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Publié par fxg

Greg Germain parrain de Cap Excellence en théâtre

 Le festival Cap Excellence est prévu du 10 au 15 mai 2010. Soutenu par les Villes de Pointe-à-Pityre et des Abymes, Il succède au festival de théâtre des Abymes, Teyat Zabim. Son parrain est pour cette première Greg Germain. Désormais itinérant, il propose une programmation aussi bien en salle, à Sonis, George-Tarer ou Chazeau, que sur des espaces ouverts, au Bik des Abymes ou sur le parvis de l’hôtel de ville de Pointe-à-Pitre.
Le festival ouvrira ses portes  aux Abymes avec la troupe Grâce Art théâtre dans une pièce intitulée Congre et homard, au Bik mis en place pour l’occasion sur l’esplanade de l’Office du tourisme de la ville. La clôture quant à elle, se déroulera à Pointe-à-Pitre sur la place de la Mairie.


greg-germain-2--rdg-.jpgITW Gerg Germain, comédien, directeur de théâtre et parrain de Cap Excellence

« Le premier des talents c’est de durer »

Pourquoi avez-vous accepté d'être le parrain de cap Excellence en théâtre ?

Rien de ce qui se fait en Guadeloupe ne m’est étranger et puis, le théâtre est mon métier. Je suis président du plus grand festival de théâtre du monde francophone, le Off d’Avignon, et il me semble intéressant d’apporter à mes compatriotes mon expérience et ma vision des choses
C’est le sens de votre participation ?

Il est essentiellement pour dire au public de le Guadeloupe que le théâtre est un art qui permet de comprendre et d’exercer la vie comme dirait Antonin Artaud, que dans le festival, il y a l’idée de fête et que cette fête, c’est de voir des gens s’exprimer, exprimer leur vie et leurs imaginaires sur une scène de théâtre. Peut-être que ça vous rend un petit peu meilleur et puis ce festival est un moyen de mettre le théâtre à la portée de tous. Souvent les gens craignent d’entrer dans une salle fermée et capturée par la bourgeoisie… Je ne fais que répéter les mots de Jean Villars : il faut sortir le théâtre de son carcan fait de sièges de velours rouge et de tentures noires et le porter au peuple, habituer les gens au théâtre, les prendre par la main et leur faire fréquenter le théâtre.

En quoi va consister votre présence ici ?

Un festival n’est pas seulement le moment de « bouffer » le maximum de pièces, mais c’est aussi celui de réfléchir à la culture. La culture est d’abord ce qui nous unit – je ne parle pas d’identité nationale – et c’est essentiellement de ça dont il est question. C’est bien que l’on parle des auteurs, des acteurs, qu’on les fasse rencontrer et connaître car un peuple a besoin de son propre miroir.

greg-germain-3--rdg-.jpgDes troupes de Martinique et Guyane seront présentes. Les connaissez-vous ?

Je les connais toutes. Depuis douze ans, la chapelle du Verbe incarné, que j’ai voulue comme un acte politique et artistique, est le seul endroit d’expression culturelle pour l’outre-mer qui existe en France.

Comédien depuis de longues années, pensez-vous que les choses bougent au plan théâtral en Guadeloupe ?

Elles bougent forcément. Je dois d’abord rendre hommage à ceux - Arthur Lérus, Harry Kancel… - qui ont eu des troupes, qui ont fait du théâtre malgré les difficultés d’existence… Ici, le vent fait se coucher les bananiers et les cannes à sucre et l’on préfère donner de l’argent pour ces cultures. Je le comprends car ça fait vivre des milliers de personnes. Ceux qui pilotent nos institutions n’ont pas bien saisi la mesure de la mission qu’ils ont. Cap Excellence, Poumaroux et les maires des Abymes et de Pointe-à-Pitre ont bien compris que c’était aussi un aliment important pour la population.

Rapporteur des états généraux dans l'Hexagone, qu'avez-vous fait comme propositions concrètes ? Pensez-vous avoir été écouté ?

Il y en a une qui a été retenue par le président de la République, c’est celle d’avoir une agence de diffusion des œuvres et des cultures d’outre-mer. Le théâtre est un art où les regards doivent être croisés, c’est la raison pour laquelle j’ai inventé le TOMA (théâtre des outre-mers en Avignon) pour que mes compatriotes puissent montrer au reste du monde ce qu’ils savent faire. J’ai été écouté pour autant, je ne suis pas celui qui dirigera cette agence de diffusion et de développement des cultures d’outre-mer. Je serai pourtant légitime… Il est inconcevable qu’une pièce qui se joue en Guadeloupe ne puisse pas être jouée en Guyane et en Martinique. Nous devons mettre en place ces réseaux, sortir de nos départements et apprendre aussi des autres, voir ce que font les autres.

greg-germain-devant-toile-de-FMatta--rdg-.jpgVoix française de Denzel Washington, Will Smith, Sidney Poitier, Harry Bellafonte… Les avez-vous rencontrés ?

A part Sidney Poitiers, je les ai tous rencontrés. J’ai vu Denzel Washington en Californie, Will Smith à Paris et, il y a de longues années, Harry Bellafonte. C’était assez troublant… Voir quelqu’un que l’on connaît bien, dont on connaît les moindres intonations de voix, les moindres tics… C’est assez troublant de voir cette personne devant soi. Un fois, à Prague, je tournai Panique aux Caraïbes, j’allume la télé dans ma chambre d’hôtel et je me suis vu en train de parler tchèque… C’était bizarre. Ca c’est mon expérience inverse ! L’autre expérience, c’est de regarder un film avec Will Smith ou Denzel Washington dans un avion. Les passagers qui regardent la version française écoutent ma voix et ne savent absolument pas que la voix qu’ils entendent est en train de se balader dans les couloirs de la cabine.

Les acteurs noirs sont-ils confinés aux troisièmes rôles et au doublage d'acteurs noirs américains ?

Les deux mon général ! Mais allusion à ce qu’un acteur noir double des acteurs noirs… C’est quasi une volonté de ma part. Je pourrai doubler d’autres rôles, mais comme je fais peu de doublage, j’ai décidé de ne garder que ces deux personnages, Denzel Washington et surtout Will Smith qui n’a pas fait de film depuis un an… Lorsque je me suis aperçu que les rôles qui m’étaient proposés dans mon propre pays n’étaient ni valorisant pour l’acteur que je pense être, ni intéressant financièrement, le doublage m’a permis de durer, car le premier des talents c’est de durer.

Directeur du théâtre de la Chapelle du verbe incarné, pensez-vous que le Toma donne une réelle visibilité des talents noirs antillais ?

greg-germain-5.jpgTant qu’il restera le seul, ce ne sera qu’une île au milieu d’un océan. L’agence de diffusion et de développement pourrait, sur les bases de la Chapelle du verbe incarné, mettre en place des tournées de théâtre d’outre-mer dans l’Hexagone. Mais si la Chapelle du verbe incarnée n’est pas un ghetto, c’est parce que si ce sont bien des Antillais ou des Ultramarins qui y jouent, le public est d’abord un public de festivaliers, d’amoureux du théâtre et qui vient voir des choses qui l’intéressent.

En Guadeloupe, tout reste à faire. Il n'y a pas d'école, les comédiens sont âgés ? 

Non ! Je ne crois pas cela parce que c’est minoré les choses. Tout reste à faire mais tout est là, tout reste à émerger…

Mais sommes-nous condamnés à toujours faire venir des troupes d'ailleurs ?

Ce qui est intéressant est qu’il y ait un échange et non pas l’éternel monologue nord sud. Je souhaite un dialogue de ces imaginaires, de ces cultures et pour cela, il faut que les nôtres sortent aussi.

Votre dernière prestation au théâtre, c'était Colin Powell, dans Stuff Happens. Pourquoi cette pièce n'a-t-elle pas été programmée chez nous ? 

Et pourquoi n’est-elle pas programmée à Bordeaux ? à Bayonne ? Il y a 17 personnages sur scène… C’est un énorme bousin à déplacer ! C’est vrai que ça aurait été intéressant pour les Guadeloupéens, au-delà de voir l’un des leurs interpréter Colin Powell. Ca a été joué près d’un an à New York, autant à Londres, 4 mois à Paris et j’ai fait près d’une cinquantaine de dates en tournée… On ne peut pas se satisfaire de son sort, mais la Guadeloupe s’en sort plutôt mieux que les Côtes d’Armor !

Propos recueillis par FXG (Agence de presse GHM)

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