James Germain et Soft avec la chorale Arpège
James Germain, la voix mandingue d’Haïti
« Ce genre de projet me renvoie à mon enfance car j’ai débuté comme ça »
Son dernier album, Créole-mandingue, réalisé à Bamako au Mali, la terre du grand Salif Keita, est une ballade musicale extraordinaire entre les Caraïbes et l’Afrique. Ambassadeur infatigable de la culture haïtienne, il parcourt le monde pour faire découvrir sa musique avec son identité.
Après tant d’année sur scène à mener une vie de nomade-mélomane, est-ce une consécration d’être ici ce soir ?
Mon dernier album est sorti au mois de septembre dernier et j’ai laissé Bamako au mois de novembre pour revenir à Paris ou j’ai donné une prestation pour assurer la promotion. Puis j’ai fait une tournée aux Antilles, avant de rejoindre Haïti où j’ai décidé de me reposer un peu. A travers ce que je fais, et à chaque fois que j’en ai l’opportunité, je m’engage dans d’autres projets et je joue avec d’autres musiciens. J’ai eu le plaisir de participer au festival d’Aquin, un festival international de danse et de musique traditionnelle qui existe depuis quatre ans dans dans le sud d’Haïti. Aujourd’hui, je fais de la formation, j’encadre des jeunes talents, pour leur transmettre un peu de mon expérience. Il est important de mettre en lumière la génération à venir. Et, en même temps, je poursuis ma route. J’éprouve beaucoup de plaisir de partager ma musique avec le public. C’est une belle vie d’être sur scène et de partager avec les gens.
Comment avez-vous vécu cette soirée avec les enfants de la chorale Arpège ?
C’était extraordinaire de partager la scène avec la chorale Arpège ; ça devient une sorte d’habitude pour la chorale et moi. Avec Soft aussi, en Martinique, nous avons partagé un grand moment avec le public. C’est le bonheur de montrer à la communauté le travail de la chorale Arpège pour sa première prestation dans la capitale. Je supporte ce genre de projet qui me renvoie dans mon passé, mon enfance, car j’ai débuté comme ça.
Votre dernier album, Créole-mandingue, a été enregistré à Bamako. Pourquoi l’Afrique ?
Tout ce qui arrive dans la vie, ca sert d’exemple, ca nous fait grandir. Avec Créole mandingue, j’espère que j’aurai l’opportunité de venir avec l’équipe de Bamako une fois pour exécuter ce disque. Je trouve que c’est un cadeau d’avoir été à Bamako pour enregistrer ce projet. Là-bas, j’ai trouvé des choses extraordinaires, vécu des moments extraordinaires.
Quel est votre coin préféré à Paris ?
J’aurai du mal à donner un seul lieu. Mais j’aime bien Château-Rouge. C’est un lieu où l’on trouve de tout. Je sais qu’en m’y rendant, je peux manger les plats d’Afrique, des Antilles. Et, j’ai un autre lieu de Paris que j’aime, c’est Chatelet-les Halles. Tout se brasse là-bas. On rencontre plein de gens. Tout le monde est là.
Comment avez-vous vécu ce changement qui se met en place en Haïti ?
Quand je vois la souffrance du peuple haïtien, ça fait très mal. On n’est pas un peuple facile. Moi, j’espère qu’on va finir par trouver un terrain d’entente et que les choses vont avancer. Le pays doit avancer. Il y a beaucoup de gens qui souffrent. Il faut avancer vers la reconstruction. Il va falloir beaucoup de temps pour remettre Haïti sur pied. Si on ne commence pas maintenant, c’est dommage. Je crois que l’urgence est là. Aujourd’hui, il faut bien faire les choses pour ne pas retourner en arrière. Cette fois-ci, j’espère que Haïti va démarrer positivement et montrer au monde qu’on tient. Tout cela me semble très difficile.
La musique Haïtienne vient de perdre un de ses grands, un homme populaire pour sa musique racine, Léonor Fortuné dit Azor, que vous connaissiez particulièrement. Comment avez-vous réagi ?
Azor était un excellent artiste, excellent musicien, respect pour lui. Il restera toujours dans ma mémoire, toujours dans la mémoire des Haïtiens et de tous ceux qui l’on vu en Guadeloupe, en Martinique, en Guyane, à Paris, au Japon, aux USA. C’est un grand monsieur qui nous a quitté. Pour sa mémoire, je lui ai dédié mes chansons. Il le mérite. Moi, je ne trouve pas mes mots. J’étais très choqué. Quelques jours avant nous étions ensemble. J’ai été le voir jouer. Nous avons beaucoup échangé. Son départ me fait beaucoup de peine.
Propos recueillis par Alfred Jocksan