Salon de l'agriculture - la Guyane
Le joli stand de Guyane
Ils sont 7 exposants guyanais à participer au salon international de l'agriculture qui se tient jusqu'au 1er mars à Paris. Sous le pavillon de la Région Guyane et du CNES, un grand stand commun, au coeur du hall des Régions de France et d'Outre-mer. Il est tenu par 7 hôtesses, des guyanaises recrutées dans l'Hexagone comme Cynthia, la Parisienne, ou Lucie, lilloise originaire de Cayenne et habituée du salon. Jusqu'à présent, elle avait travaillé pour le stand de la Martinique et celui des melons Philibon. "Je suis venue donner un coup de main à la demande d'une amie guyanaise", confie-t-elle avec un sourire. Les filles proposent les spécialités guyanaises, des jus, de la Belle Cabresse, des planteurs, du poulet boucané ou de la "Jeune gueule". La bière de Guyane que fabrique depuis trois ans M. Farruggia à Matoury a décroché le bronze pour sa première participation au concours général agricole. "On a amené 4 tonnes de produits", confie François Jean-Hubert, secrétaire général de la chambre d'agriculture et pilote de l'opération. Il y a eu 50 000 euros de subventions pour le stand et 30 000 euros pour les billets d’avion d'une quinzaine de personnes et les 4 tonnes de fret.
Le stand a déjà vu passer des figures du monde politique comme l'ancien ministre Xavier Bertrand, le maire de Paris, Anne Hidalgo, ou m^ême le Premier ministr, lundi. "un peu rapidement", regrette Eliette Antoinette. Mais l'arrêt d'Alain Juppé, mardi, sur le stand de la Guyane a été fort remarqué.
FXG, à Paris
"Létchi guyanais"
"2,5 euros les 5." Le produit phare c'est le ramboutan ! Joseph Ya Hu et Patrice Jong Lau, de Cacao, testent le "létchi guyanais" auprès de la clientèle parisienne du salon. Le fruit attire, mais il montre aussi ses faiblesses à l'export : "Il n'aime pas voyager dans des cartons, explique un spécialiste, il noircit très vite." "Exporter les ramboutans, c'est difficile, souligne Joseph. C'est un fruit compliqué à ramasser et qui voyage uniquement par avion..." Les deux hommes, membres du syndicat des jeunes agriculteurs, ont planté en ramboutan sur moins de deux hectares chacun. Il faut attendre 5 ans avant que ça ne donne. Ils sont donc diversifiés agrumes et maraîchage chez le premier, bananes, ignames et vivrier chez Patrice. A l'heure actuelle, la production de ramboutan est écoulée de février à mai sur les marchés du samedi. Et comme pour les maracudjas, le marché guyanais absorbe toute la quantité produite.
437 palmiers
Nicolas Coralie du parc naturel régional expose le projet de la maison du palmier à Roura. "Le premier écomusée de Guyane pourrait ouvrir en septembre." On y découvrira les Savoir faire amazoniens comme la vannerie ou l'agrotransformation. Ce devrait être aussi le lieu où va se construire une banque de données scientifiques sur les palmiers amazoniens dont on a recensé pour l'heure 437 espèces différentes. "Les Brésiliens, les Péruviens ont des tonnes d'application avec les fruits des palmiers et nous n'en faisons rien en Guyane", regrette Nicolas Coralie.
Kwak
Toute la famille Antoinette ou presque a quitté Kourou et pris ses quartiers au stand guyanais du salon. Eliette, la patronne, Jean-louis, le mari, Nadia, la fille et Sophie Christophe, leur partenaire, ont arrangé leur bout de stand personnellement, comme l'an dernier ! 180 kilos de manioc en magasin. "Cette année, prévient Eliette, je n'irai pas à la foire de Paris au mois de mai." Le bruit, la foule, les longues journées au parc des expositions, l'hébergement à l'hôtels sont fatigants... "Mais, précise-t-elle aussitôt, mes produits y seront." Tous les Guyanais qui vivent dans l'Hexagone savent que c'est dans les foires et salons qu'ils peuvent refaire le plein de kwak.
François Jean-Hubert, secrétaire général de la chambre d'agriculture
"Des taux de couverture en constante augmentation"
Quels sont les freins au développement de l'agriculture guyanaise ?
Le premier frein reste l'accès au foncier. Certes, les délais sont moins longs qu'avant, mais il faut encore attendre trois ans pour avoir un terrain ! Ajouté à cela, le problème de l'installation pour les jeunes, voilà les deux freins principaux à notre développement.
Y a -t-il une main d'oeuvre salariée agricole importante ?
Pour la plupart de nos exploitations qui sont naissantes, l'embauche est difficile. Ce sont des structures familiales avec un couple, parfois un enfant en âge de travailler... L'agriculteur donne du travail aux saisonniers quand il y a des récoltes de produit de saison ou quand il y a des manipulations à faire... Une exploitation qui tourne bien a en général deux ou trois ouvriers avec elle. C'est un secteur d'activité porteur d'emploi au moins pour celui qui était demandeur d'emploi et qui se lance comme agriculteur.
L'autonomie alimentaire est-elle possible en Guyane ?
Notre meilleur exemple, ce sont les oeufs. Nous sommes à 99 % de couverture du marché guyanais. Avec le porc, nous sommes à 34 %. Ca peut paraître bas, mais il y a quelques années, nous étions encore à 14 % ! Sur le bovin, on est à plus de 50 %. Ce sont des taux qui sont en constante augmentation. Nous sommes mauvais élèves avec la volaille avec 1 %, mais c'est parce que nous avons un problème d'abattoir. On ne pas abattre pour le moment, mais nous avons la capacité de produire. Et sur le maraîchage, on est là aussi quasiment sur du 100 %.
Qu'exportons-nous ?
Des produits transformés comme le rhum, les confitures, les condiments, le kwak, la kassav... Nous essayons de faire connaître le ramboutan, mais on n'a pas trouvé la solution pour le faire arriver dans un état convenable en métropole. Là, on est plus dans un problème de logistique... La Région nous aide pour négocier au niveau du prix du fret aérien et des transitaires pour avoir un coût au plus bas sinon le produit guyanais devient excessivement cher quand il arrive en métropole. C'est là qu'on pêche, pas au niveau de nos capacités de production.
Propos recueillis par FXG
Deux médailles pour la Guyane
Au concours général agricole, deux produits guyanais ont été salués chacun par une médaille de bronze : la bière Jeune gueule, fabriquée à Matoury, et le rhum vieux Saint-Maurice, La Cayennaise 10 ans. Les diplômes ont été remis hier après-midi à Paris par Stéphane Le Foll et George Pau-Langevin.