Guy Tirolien au Livre Paris
Année du centenaire de Guy Tirolien
La plupart des gens ne connaissent de Guy Tirolien que "La prière d'un petit enfant nègre", mais peu savent que ce poème est un texte à clés. L'écrivaine Suzanne Dracius qui lui consacrait dimanche une conférence avec Georges Brédent et le slameur Jean-Yves Bertogal, a ainsi expliqué que quand l'auteur Marie-Galantais écrit : "Je ne veux plus aller à leur école", nous sommes sous l'Occupation et il est alors prisonnier en Allemagne. "Contrairement à Senghor avec qui il était prisonnier, Guy Tirolien a refusé d'apprendre l'allemand. Ca veut donc dire l'école des nazis, des fascistes, des obscurantistes et des tyrans ! Il ne s'agit pas de l'école des Blancs." Suzanne Dracius, directrice de collection chez Idem, publie l'ouvrage à deux voix, celle du Guy Tirolien et celle de Michel Tétu : "Guy Tirolien, de Marie-Galante à une poétique afro-antillaise". Dans cet entretien, Guy Tirolien évoque ses souvenirs et notamment le bal de la rue Blomet, Tirolien parle d'abord du "bal nègre", puis très vite, il l'appelle le "bal Blomet". "C'est comme si, poursuit Mme Dracius, la récente polémique qu'il y a eu autour de la réouverture de ce cabaret parisien. Et, pourtant, ce qu'explique Guy Tirolien, c'est negre is beautifull..." Ainsi Tirolien raconte comment les Africains qui venaient au bal Blomet finissaient par parler créole. "Il y avait une fusion qui s'opérait, forcément plus productive que toutes les négations." C'est tellement vrai que c'est le pavillon des "Lettres d'Afrique" qui a mis à l'honneur le poète marie-galantais et que la conférence organisée au pavillon du ministère des Outre-mer est apparue comme un rattrapage in extremis de ce qui semblait être bel et un bien un oubli... Dimanche, le public de la conférence a pu découvrir ou redécouvrir de grandes oeuvres comme le poème "Satchmo" qui rend hommage au jazz. "Tirolien a d'abord utilisé des alexandrins avant de les casser, poursuit Suzanne Dracius, de les rallonger... Il recherchait un rythme, une musique, un jazz qui cassait déjà les standards musicaux..."
Guy Tirolien qui a été administrateur colonial en Afrique, a ouvert aux gens ce continent, mais au-delà, celui des Afro-Américains. C'est sans doute cet aspect là qui différencie profondément Guy Tirolien d'un autre administrateur colonial, René Maran, prix Goncourt 1921. "Guy Tirolien est le lien entre l'Afrique et toutes ses diasporas", conclut Mme Dracius. Le premier à l'avoir compris n'est autre que Léon Gontran Damas qui l'a fait publier.
FXG, à Paris