Salon de l'agriculture 2015 - fin de partie avec la Guyane
Le rendez-vous des Guyanais
La journée de la Guyane au salon international de l'agriculture, c'est synonyme d'attroupement, de bouchon et de forte ambiance musicale à l'approche du stand guyanais. Les artistes ont défilé depuis le début de la matinée pour finir avec un déboulé du groupe carnavalesque guyanais de Crétel, Tcho Péyi, dirigé par Serge et Josette Horth. Zandoli et Touloulous ! "On est là pour se faire voir, insiste le président des jeunes agriculteurs, François Jean-Hubert, monter ce qu'on sait faire en Guyane."
Le public a ainsi écouté le zouk de Sylviane Cédia, le ragga de Marloo Rance et Lova Jah, la voix sirupeuse d'Anilka Boyce ou encore les balades de Teedjee... Valéria Coelho, miss Guyane 2015, assure les charmes de cette petite ambassade. Et pour sonner un peu de cérémoniel, le président Alexandre a fait une intervention en direct par téléphone. "99 % de notre public est guyanais", note Rio, l'ancien animateur de RCI Guyane, désormais sur la station parisienne Tropiques FM. Il coanime la journée avec Ruddy Emigré.
Et c'est vrai que si les badauds sont nombreux à s'arrêter, la plupart des visiteurs se connaissent. Ils sont de Rennes, Toulouse ou de la Région parisienne et tous Guyanais !
Olivier le journaliste reporter de France 3 Normandie, est originaire de Cayenne. "Ma rédaction m'a demandé d'aller filmer d'autres régions de France, je leur ai mis de la Guyane et de l'Outre-mer !" Il a d'ailleurs retrouvé deux amies du pays, Marie-Claire Patient et Danièle, étudiante en psychologie du travail à Bordeaux.
"Depuis le début du salon, raconte encore François Jean-Hubert, on avait annoncé que cette journée serait un grand moment de partage pour les Guyanais et les amoureux de la Guyane, alors ils sont venus nombreux pour redécouvrir ce que nous faisons."
La journée de la Guyane, c'était en fait la journée des Guyanais à Paris !
FXG, à Paris
Ce qu'ils savent de la Guyane
Coincé entre la case des rhums AOC de la Martinique et la buvette Clément Damoiseau, le stand de la Guyane est au milieu des courants principaux qu'empruntent les vagues humaines dans les travées du salon. Avec les animations qui s'enchaînent, nombreux et variés sont les publics qui s'arrêtent un instant. Eric, 14 ans, Calédonien, ne sait pas où se trouve la Guyane. Il sait qu'on y parle créole et qu'il y a des villes. "La Guyane, ce qu'elle a de connu, c'est l'agriculture", assène-t-il sans grande assurance. Bruno de Solacaro en Corse n'a aucune image en tête : "C'est un département français, peut-être pas très loin de la Martinique ou de la Guadeloupe, c'est au bord de la mer." Pour Nadine, francilienne, la Guyane, ce sont "des excellents souvenirs". Elle y a passé six mois il y a quelques années, c'est pourquoi elle s'arrête volontiers sur le stand. "Il manque un peu la forêt, ses bruits et la vase dans l'eau", regrette-t-elle ironique. Stéphanie et Gwendoline de Lille ont des amis à Cayenne, mais elles situent la Guyane plutôt au sud du Brésil. Pour les deux Lilloises, la Guyane, c'est "la fête, les fruits exotiques, la jungle"... "Les fusées", lance Jean-Yves un retraité brestois. Son épouse Anne-Marie complète : "Les vacances, le soleil, le rhum..." Ils savent où se trouve la Guyane, mais pour Anne-Marie, la capitale est Kourou. Elizabeth, agricultrice dans les Vosges assure ne rien connaître du tout : "Je sais où que c'est et j'aimerais bien y aller. Ca me fait penser au soleil, à la mer et au sable blanc !" Arlette de La Manche est plus sûre d'elle : "Ca fait partie de la France, mais c'est en Amérique !" Anthony de Château-Thierry y voit une "terre de plages", Sébastien de Melun, "les vacances et le soleil, la bonne bouffe et le rhum"... Christian de Bretagne pense à sa fille qui est partie en Guyane depuis trois mois. "Sans quoi, je ne sais pas si je me serais arrêté ici", dit-il en dégustant une salade de kwak. Daniel le Bourbonnais confond la Guyane avec les Antilles. Il parle "soleil et bonnes saveurs" et se rappelle subitement qu'il y a Kourou et les fusées : "Je préfère la Guadeloupe", conclut-il. Bernard le Parisien pense à son fils qui a vécu au sud de Kourou près des Amérindiens. Accoudés au bar, quatre paysans de Saint-Paul dans l'Oise sirotent un ti punch Belle Capresse. "Cayenne, les travaux forcés, les bananes", lance Bernard. "J'ai fait tous les pays où y a du rhum, pas la Guyane", observe Carol qui ne situe pas l'endroit. "Le punch et les belles filles", dit Aimé. Et quand on lui demande où est-ce ? "Ben, là-bas..." "En France, complète son camarade Eric, vers les States." Un couple basque est venu boire un planteur non loin d'eux. Eztitxu est heureuse "qu'on ait cette région en France". Son ami Yoan est plus érudit : "Les Guyanais sont français et vivent dans un DOM-TOM. Ils parlent le français, mais ils parlent aussi leur langue. Je n'en suis pas sûr, mais j'ai entendu des mots qui ne sont pas de ma langue et qui me le font penser. Je sais que c'est en France, dans le Sud, vers l'océan... L'océan avec de l'eau." Est-il au courant des fusées ? "Vous parlez de la NASA ?" Et quand on lui suggère le bagne, il capitule : "Langue au chat"!
Vite une nouvelle campagne de promotion.
FXG, à Paris
Bilan du salon
La grande surprise de cette édition du salon de l'agriculture qui vient de refermer ses portes, c'est la bière de Guyane. "On a hésité à l'emmener, témoigne François Jean-Hubert de la chambre d'agriculture, pas pour sa qualité, mais l'offre est telle en métropole..." Finalement Ils ont pris le risque, relevé le défi et il y a eu une médaille à la clé ! Pas encore de l'or, du bronze, mais surtout les gens l'ont aimée. "Il y a des personnes qui me demandaient la bière par caisse et on n'a pas tenu jusqu'à la fin du salon." Ils avaient tout de même emmené 2,5 tonnes en bouteilles et une quinzaine de futs. Les touches n'ont pas manqué auprès de professionnels intéressés, mais la logistique n'étant pas au rendez-vous, le prix à l'export serait vite trop élevé...
Le salon s'est plutôt bien déroulé dans son ensemble. Il y a bien eu quelque inquiétude avec les ramboutans qui sont arrivés avec trois heures de retard le premier jour, mais tout est vite rentré dans l'ordre. L'organisation était fonctionnelle même si le stand n'était pas le plus beau. "Nous, ce qui a compté, c'est la qualité de nos produits et des hôtesses. On n'a pas misé sur le stand, pas emmené nos posters ni nos affiches, mais on s'est amenés nous !"
Avec un budget d'un peu plus de 110 000 euros abondés principalement par la Région et le CNES, le syndicat des jeunes agricultures a eu la main libre pour agir à sa façon. "Quand on fera la différence à la fin, on aura quand même un peu d'argent, indique François Jean-Hubert. Nos objectif, ce n'est pas de gagner de l'argent, c'est de retomber à zéro. Si on avait voulu dans les frais, on aurait du multiplier les prix de nos produits par deux ou trois !" L'objectif essentiel était que la Guyane soit présente au salon où s'exposent toutes les agricultures de France ! Ce qui n'a pas toujours été le cas.
FXG, à Paris