Conjoncture eco dans les 4 vieux DOM
La conjoncture Outre-mer en 2013
Nicolas de Sèze et Philippe La Cognata, les patrons de l’institut d’émission des départements d’Outre-mer, ont présenté, hier à Paris, les orientations de la conjoncture économique dans les territoires d’Outre-mer pour l’année 2013.Globalement les économies ultramarines ont connu un climat des affaires mieux orienté, une inflation maîtrisée, mais le marché de l’emploi reste sous tension, la consommation des ménages, timide, et l’investissement à la peine.
FXG, à Paris
La Martinique manque d'air
A la Martinique, apres une année 2012 sans croissance, l’année 2013 n’a pas été mieux. Certes l’indicateur du climat des affaires s’est amélioré, mais personne ne veut investir sérieusement. Au mieux, on remplace… La faiblesse de la demande intérieure pénalise l’activité économique. La morosité touche l’agriculture, l’industrie, le BTP, le commerce… Heureusement, le tourisme est reparti (1,7 % de fréquentation en plus avec 651 808 touristes, 1 623 870 passagers à Aimé-Césaire et un regain dans la croisière avec une hausse de 12,7 %)…
Les chefs d’entreprises restent prudents. Le taux d’inflation est modéré (1,3 %) malgré la hausse des prix de l’alimentation (1,8 %), des services (1,1%) et des produits manufacturés (0,3 %). C’est le prix de l’énergie qui a baissé de 2,1 % en 2013. Les chiffres du chômage ne sont pas bons. Avec 44 583 chômeurs inscrits, la hausse est de 2,7 %. Les plus de 50 ans sont en progression de 13,4%. Les offres d’emploi, elles, sont en baisse de 8,3 % pour atteindre le nombre de 7 592.
Les gens consomment peu. Les importations de biens d’équipement électrique et ménager sont en repli de 14,4 %, tout comme les immatriculations de véhicules particuliers (-3,8%). Les crédits à la consommation aussi sont en recul de 2,7%. Même le chiffre d’affaires des hypermarchés croit lentement (+2,5 % contre 5,4 % en 2012). C’est dire ! Les gens préfèrent épargner que consommer.
L’absence de visibilité (remise en cause et réforme de la défiscalisation en 2013) a conduit les chefs d’entreprises à reporter leurs investissements. Les importations de biens d’équipement professionnel ont recule de près de 4,5% de même les véhicules professionnels (-6 %). Ils ont aussi moins eu recours à l’emprunt pour leurs investissements (-2,7%).
Ainsi les importations sont en décrue (les importations d’hydrocarbures ont baissé de 35,6 %. Les exportations aussi sont moindres en raison de la baisse des exportations de produits pétroliers vers la Guyane et la Guadeloupe. Mais sans le poste carburant, les exportations progressent avec le matériel de transport (+52,7%) et les produits de l’industrie agroalimentaire (+12,8%).
La filière banane a souffert de la cercosporiose noire et les tonnages produits ont chuté de 16,8 % pour atteindre 155 575 tonnes en 2013. La canne a eu des rendements moindres aussi malgré la croissance des surfaces cultivées. Le tonnage produit ne croit au final que de 1,5 % avec 177 921 tonnes partagées entre les distilleries (135 050 tonnes) et la sucrerie du Galion (42 872 tonnes). La production locale de viande a augmenté de 6,5 %.
Dans le BTP, c’est la crise. Les ventes de ciment chutent de 7,6 % avec 171 168 tonnes. Heureusement, les logements commencés sont en hausse de près de 20 %.. Les industries liées au bâtiment suivent les mêmes avanies. Seule l’agroalimentaire connaît une hausse de ses exportations (12,8%), mais la production de rhum a baissé de 5 % et celle de sucre de 25 %.
L’IEDOM anticipe un mieux dans les prochains mois avec les nouveaux projets structurants, le TCSP, et de meilleures perspectives dans le logement. La Martinique doit encore identifier des relais de croissance pour relancer son économie et enrayer le chômage. Le tourisme pourrait etre un de ces leviers.
Des signes de reprise de l’économie guyanaise
Nicolas de Sèze et Philippe La Cognata, les patrons de l’institut d’émission des départements d’Outre-mer, ont présenté, hier à Paris, les orientations de la conjoncture économique dans les territoires d’Outre-mer pour l’année 2013.Globalement les économies ultramarines ont connu un climat des affaires mieux orienté, une inflation maîtrisée, mais le marché de l’emploi reste sous tension, la consommation des ménages, timide, et l’investissement à la peine.
A la Guyane, les indicateurs économiques ont ete marqués par des signes de reprise de la consommation des ménages et des investissements des entreprises à partir du 3e trimestre. En revanche, la situation de l’emploi s’est dégradée : 21 000 personnes inscrites au chômage, en hausse de 12,5 %. Les femmes sont bien plus touchées que les hommes (12 867 contre 8 914). Les moins de 25 ans sont 3 699 et les plus de 50 ans sont 3 966. Quant aux bénéficiaires du RSA, ils sont 17 125, en hausse de 11,3 %. Ainsi l’indicateur du climat des affaires n’a pas été au beau fixe (8 points en dessous de sa moyenne de longue durée), même s’il a eu tendance à réamorcer une légère hausse à la fin de l’année. L’inflation a été contenue à 1,4 %, tirée principalement par les prix de l’alimentation (+3,1%) et des services (+1%).
La consommation des ménages a progressé de 9 % avec les biens de consommation a contrario des biens d’équipements électriques et ménagers (en baisse de 4,4 %), des ventes de véhicules particuliers (-1,6%)… Signe positif, les crédits à la consommation repartent à la hausse (+3,7 %), mais le nombre d’interdits bancaires aussi (+6,4%).
Les entreprises ont investi malgré des prévisions défavorables. Les importations de biens d’équipement ont crû de 15,7 % et les crédits d’investissement aux entreprises de 5,3 %.
Les exportations ont cru de 31 % pour une valeur de 292,6 millions d’euros. Un beau chiffre, mais moindre qu’en 2012 quand la hausse avait atteint 44 %. C’est la faute aux forages pétroliers ! Les machines de sondage et de forage ont ete réexportées à Trinidad… Les importations ont connu globalement une hausse de près de 7 % pour une valeur de 1 588,9 millions d’euros.
L’activité dans le monde agricole et les industries agroalimentaires est bien orientée (hausse de l’abattage et baisse des importations de viande). Les quantités de poissons exportées augmentent de moins de 2 % et le tonnage (environ 600) de crevettes à l’export croit de 7,4 %. Mais on reste bien en dessous des 1500 tonnes de crevettes exportées jusqu’en 2009.
Le secteur de la construction étouffe, les ventes de ciment ont chuté de près de 10 % et le nombre de logements sociaux mis en chantier recule ; 609 en 2013 contre 1087 en 2012.
Les secteurs aurifere et bois sont en berne. La Guyane a exporté 1,35 tonnes d’or en 2013 (- 21,9%) pour une valeur de 44 millions (-32,3%). Meme chose avec le bois dont les exportations ont chuté de 20 % pour une valeur de 2 187 millions d’euros. Quant au spatial, avec 7 tirs contre 10 en 2012, la aussi c’est un repli. C’est le tourisme d’affaires qui rattrape un peu ces mauvais résultats avec une hausse de 2% du nombre de passagers a Félix-Eboué pour atteindre 437 599 voyageurs. Mais le nombre de nuitées a baissé de 282 000 à 273 000. Mais l’activité est, selon les professionnels, bien orientée.
Avec tout ca, les entrepreneurs guyanais anticipent une amélioration de leur activité. Pour autant, ils ne prévoient pas d’investir à court terme. L’activité BTP reste incertaine en 2014. Le programme spatial, plus conséquent cette année, devrait encore contribuer à la croissance guyanaise, tout comme le tourisme d’affaires. Les anticipations pour les premiers mois de cette année sont positives. L’or reste à la baisse, c’est une tendance internationale. Quant au mirage du pétrole offshore, l’IEDOM n’envisage des perspectives de developpement qu’à très long terme.
L’économie guadeloupéenne hésitante en 2013
Nicolas de Sèze et Philippe La Cognata, les patrons de l’institut d’émission des départements d’Outre-mer, ont présenté, hier à Paris, les orientations de la conjoncture économique dans les territoires d’Outre-mer pour l’année 2013.Globalement les économies ultramarines ont connu un climat des affaires mieux orienté, une inflation maîtrisée, mais le marché de l’emploi reste sous tension, la consommation des ménages, timide, et l’investissement à la peine.
A la Guadeloupe, les indicateurs économiques sont restés marqués par l’attentisme et l’incertitude.Néanmoins, l’indicateur du climat des affaires s’est redressé, après avoir reculé depuis mi-2012, pour retrouver son niveau moyen de longue durée.Le marché du travail continue de se détériorer. On comptait, en fin d’année, 60 393 inscrits au chômage, en hausse de 1,4%. Premiers concernés par cette hausse les plus de 50 ans. C’est le nombre d’offres d’emploi qui est inquiétant : 9 380, en baisse de 24,7%, le plus bas niveau depuis 2000 ! L’IEDOM parle de recul historique.
Les prix ont augmenté de 0,9 % après une hausse plus forte l’année précédente (+1,9). Pour autant, la consommation des ménages reste prudente et orientée à la baisse. Les importations de produits alimentaires sont en baisse de 4,8% et celle des biens de consommation de 3,6 %. On se situe toutefois à des niveaux supérieurs à ceux d’avant la crise de 2009. Même prudence des particuliers avec les crédits a la consommation qui stagnent (-0,1%). Les patrons du commerce ont toutefois observé une reprise au second semestre. D’ailleurs, le nombre de personnes en interdiction bancaire (20 478) a baissé de 2,1% et le nombre de dossiers de surendettement (287) aussi (-0,7%).
On observe aussi un mieux dans l’investissement, mais les entrepreneurs ont été pénalisés par la remise en cause de la défiscalisation et sa réforme. Ils ont cependant importé globalement plus de biens d’équipement (+18,2%) et leurs encours de crédits d’investissements ont connu une petite progression (+0,9%). L’investissement immobilier a progresse aussi, mais à un rythme ralenti (les crédits à l’habitat ont augmenté de 3,9 % contre 8,2 % en 2012.
Côté balance commerciale, l’année avait bien commencé, mais cette hausse n’a pas tenu le reste de l’année. Mais en cumul annuel, les importations ont progressé de 3,8 %. Quant aux exportations, elles ont connu une très forte hausse de près de 25 % en raison de « mouvements atypiques » sur les produits pétroliers. Sans ces derniers, la hausse des exportations n’atteint que 8%.
L’activité dans le monde agricole a subi une mauvaise récolte cannière (448 022 tonnes en baisse de 23,5%). La production de sucre est en baisse (15 %), celle de rhum aussi (9,8%). La banane, en revanche, s’exporte davantage avec 65 661 tonnes, en hausse de 8,9 %.
Côté BTP, on a perdu plus de 700 emplois (apres en avoir perdu 3 176 en 2012). Les ventes de ciment ont baissé de 5,5 %. On a donc moins construit de logements (-8,1%)…
Le tourisme progresse en 2013. Le trafic passager à Pôle Caraïbes a cru de 2% pour atteindre 1 925 047 passagers. Et si le nombre de nuitées a baisse de 0,6 %, le taux d’occupation des chambres d’hôtel s’améliore de 0,9 %. L’effet Route du rhum-Destination Guadeloupe se fait déjà ressentir, estime l’IEDOM. La croisière reste stable et bien orientée avec 158 354 passagers. La saison 2013-2014 se présente bien.
Si le secteur du commerce se porte bien, le marché automobile s’embourbe. Les ventes chutent de 6,9 %, « le plus bas niveau de la décennie ».
L’activité financière marche elle aussi au ralenti et les crédits immobiliers enregistrent un taux de croissance historiquement bas (1,7%). La collecte d’épargne est restée dynamique avec une hausse de 4,3 % pour atteindre 7,4 milliards.
Malgré ces chiffres, l’économie guadeloupéenne présente des signes d’embellie depuis le deuxième semestre 2013, mais tout reste fragile. On attend que se consolide l’activité dans les secteurs agricoles, industriels et le BTP… Bref, rien n’est gagné.
L’économie réunionnaise montre de timides signes d’amélioration
Nicolas de Sèze et Philippe Lacognata, les patrons de l’institut d’émission des départements d’Outre-mer, ont présenté, hier à Paris, les orientations de la conjoncture économique dans les territoires d’Outre-mer pour l’année 2013.Globalement les économies ultramarines ont connu un climat des affaires mieux orienté, une inflation maîtrisée, mais le marché de l’emploi reste sous tension, la consommation des ménages, timide, et l’investissement à la peine. A la Réunion, les indicateurs économiques semblent indiquer un retour à la confiance de la part des entrepreneurs même si ca ne se voit pas encore dans les chiffres. Les prix ont augmenté de 1,4 % apres une hausse plus modérée l’année précédente (+0,9). Si la consommation des ménages s’est maintenue (les ventes de véhicules particuliers se sont redressées apres un fort recul des ventes en 2010-2011), les crédits à la consommation sont en baisse de 2,8 %, ce qui ne présage rien de bon pour la croissance. Pour autant, l’IEDOM observe une stabilisation du marché du travail grâce à une hausse du nombre d’emplois aidés (13 348 contrats). Mais le nombre de demandeurs d’emploi en fin de mois connaît tout de même une hausse de 1,3%.
Côté investissements, les prévisions peinent à retrouver une orientation durablement favorable. Les ventes de biens d’équipement professionnel et les ventes de véhicules professionnels reculent de 7 %, tout comme les crédits aux entreprise (-3,5%). En revanche, les crédits aux collectivités locales croissent de 1,3%.
Le logement social, heureusement, continue de soutenir le secteur immobilier. Les crédits immobiliers aux entreprises progressent bien de 12,4%, contre 2,4 % pour les particuliers qui privilégient l’achat dans l’ancien.
Les échanges avec l’extérieur reculent et les importations baissent de 5 % contre 2.7% l’année d’avant. Cela est du à la baisse des importations des biens d’équipement professionnel et des carburants. Seules les importations pour le secteur agroalimentaire augmentent. Résultat, le produit de l’octroi de mer a baissé de 2,1 % en 2013. En balance, les exportations ne se portent guère mieux, en baisse de 3,5% malgré la hausse des exportations de produits sucriers et de la légine. Le repli des exportations s’explique surtout par la ré-exportation des produits pétroliers (-3,9%) et des déchets industriels et ménagers (-21,5%).
Le secteur agricole est morose, l’activité agroalimentaire se contracte (-11,9% pour le rhum). Heureusement, la consommation locale des produits agroalimentaires est bien orientée, portée par la mise en place du bouclier qualite prix.
Le secteur du BTP reste dans l’attente des nouveaux chantiers (route du littoral). Les effectifs du BTP se sont tassés de près de 5 %. L’activité touristique reste mitigée avec une fréquentation hôtelière en recul de 3,3 %.
L’activité financière est peu dynamique, même si l’épargne progresse (4,9%) et que les créances douteuse sont en repli de 4 % contre une hausse de 6,2 % en 2012. Au final le produit net bancaire des quatre banques principales de la place chute de 3,1 %.
L’optimisme affiché par les professionnels à la fin 2013 devrait se traduire par un regain en 2014. Pour transformer l’essai, la Réunion doit mobiliser le dynamisme de son entreprenariat et développer davantage son potentiel d’innovation grâce notamment aux contrats de plans européens pour la période 2014-2020.