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Publié par fxg

L'abolition de l'esclavage à Marie-Galante

Bientôt un film sur la mare au punch

Albert Pigot, producteur, comédien et metteur en scène, s'apprête à porter à l'écran l'histoire de la mare au punch en s'inspirant librement de l'oeuvre du Marie-galantais Bernard Leclaire.

Albert Pigot a participé à une dizaine de longs-métrages aux Antilles avec Christian Lara et c'est alors qu'il tournait un documentaire avec Gérard César que ce dernier lui présente Bernard Leclaire. Le Marie-Galantais a publié "La mare au punch" et vient de resortir "Le procès de Marie-Galante" chez Idem. C'est décidé, Albert achète les droits. Ce qui lui plaît, "c'est le décor et l'humanité, le courage de ces gens, le souffle qu'ils ont eu pour se révolter, se construire... Alors que les esclavagistes passent leur temps à détruire les familles considérées comme un microcosme de rébellion..."

Le film se passe juste après la seconde restauration, sous la monarchie de juillet. "La première ordonnance de Louis-Philippe 1er demande à ce que tous les esclaves aient une instruction religieuse. C'est le tollé général chez les colons..." D'ores et déjà le réalisateur est résolu sur le niveau de violence qu'il va devoir montrer à l'écran : "Il faut montrer la violence qu'ont subi ces gens ! Le film Django de Tarantino l'a montré, mais très peu par rapport à la réalité..." Albert Pigot veut ainsi poser la question de la liberté : "Quelle est-elle cette liberté à laquelle ils n'ont pas eu accès puisqu'on les a extradés de leurs terres et de leurs traditions ? Sans montrer la violence, on ne peut la comprendre..." La révolte des esclaves de Marie-Galante, Pigot veut en faire une polyphonie. Il y a la révolte menée par Alonzo, le héros, celui qui va mettre le feu et partir en marronnage ; il y a la résistance, la révolte par l'alphabétisation avec le personnage de Lilas. "Dès le début du film, un vieux domestique glisse quelque chose dans un panier à une jeune fille qui étend du linge... C'est Lilas qui va apprendre à lire sur les registres des habitations..." Le troisième point de vue de la révolte, c'est la foule, la liesse populaire, "la volonté des femmes et des hommes de vouloir créer la famille et de ne plus être séparés comme des bestiaux". Il y a encore Abeline, la nièce de l'épouse de Pamphile, le colon. Elle est claveciniste et a reçu un premier prix en jouant du chevalier de Saint-George... Abeline va prendre, par empathie, le parti des esclaves. "Il y a ainsi une polyphonie des résistances qui se met en place", explique le réalisateur.

 

Un film en forme de cri

Trois ans après le lancement du projet, Albert Pigot donne les dernières retouches à son scénario. Le commission régionale du CNC lui a donné l'aide au développement et il est aujourd'hui en préparation pour un tournage qu'il espère démarrer en 2020. Evidemment, le décor sera Marie-Galante : "Il va falloir qu'on construise des cases en gaulettes..." L'habitation dans le film, c'est Pirogue. Sans dévoiler son casting, Albert Pigot promet qu'il y aura Firmine Richard et assure avoir l'accord de Patrick Timsit pour jouer le vilain colon, Pamphile.

Pour l'heure Albert Pigot parle de ce film comme d'un cri, "un vrai cri" ! Pour lui, pas question d'esthétiser la souffrance comme a pu le faire son ami Christian Lara !

Auparavant, Albert Pigot a réalisé "Sur les traces de Louis Delgrés" et "De l’ombre à la lumière : Les parlementaires ultramarins et sénégalais, de la Révolution française à nos jours" qui lui ont donné de rencontrer Aimé Césaire, Jacques Adélaïde-Merlande, Frédéric Régent ou Félix Rodes !

Dans "La mare au punch", Albert Pigot nous promet une dernière scène près de la mare flambée au rhum pour donner une dernière scène cathartique : "C'est la liberté, mais quelle liberté ? Une liberté en miroir de celle des blancs ? Non ! dans mon film, le héros assure qu'il ne veut pas de cette liberté de costume fabriquée sur le sang, même si c'est hélas celle à laquelle ils auront droit... De quelle liberté s'agit-il ? C'est la question du film."

FXG, à Paris

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