva, l’excellent guitariste Ralph Lavital, le batteur Aranud Dolmen et les choristes Claudine Penon et Béatrice Poulet.

 Sous l’influence des bonnes énergies emmagasinées en coulisse, Fred Deshayes et ses musiciens  ont fait valser le public très écliptique et les VIP présents, Michel Reinette, Euzan Palcy, Marie Noëlle Eusebe, Christian de Montaguère et Julie Aristide étaient aux anges.

Depuis la sortie  de son premier album éponyme, « Fred Deshayes », chez Aztec musique et ses multiples expériences à travers la Caraïbe, l’artiste a pris de l’assurance et de la maturité. Son talent confirmé s’affirme. « C’est sans doute mon meilleur concert parisien avec une bonne communication avec le public », a-t-il declare.

FRED-DESHAYES-guitare-ALFRED-JOCKSAN--18-.jpgL’artiste aime le jeu de la communication. Sur scène comme ailleurs, il adore s’exprimer et expliquer. Son cote prof. Il est un Guadeloupéen qui tient à sa culture et à ses racines. A chacune de ses prestations il rend un hommage aux anciens et aux disparus, Vélo, Conquet et PSE. « Il faut faire vivre un amour qui n’est pas fini », dit-il.  Il lance un grand remerciement à la martiniquaise, Euzan Palcy qui lui a permis de composer la musique de son documentaire, les Dissidents. Fred Deshayes  est un fin mélodiste qui développe un swing guadeloupéen dynamique comme il l’a encore prouve en interpretant Ka touné an ron ron.

En un soir le public du New Morning a été gratifié de deux super concerts avec deux artistes, d’horizon différent, certes mais du même bassin archipélagique des Antilles.  Tous étaient  dans  l’esprit caraïbes, accessible, émouvant, joyeux et biguinant.

Alfred Jocksan (agence de presse GHM)public-et-Fred-Deshayes-A--Jocksan.jpg

 


3 questions à Carlton Rara

« Pour cultiver sa culture, il faut la faire respirer »

Carlton-Rara-A-Jocksan.jpgComment qualifiez-vous votre musique ?

Ce n’est pas à moi de la qualifier. Je me garde bien le droit de la qualifier. Les autres le font pour moi et c’est très bien. Il faut que la musique vive dans le regard des uns et des autres. On me dit que je suis un bluesman haïtien, il y a quelques choses de blues en moi, je suis Haïtien, ça doit être assez juste quelque part. Le blues et la musique haïtienne sont des racines qui trempent dans le même bassin de culture. Effectivement on trouve tous ces esprits là.  Simplement, il suffit de passer une passerelle pour accéder à l’autre couleur. Mais, c’est la même chose, la même musique.

Comment avez-vous vécu ce concert parisien ?

Le public était attentif, peut être trop. Car à un moment il faut lâcher les attentions pour laisser les émotions entrer. Sinon, j’ai passé une bonne soirée. J’ai appris à admettre cette particularité culturelle qui fait que les gens ont une appréciation qui se fait plutôt dans le dedans que dans l’extériorité. Comme chez nous dans la Caraïbe et en Afrique. Donc, il faut en prendre acte et l’accepter.

Vous avez rendu un hommage appuyé à Toto Bissainthe, une grande dame de la culture de votre pays. Est ce que c’est un exemple pour vous ?

Toto est un exemple d’ouverture. Pour cultiver sa culture, il faut la faire respirer, il faut la réinventer. Nous sommes obligés de créer une respiration avec le reste du monde, le monde extérieur. Surtout quand on vient d’une ile. Toto Bissainthe et tous les grands artistes haïtiens qui ont fait avancer la musique, racine ou le konpa, tel que le Tabou Combo, Boukman expérience, tous ces gens sont allés à l’extérieur se nourrir pour revenir nourrir Haïti après. C’est très important.

Propos recueillis par Alfred Jocksan

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