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Publié par fxg

GMZ en Guadeloupe

Dix ans après la disparition de Patrick Saint-Eloi (PSE), Jacob Desvarieux et le groupe Kassav ont décidé de lui consacrer la toute dernière édition du Grand méchant zouk (GMZ). Après le Zénith de Paris le 20 octobre, c'est au palais des sports du Gosier le 18 novembre. Interview.

"Patrick Saint-Eloi a montré qu'en créole, on pouvait parler d'amour"

Le Grand méchant zouk rend hommage à PSE, pourquoi lui et pourquoi maintenant ?

Clairement, le GMZ 2017 est dédié à Patrick Saint-Eloi ! On ne l'a pas fait avant parce qu'il fallait attendre le temps du deuil déjà et puis, depuis son décès, tous les ans, il y a des gens qui veulent organiser des hommages et on ne veut pas se retrouver en concurrence avec eux parce que la machine que nous mettons en route est de fait assez lourde ! Et comme souvent, ce sont des copains à nous, nous ne voulons pas écraser le truc !

Et cette année, le paysage est dégagé ?

Cette année, on a bien fait gaffe qu'il n'y avait rien de prévu et on a décidé de le faire. Nous allons faire un plateau où il y aura nous, Kassav, évidemment, mais aussi un tas de chanteurs de plusieurs générations et que ne chanteront que des chansons de Patrick Saint-Eloi.

Le GMZ a toujours un tropisme pour la transmission...

Ben oui ! On essaie de transmettre aux générations qui arrivent le savoir-faire, notre façon de voir les choses. C'est vrai qu'à l'époque où nous avons commencé à faire de la musique, ce qui était important, c'était de jouer de la musique. Aujourd'hui, ce qui semble plus important que la musique, c'est l'image.

Et vous êtes parvenus à rester les mêmes avec la même simplicité qu'au début des années 1980...

Les choses évoluent et chaque génération dit la même chose : "De mon temps, etc..." Voilà, c'est comme ça... Je pense que nous respections des valeurs qui étaient bien, les nôtres, comme chaque génération défendait les siennes. D'ailleurs, nous avons contesté la génération de nos parents, enfin ce qu'ils ont fait et puis finalement on se rend compte qu'au fur et à mesure, on a évolué, on a fait progresser les choses. Quand on est jeune, on ne voit pas ça tout de suite. Voilà, il faut que les anciens transmettent aux jeunes des valeurs... qu'ils leur apprennent que ce qu'ils font, il y a des artistes qui l'ont fait avant eux et que c'est grâce à cela qu'ils peuvent le faire.

Finalement PSE ne vous a jamais quitté...

Patrick Saint-Eloi est encore parmi nous. Je dirai même qu'il est plus que parmi nous ! Oui, certes, nous continuons de jouer ses morceaux, mais il y a toute une génération de chanteurs, d'artistes aux Antilles, mais également ailleurs en Afrique, en Angola, au Mozambique, au Cap Vert, au Brésil, qui ont été influencés par le travail qu'il a fait et qui le jouent maintenant, sans même parfois sans savoir que ça vient de lui... Parce qu'avec les nouvelles générations souvent, il n'y a pas eu d'éducation culturelle très poussée. Ils écoutent la radio, entendent des morceaux d'il y a trois ans et ils pensent que tout a commencé là !

Est-ce qu'il y a une philosophie Patrick Saint-Eloi ?

Il y a eu un avant Patrick et un après Patrick ! Et il faut remettre les choses dans leur contexte. Avant lui, quand on parlait des femmes dans nos chansons, c'était soit une romance, le plus sirupeux possible, soit c'était à limite de la pornographie. On disait que c'était dû à la langue parce qu'on n'a pas beaucoup de vocabulaire, pas beaucoup de mots et quand on parlait d'amour, de sexe ou de pornographie, c'était pratiquement les mêmes mots... Et non ! Patrick Saint-Eloi a montré qu'en créole, on pouvait parler d'amour en étant romantique, en ayant toutes les qualités et ce qui a fait que beaucoup de jeunes femmes ont participé à son succès. Beaucoup de chanteurs et de chanteuses ont changé leur façon d'écrire des chansons grâce au travail de Patrick Saint-Eloi.

Comment s'est passée votre première rencontre ?

Très mal ! A l'époque, j'avais fait un album solo et on trouve un producteur pour finir l'album. Le producteur aimait bien la musique mais pas la voix. Il ne savait pas que c'était moi... Il a voulu nous proposer des chanteurs, mais avant qu'il ne le fasse, on a organisé nos propres castings. Deux mecs sont arrivés ; on les a a écoutés... Bof, c'était pas terrible et on les a virés du studio. Parmi eux, il y avait Patrick. Quelques années plus tard, Georges Décimus est revenu avec Patrick qui était un de ses amis d'enfance, pour le proposer sur un autre projet. Il a fait son essai et on a été emballé. Je n'avais pas fait le rapprochement entre les deux auditions...

Et quand PSE est venu vous dire qu'il arrêtait Kassav ?

Ca nous a fait un peu bizarre... Le mec vient et te dit qu'il a envie de poser ses valises, qu'il veut voir ses enfants grandir. On comprend tous ça et on dit ok, mais ça va durer combien de temps ? Trois mois. Et effectivement, trois mois après, il recommençait à faire des concerts... mais sans nous ! (Rires)

Vous ne l'avez pas mal pris ?

Non parce qu'on savait ! Vous avez déjà vu un musicien qui prend sa retraite ? Il ne peut pas !

Kassav a existé avant PSE, avec PSE, après PSE et, finalement, Kassav n'a pas tellement changé...

Kassav a évolué mais reste Kassav. L'essence même de Kassav, c'est d'être une association de gens qui au départ — et c'est pas parce qu'on est copains ou qu'on a été la même école — ont construit un projet. C'était un projet au départ Kassav ! L'idée de prendre la musique antillaise et d'en faire un truc international ! C'était un truc mégalo à l'époque mais on ne disait pas ce mot là. Et les gens qui étaient séduits par ce projet sont venus. La plupart sont restés, même si deux ou trois sont partis, et ils sont toujours là jusqu'à maintenant...

Et c'est cet esprit que vous faîtes vivre dans le GMZ ?

Ben oui, entre autres... On essaie de transmettre ce qu'on sait faire et ce qu'on a appris à faire sur les scènes à droite et à gauche.

Pouvez-vous nous dévoiler quelques noms de ceux qui seront à l'affiche avec vous ?

C'est secret, mais je vais vous faire une confidence : il y aura peut-être Jocelyne Béroard et Jean-Philippe Martély. Moi, je vais jouer de la guitare et Georges Décimus va jouer de la basse. Je peux même vous dire que Jean-Claude Naimro sera là et chantera une chanson !

Propos recueillis par FXG, à Paris

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