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Publié par fxg

Admiral T : "Je ne suis pas homophobe"

Admiral T est à Paris avec sa femme et ses deux jumeaux, Dylan et Lewis, depuis deux mois (malgré de nombreux allers-retours ici et là) pour préparer son Zénith. Pressé, Admiral a rencontré France-antilles rue du faubourg Poissonnières, dans la BMW de son beau-père avec ses deux garçons sur les genoux ! (Photos Régis Durand de Girard)

INTERVIEW. Christie Campbell, alias Admiral T, en concert ce soir au Zénith de Paris

Tu as 25 ans, 13 ans de musique derrière toi et c’est ton premier Zénith à toi tout seul. Tu abordes ça comment ?

Admiral T : C’est tellement de travail que j’ai pas le temps d’être stressé ou angoissé. Entre les répétitions et les rencontres avec la presse… On veut mettre la barre à un très haut niveau et faire mieux qu’à l’Olympia. Ca sera un autre show et on va tout miser sur le visuel.

Qui sera sur la scène avec toi ?

Diam’s ne sera pas là, elle fait un autre Zénith, au sud. Je ne vais pas m’appuyer sur des invités, même si Sael et Dominik Coco seront là. Ce sera un show Admiral T avec mes musiciens, Jason à la batterie, Mykee à la guitare, Hervé et Daniel aux claviers, Cox à la basse, deux percus et huit danseurs. J’aurai aussi deux tambouyès dont Jack Roch. Il y aura les chansons de éToucher l’horizon » mais aussi d’autres, anciennes et inédites. Les nouveautés seront dans la réédition de « Toucher l’horizon » que je prépare pour début 2007, comme « Les temps sont durs ». Ils le sont partout et pour tout le monde…

Ca se présente comment ?

On en était lundi à 4 000 billets vendus. Le petit Zénith est déjà plein. On verra si on arrive aux 8 000. Je suis déjà fier de voir que le petit Zénith est rempli car, de toute façon, j’aile sa configuration.

An nou allé et les association antillaises qui luttent contre l’homophobie ont lancé un mot d’ordre de boycott…

J’ai vu ça. Sur ce sujet là, je préfère m’exprimer plus oralement. C’est un sujet délicat. Je n’ai pas bien compris pourquoi ils m’interpellaient comme ça.

Le Ragga Dance Hall est-il homophobe ?

Je ne peux parler que pour moi. Avant la Dance Hall ne s’adressait pas à un grand public. On emploie un langage, des codes. On emploie les mots « brûler » ou « shoot », mais comme Bob Marley quand il chante « I shot the sherif ». Le grand public ne peut pas comprendre. Et aujourd’hui, on n’écrit plus ça comme ça. Avec l’explosion du Dance Hall et du Raggae, on ne peut plus se permettre.

Ce language était porteur d’une révolte ?

Ce n’est pas une révolte, c’est une façon de penser et de dire ce que l’on ressent. Il ne s’agit pas de dire seulement qu’on ne partage pas ces idéaux là, mais on donne notre opinion sur ce qu’on pense, mais dans un milieu averti… Au début, on chantait les morceaux comme ça, mais dès que j’ai vu à la télé des gens passer à l’acte, prendre nos paroles au premier degré, j’ai arrêté de chanter ça.

L’intervention d’An nou allé te choque ?

J’ai été choqué de voir comment ils m’ont attaqué. C’était agressif de la part d’une association antillaise qui devrait connaître mon message. « Lanmou epi respé » est le morceau qui explicite le mieux Admiral T. Je ne suis pas homophobe. Ils ne sont pas justes avec moi et je pense que le public s’en est rendu compte. Ils évoquent des morceaux loin de ce que je chante aujourd’hui.

Certains te voient déjà comme le porte-parole d’une génération, tu es d’accord ?

Si le public me voit comme un porte-parole de la ,jeunesse créole, je prends ça comme un compliment. Les massages que je balance dans mes textes sont la paix, la non-violence et mes valeurs morales. C’est un honneur que de me dire ça, mais ce n’est pas à moi à m’autoproclamer porte-parole de la jeunesse ! Je me dois de représenter ces gens qui croient en moi et ma musique.

Es-tu un artiste engagé politiquement ?

On fait tous de la politique dès qu’on parle de la situation sociale mais je ne me considère pas comme faisant de la politique. Chaque personne a le droit de choisir et, en tant qu’artiste, je sais que je peux influencer, mais je ne le ferai pas. Si Doc Gynéco a fait ça pour faire parler de lui ou par nécessité, c’est politicien, je ne me sens pas là. Je suis artiste, je fais de la musique.


Et quand ça dérape, comme à Pointe-à-Pitre, à la fête de la musique ?

A Pointe-à-Pitre, c’était spécial. La sécurité n’était pas au niveau. Par rapport au nombre de spectateurs, il fallait prévoir. C’est partie d’une embrouille entre deux personnes sans arme. Ca a dégénéré, les gens ont paniqué, des enfants sont tombés, ont perdu leurs parents… On a été obligés d’arrêter. A la Dominique, il y avait du monde et il n’y a eu aucune violence. Si la sécurité avait été conséquente, on aurait pu aller à la fin du concert.

 


Le pseudo

Admiral T s’appelle Christie Campbell. Son pseudo lui vient tout droit de la ragga dancehall jamaïcaine : « J’ai débuté vers 1993, 1994, on était influencé par la Jamaïque avec les pseudos à la mode. Il y avait déjà Admiral Bellay, Admiral Lady en Martinique. Moi j’aimais bien Admiral. J’ai gardé le T de mon prénom, Christie. Aujourd’hui, je ne regrette pas, c’est un nom qui me va bien. L’amiral conduit le navire et reste le dernier à bord en cas de naufrage ! C’est très positif comme nom ! »

Le parcours

Admiral chante, joue de la guitare et du ka. Le ka, il l’a appris tout seul en frappant sur les pupitres de l’école élémentaire Mortenol de Pointe-à-Pitre, puis sur ceux du collège Carnot. Il a ensuite décroché un bac S au lycée Jardins d’essai, aux Abymes. « Ca commençait alors à devenir impossible de jouer le soir et d’étudier le jour… » En 1998, il sort un premier titre, avec le collectif KSS dans l’album 1848. Il a alors 17 ans et chante Rapide. En 1999, sur un deuxième opus, Special Request, il chante Désolé, ce soir j’ai rendez-vous. En juillet 2003, Admiral T sort Mozaic kreyol, son premier album. Il faut attendre mai 2006 pour Toucher l’horizon qu’il compose avec ses amis Bost et Bim. La réédition de cet album en janvier 2007 comportera cinq inédits.

Le cinéma

En 2004, le tournage de Neg Maron avec Jean-Claude Flamand-Barny propulse Admiral T. Le succès national du film donne une visibilité nouvelle au jeune chanteur. Jean-Claude Flamand-Barny vient de lui soumettre un nouveau scénario sur les Antillais au temps du Bumidom. « C’est encore vague… mais avec Jean-Claude, quand il fait quelque chose, c’est à fond. Ce sera donc intéressant. »

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