"Clarissa Jean-Philippe, rue de la Paix"
Le président Hollande pose la médaille de la légion d'Honneur sur le cercueil de Clarissa - cour de la Precture de police de Paris, le 12 janvier 2015
Clarissa Jean-Philippe retrouve la Paix à Montrouge
François Hollande préside ce samedi matin à Montrouge la cérémonie d'hommage à Clarissa Jean-Philippe.
A 11 heures, le chef de l'Etat dévoilera la stèle commémorative de Clarissa Jean-Philippe au 91 de la rue Pierre-Brossolette, là où elle a été tuée. Une autre plaque sera dévoilée dans la foulée, celle de la voie "Clarissa Jean-Philippe, rue de la Paix".
Jimmy Terrine, président de l'association GPX Outremer, et les syndicats des policiers ultramarins ont convaincu le maire de Montrouge d'inscrire dans le paysage de sa ville et dans la mémoire des Français le nom de Clarissa. De telles rues existent déjà dans les communes de Saint-Esprit (972) et de Carrières-sous-Poissy (78). La cérémonie de ce matin s'inscrit pour le chef de l'Etat dans une séquence commémorative commencée mardi 7 janvier et qui s'achève dimanche par un hommage national. Mais il s'agit aussi d'apaiser certain ressentiment...
A l'instar du quotidien Le Monde qui titrait le 5 janvier, “Attentats de janvier 2015 : Clarissa Jean-Philippe, l’abandonnée de Montrouge”, Théo Lubin, du Comité représentatif des associations noires (CRAN), estime que la jeune policière municipale de Montrouge a été "discriminée par les médias qui n'ont pas diffusé dans leurs informations générales à part égale le nom d'une des victimes des attentats parce qu'elle est noire". L'observation attentive des médias nationaux ne permet hélas pas de démentir totalement cette assertion. Mais les agissements d'Amédy Coulibaly à Montrouge ressemblent davantage à une tentative d'attentat contre une école juive, empêchée par un accident de voie publique sur lequel on envoie la police municipale rejoindre quatre agents de voirie...
"Une victime de l'entre-deux"
Le sort de Clarissa s'est trouvé de fait éclipsé entre l'attentat de Charlie et la prise d'otages de l'Hyper Casher. "Une victime de « l’entre-deux », écrit Le Monde. Ce sera la double peine de Clarissa : demeurer dans l'histoire une victime de moindre importance, passée entre les gouttes, entre les deux opérations terroristes historiques et spectaculairement symboliques des 7 et 9 janvier 2015, contre la rédaction de Charlie Hebdo puis contre l’Hyper Cacher. Les journalistes et les juifs, cibles prioritaires du jour, passaient avant les policiers." Un an plus tard, quasiment aucun média n'a plus disriminé, abandonné ou oublié Clarissa à l'instar du Parisien qui titrait le 7 janvier, "Un an après, personne n'a oublié Clarissa" !
Comme Le Monde, le CRAN a repris le terme "abandonné", mais c'est pour l'accoler à ses proches et sa famille au regard des "institutions". Les institutions ont pourtant rendu leur hommage à Clarissa en présence de sa famille. C'était le président de la République, dans la cour de la préfecture de police de Paris, le 12 janvier 2015 ; c'était une cérémonie religieuse oeucuménique à Montrouge, deux jours plus tard, en présence des ministres George Pau-Langevin et Christiane Taubira (photo ci-dessus).
Ce matin, la famille de Clarissa sera aux premières loges de la République. Dimanche, elle sera au premier rang à la commémoration religieuse en la basilique Saint-Denis, la cathédrale des rois.
FXG, à Paris
Le maire de Montrouge dans la ligne de mire syndicale
Loin de toutes ces cérémonies, mais au plus près des réalités sécuritaires de la voie publique, l'Union syndicale professionnelle des policiers municipaux (USPPM) rappelle que le 8 janvier 2015, le plan Vigipirate est relevé au plus haut niveau en Ile-de-France, que des notes étaient adressées aux préfectures et qu'il était demandé aux maires d’être vigilants sur les missions des policiers municipaux. "On préconisait aux agents d’éviter les positions statiques, de porter un gilet pare-balle et d’être en binôme. Ce 8 janvier, Clarissa était en position statique sur la voie publique, elle ne portait pas de gilet pare-balle et était seule. Toutes les mesures de précautions n’étaient pas respectées. Clarissa ne disposait ni de moyens de protection, ni de défense, car l'élu employeur n'avait pas jugé utile de mettre en œuvre tous les moyens pour que les agents exercent leurs missions en sécurité."
Si Jean-Louis Metton, le maire de Montrouge (le 4e en partant de la gauche, juste avant Christiane Taubira sur la photo ci-dessus), doit admettre que Clarissa n'avait pas de gilet pare-balle, il peut opposer qu'elle n'était pas statique puisqu'elle était en intervention et qu'elle n'était pas seule puisque Laurent et Eric, deux agents municipaux présents sur place, témoignent avoir "engagé la conversation avec Clarissa et son collègue".